POUR STIMULER LA PRODUCTION LOCALE « LA RDC A BESOIN DE RÉFORMES STRUCTURELLES », ESTIME LE CPM

Lundi 9 novembre 2015 - 06:00

Le Comité de politique monétaire de la Banque Centrale du Congo a noté que le taux débiteur des banques, au cours du mois d’octobre, s’est quasiment maintenu à son niveau du mois passé. Soit 19,17% pour la monnaie nationale et 13,81% pour la monnaie étrangère, a fait savoir son président au cours de la conférence de presse tenue après la dixième réunion ordinaire de l’année.

A ce sujet, le CPM estime que la RDC a besoin de plusieurs réformes structurelles de manière à stimuler la production locale afin de réduire le taux débiteur des banques. D’après Déogratias Mutombo, la RDC a plusieurs atouts pour consolider sa croissance malgré la baisse de la demande internationale. 
Selon lui, le secteur tertiaire en 2015 connait un taux de 3,3%. Une proportion qui surplante le secteur extractif. L’avantage pour le pays est de mettre en place de stratégies pour stimuler la demande intérieure. 
Le patron de l’Institut d’émission a relevé plusieurs facteurs des risques qui induisent au fonctionnement des banques. D’après lui, une autre stratégie de stimulation consiste à accroître la demande d’investissement privé local. Ces éléments, a ajouté Déogratias Mutombo, contribue à la production locale. " Nous avons un potentiel interne pour accroitre notre production. Cela est possible ! ", a mentionné l’autorité monétaire. Mathy MUSAU

BANQUE CENTRALE DU CONGO 
COMITE DE POLITIQUE MONETAIRE
Kinshasa, République Démocratique du Congo

COMMUNIQUE DE PRESSE
Le Comité de Politique Monétaire de la Banque Centrale du Congo a tenu sa dixième réunion ordinaire de l’année 2015, ce vendredi 06 novembre, dans la grande salle de réunions du Siège de l’Institut d’Émission, sous la présidence de Monsieur Déogratias MUTOMBO MWANA NYEMBO, Gouverneur et Président Statutaire.
Les échanges ont globalement porté sur l’analyse de la conjoncture économique tant nationale qu’internationale ainsi que des mesures idoines de politique monétaire et de change à mettre en place eu égard au contexte actuel.
A cet effet, il convient de noter ce qui suit :

Au plan international,
D’après les perspectives de l’économie mondiale du FMI du mois d’octobre courant, la croissance mondiale devrait s’établir à 3,1 % en 2015 contre 3,4 % une année plus tôt, consacrant un recul de 0,3 point de pourcentage. Cette atonie de l’activité économique résulte du ralentissement des économies émergentes et en développement confrontées à la baisse des cours de produits de base, ainsi que de la contraction des flux de capitaux. Sur cette base, les facteurs de risque se voient accrus à l’effet d’influer négativement sur l’essor de l’économie mondiale.
Dans ce contexte de fragilité et d’incertitudes, le CPM a noté que les conditions financières mondiales ont été maintenues, voire assouplies
Dans les grandes économies avancées, contribuant ainsi à soutenir les équilibres macroéconomiques.
S’agissant des cours de matières premières, d’un mois à l’autre, il s’observe une légère reprise pour le cours du cuivre (+3,0 %), principal produit d’exportation de la RDC. Quant aux cours des produits agricoles, ils présentent un trend baissier, comme au mois antérieur repoussant le spectre une inflation importée.

Au plan national,
Les estimations sur base des données de production à fin juin, tablent sur une croissance économique de 8,4 % en 2015 venant de 9,5 % en 2014, expliquée par le ralentissement des activités dans la branche "Extraction " dans un contexte d’incertitudes entourant les cours mondiaux de produits de base.
Par ailleurs, les résultats du baromètre de conjoncture pour le mois d’octobre maintiennent la tendance baissière observée depuis le mois d’août 2015. En effet, une fois de plus, les chefs d’entreprises demeurent peu confiants dans l’évolution à court terme de la conjoncture économique en RDC, en émettant une opinion située à 8,4 % au mois d’octobre contre 10,7 % en septembre. Toutefois, il sied de préciser que ce solde bien que faible reste supérieur au seuil d’alerte de 5,0%.
Au mois d’octobre 2015, le taux d’inflation mensuel est ressorti à 0,096 % contre 0,065 % un mois plus tôt, soit 0,6 % en cumul annuel. Sur base de ces réalisations et en l’absence des chocs éventuels, le taux d’inflation escompté à fin d’année se situerait à 0,7 contre un objectif de 3,5%.
Concernant le marché des changes, le mois d’octobre a été marqué par la stabilité sur les différents segments avec un cours indicatif à 928,02 CDF/USD et un cours parallèle à 931,25CDF/USD. D’un mois à l’autre, la monnaie nationale a connu une dépréciation de 0,3 % à l’interbancaire tandis que le marché parallèle a affiché une appréciation de 0,1 %. S’agissant des réserves de change, elles se sont situées à 1,5 milliard de USD et des efforts soutenus sont déployés au plan interne pour leur maintien, voire leur consolidation à l’effet de se prémunir des chocs de toute nature.
Quant au secteur monétaire, il a été noté la poursuite du dynamisme du guichet des facilités permanentes et du marché interbancaire où les opérations se sont dénouées respectivement aux taux de 4,5 % et
1,7 %. L’encours du Bon BCC a été réduit à 30,0 milliards de CDF contre 39,0 milliards un mois plus tôt, soit une injection de la liquidité de 9,0 milliards de CDF dans la perspective de l’échéance du mois de novembre qui devrait occasionner une ponction de la liquidité.
Par ailleurs, examinant les conditions de financement de l’économie, le CPM a noté que le taux débiteur des banques, au cours du mois d’octobre, s’est quasiment maintenu à son niveau du mois passé, soit 19,17 % pour la monnaie nationale et 13,81 % pour la monnaie étrangère. Toutefois, par rapport au mois de décembre 2014, il s’observe un faible recul de 1,0 point de pourcentage pour les deux monnaies.
Sur base de l’analyse de la conjoncture et des facteurs de risque sur les perspectives à court terme, le Comité de Politique Monétaire a décidé de maintenir inchangé son dispositif actuel de politique monétaire. Ainsi, le taux directeur demeure à 2,0 %. S’agissant du coefficient de la réserve obligatoire sur les dépôts en devises à vue et à terme, il reste respectivement à 8 % et 7 % et celui pour sur les dépôts en monnaie nationale à vue à 2 % et à terme à 0 %.
La régulation de la liquidité se poursuivra via les adjudications des bons BCC.
Enfin, le CPM exploitant les conclusions de la Conférence de Haut niveau de Dakar organisée par la Banque Africaine de Développement, invite le Gouvernement à intensifier les efforts pour diversifier l’économie nationale via la transformation de l’agriculture susceptible de créer davantage d’emplois, de relancer la production alimentaire locale, d’alléger la facture des importations de denrées alimentaires, de préserver les réserves de change et de garantir une stabilité macroéconomique et budgétaire solide. Dans ce cadre, la Banque Centrale du Congo entend encourager et soutenir toutes actions du Gouvernement.
Fait à Kinshasa, le 06 novembre 2015
Déogratias MUTOMBO 
MWANA NYEMBO
Président