RDC : la Banque Mondiale satisfaite de la performance macroéconomique !

Jeudi 11 décembre 2014 - 17:32

La Banque Mondiale a publié, hier mercredi 10 décembre, son deuxième rapport sur la situation économique et financière de la RDC. Il en ressort que, grâce au dynamisme des produits miniers, la situation macroéconomique a connu une nette progression, soit 7,4% par an. Une croissance qui se traduit, selon Emmanuel Pinto Moreira, Economiste en chef de la BM, à travers les recettes minières. En dépit du fait que 14 % seulement de la valeur d’exploitation minière se dégage dans le budget national. Alors que le taux d’exécution du budget atteint près de 56 %. Par ailleurs, la BM juge la situation vulnérable et fragile à cause de la pauvreté et des difficultés du pays à réhabiliter les infrastructures. Environ 52 % des Congolais ont difficile d’accéder aux services sociaux de base qui coûtent cher.

Pendant ce temps, l’activité minière est perçue de façon ambivalente par la population congolaise. D’après la BM, 20 % des Communes urbaines de la RDC ont une mauvaise image des services miniers qui engendreraient des conflits.

La solution, si l’on en croit les experts de la BM, c’est de poursuivre la réforme du secteur minier en vue de l’assainissement du climat des affaires. Il faudrait mettre en place une politique de soutenabilité de la performance. Emmanuel Moreira propose que les autorités congolaises définissent une stratégie de développement unique, claire, fédératrice et cohérente. Il suggère aussi que soit mise en place des institutions fortes. L’Economiste en chef de la BM met également l’accent sur le développement des ressources humaines. Les meilleurs éléments doivent être envoyés au Gouvernement. Si le Gouvernement congolais ne stabilise pas dans la durée le cadre macro-économique, n’accélère pas les réformes structurelles dans le secteur minier, si les recettes minières ne soutiennent pas le budget de l’Etat, la Banque Mondiale est pessimiste pour l’avenir du pays qui ne pourra pas atteindre l’émergence.

Lors de la présentation du rapport, Chadi Bou Halib, Economiste principal du Département de réduction de la pauvreté et gestion économique Région Afrique, a démontré comment les ressources naturelles peuvent servir de levier du développement. Il faut avant tout que les ressources naturelles soient transformées pour produire de la plus-value. Ce n’est pas avec une gouvernance chaotique qu’on y parviendra. L’analyse du secteur minier congolais, faite par la BM, dénote des problèmes structurels de fond. D’où, l’absence de mobilisation soutenue des revenus issus des ressources naturelles. La contribution des recettes du secteur minier ainsi que celles du pétrole au budget de l’Etat représentent près de 98 % des exportations du pays, soit 32 % du Produit Intérieur Brut (PIB). Pour la BM, cela demeure encore insuffisant face au défi de développement de la RDC.

La faiblesse de la mobilisation des revenus dans le secteur des ressources naturelles a une incidence à la fois politique et sociale. C’est même l’une des causes de la fragilité du pays.

Les Concertations Nationales devraient apporter un soutien politique aux opérations de démobilisation, réconciliation et reconstruction.

Du rapport de la Banque Mondiale, il se dégage également que grâce au dynamisme du secteur minier, la RDC pourrait continuer à enregistrer les mêmes taux de croissance élevée au cours des prochaines années. Néanmoins, le déficit du compte courant risque de s’accentuer à cause de l’augmentation des flux sortants des revenus des capitaux. Ce qui explique que, la hausse prévue des investissements, notamment dans le secteur minier, aboutirait à des sorties de revenus plus élevées pour rémunérer les détenteurs des capitaux. En outre, la hausse des prix internationaux des produits alimentaires pourrait menacer l’objectif d’inflation à un chiffre de la Banque Centrale du Congo.

Du point de vue développement humain, accessibilités financières et physiques aux services sociaux, il y a une dichotomie au niveau des services sociaux de base en milieu rural et urbain. Les difficultés financières constituent un obstacle majeur à l’utilisation des services de santé et de scolarisation.

Pour clôturer l’activité, le rapport a été remis officiellement à Vincent Ngonga, Directeur de Cabinet Adjoint en charge des Questions économiques, financières, monétaires, techniques et d’infrastructures du Premier Ministre.

Pour sa part, le Directeur de Cabinet Adjoint du Premier Ministre a remercié la BM quant à la qualité de ce partenariat, car ce rapport dresse l’état de lieu et a le mérite d’apporter une grande visibilité de la politique que l’Etat met en œuvre. Ngonga estime que le contenu du document de référence de la Banque Mondiale est en phase avec les diagnostics formulés et les thérapeutiques proposées par les différentes instances et structures de la politique économique du Gouvernement. Sur la question de la pauvreté, il a expliqué que ce n’est pas en 3 ou 5 ans que se gagne la bataille contre la pauvreté.

Judith Asina