POLEMIQUE AUTOUR DES DECLARATIONS DU RAIS SUR LES ELECTIONS FAUX PROCÈS CONTRE KABILA, DÉNONCENT CERTAINS OBSERVATEURS

Mardi 9 août 2016 - 09:43
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Les propos du président Joseph Kabila, jeudi 4 août en Ouganda, continuent à faire grand polémique. Au sein des états-majors des partis politiques de l’Opposition pro-tshisekediste, le Chef de l’Etat rd congolais est accusé de tous les maux. Tout le péché de Joseph Kabila est d’avoir confié à son homoloque ougandais, Kaguta Yoweri Museveni, que le calendrier électoral sera publié à la fin de l’opération d’identification et enrôlement des électeurs entamée depuis le 31 juillet dernier. La " transgression " du Raïs est aussi l’appel lancé à la population à se faire enrôler massivement pour participer aux prochains scrutins.

Cependant, plusieurs questions se posent au sein de l’opinion. Plus d’un observateur se demande si, le président Joseph Kabila dont le mandat court encore, est en droit de s’assurer du bon fonctionnement des institutions du pays. Nombreux sont des Kinois qui veulent savoir si le Chef de l’Etat détient aussi le pouvoir légitime de participer au civisme politique à la base. En d’autres termes, en quoi la mobilisation ou l’appel de la population à l’enrôlement massif énerve-t-il la Constitution ? Voilà, un échantillon du questionnement qui résume les préoccupations du congolais lambda et auquel les acteurs politiques devraient répondre sans trop politiser la problématique.
A priori, des lieutenants du Rassemblement des forces sociales et politiques acquises au changement (Opposition de Genval), n’ont pas attendu longtemps pour lever le ton. Premier à réagir, L’un d’eux cité par notre consoeur Radio France Internationale (RFI), déclare « en annonçant la publication du calendrier électoral au terme de l’enrôlement des électeurs en lieu et place de l’institution concernée (ndlr : la Commission électorale nationale indépendante (CENI), Joseph Kabila s’est fait porte-parole de la CENI ".
Par ailleurs, le même opposant rappelle que la Constitution existe et qu’à ce titre, quiconque la bafoue risquerait d’être esté en justice pour haute trahison de la Nation. Un autre ténor de l’Opposition tire une flèche empoisonnée sur le Chef de l’Etat qu’il accuse d’instrumentaliser la Ceni pour se maintenir au pouvoir au-delà du 20 décembre prochain. Ici encore, le malheur du Président Joseph Kabila est de s’être incliné devant l’évidence qu’on ne peut apprêter un calendrier électoral qu’à la fin de l’Opération d’identification et d’enrôlement des électeurs.

GARANT DE LA NATION ET DES INSTITUTIONS ?
La situation politique actuelle en RD Congo a le mérite de pousser les différents acteurs à se référer à la Constitution. Depuis, tous s’y réfèrent constamment. Très exactement de la même manière qu’ils consultent le journal d’appel de leurs téléphones cellulaires. Il se trouve vérifié que cette même Constitution énumère sans la moindre équivoque, les prérogatives du Président de la République.
Au terme du premier alinéa de l’article 69 de la Constitution, le constituant dit : " Le Président de la République est le Chef de l’Etat. Il représente la Nation et il est le symbole de l’unité nationale ". Pas tout. L’alinéa 3 du même article stipule : " Il (le Président de la République) assure, par son arbitrage, le fonctionnement régulier des pouvoirs publics et des institutions ainsi que la continuité de l’Etat… ". Fau-il encore trouver à redire ici ? En tout cas, si cette même constitution reconnait à tous les Congolais l’obligation de la respecter, elle ne reconnait cependant à personne, le pouvoir de l’interpréter. Cette qualité étant exclusivement reconnue à la Cour constitutionnelle. Alors, en quoi le fait pour Joseph Kabila, d’exhorter la population à se faire massivement enrôler, peut constituer une entorse à la constitution ? Ici, il n’est pas question d’aimer ou de ne pas aimer l’actuel locataire du très convoité Palais de la nation. Bien au contraire. Le bon sens oblige la classe politique à être le bon maitre du civisme politique à la base. En d’autres termes, les partis politiques concourent à l’expression du suffrage et participent à la construction de la conscience nationale via l’encadrement civique de la population. Malheureusement. Plutôt que de s’investir dans cet exercice, on observe plutôt un hiatus préjudiciable dont la conséquence se trouve être l’ignorance manifeste de la Constitution par la population. Et, à cause de ce déficit de connaissance de la Constitution par la population, entretenu par le politique, cette même population se trouve désormais au centre de toutes les manipulations politiciennes.

ET SI JOSEPH KABILA N’AVAIT RIEN DIT ?

Le silence est la pire des communications. En cette période de crise politique, nul sage ne conseillerait à Joseph Kabila d’opter pour cette forme de communication. En tout cas, aucun de ses adversaires politiques ne le lui pardonnerait. Y compris la population. Mais, voilà qu’au moment où il trouve opportun de sensibiliser ses concitoyens à un devoir républicain, c’est encore le même Joseph Kabila qui s’attire la foudre de ses adversaires politiques. Depuis, on se croirait en face d’une compétition olympique d’escrime sans arbitre !
Vu des observateurs indépendants, le Chef de l’Etat rd congolais serait impardonnable s’il avait donné une consigne de vote. Les faits le condamneraient d’avantage si Joseph Kabila s’était ouvertement immiscé dans le travail de la Ceni. Y a-t-il à travers le monde un seul chef de famille qui n’adresse pas la moindre parole à tous les autres membres relevant de son pouvoir parental ?
En ce temps précis, on devrait sans doute éviter de tout politiser. Sauf si l’ambition est d’investir davantage dans l’industrie de la surenchère. Tout bien considéré, des observateurs dénoncent avec véhémence la mauvaise foi d’une faction de l’Opposition qui tend à dénier les prérogatives constitutionnelles de Joseph Kabila. Laurel KANKOLE