Remous entre les députés et le Premier ministre

Lundi 27 juin 2016 - 11:15

Les attaques attribuées au cabinet du Premier ministre accusant l’Assemblée nationale de refuser de réduire son train de vie et de combattre les actions du Président Kabila ont été mal reçues au Palais du peuple, où les élus fustigent la gouvernance de Matata Ponyo caractérisés part un récent dépassement de 800% à l’issue du premier trimestre 2016 !

 

Exit la langue de bois. Une nouvelle attaque de la Primature relayée par la presse a provoqué de sacrés remous entre l’Assemblée nationale et le Premier ministre Matata Ponyo. Les accusations attribuées à la Primature, rapportées par les médias laissant entendre que les députés refusent de voir leur budget subir des coupes conformément à l’option politique de réduction du train de vie de l’Etat portée par la loi de finances rectificative en attente de promulgation, ont provoqué la fureur des présidents des groupes parlementaires, toutes tendances confondues, obligés de répliquer via un communiqué officiel daté du 25 juin 2016. Ils ont unanimement condamné le Premier ministre et critiqué sa gouvernance.

Les députés en colère affirment riposter contre la désinformation, expliquant qu’à l’instar des autres institutions, l’Assemblée nationale a vu son budget 2016 réduit de 40%, sans compter les 30% devant encore être soustraits. Ils se dressent contre le projet du gouvernement de procéder arbitrairement à des coupes supplémentaires sur les 60% restants.

Très remontés contre la mauvaise gouvernance du Premier ministre, traduite par le dépassement de 800% rien qu’au premier trimestre du budget 2016 alloué à la Primature alors que l’Assemblée nationale a eu droit à une exécution limitée à 40%, ils demandent quelle institution travaille pour l’intérêt de la population. Au nom de tous leurs collègues députés présentement en vacances parlementaires, les présidents des groupes parlementaires exigent désormais «le strict respect des termes de la loi de finances rectificative».

Ci-après, le communiqué officiel.

 

Communiqué officiel

Nous, Présidents des Groupes parlementaires de l’Assemblée nationale, dénonçons avec fermeté la diffusion par certains journaux d’une contrevérité imputant gratuitement aux Députés nationaux, déjà en vacances parlementaires, le refus de voir leur budget subir des coupes suivant l’option politique de réduction du train de vie de 1’Etat portée par la loi de finances rectificative en attente de promulgation; ceci dans le seul but de salir l’image de marque de la Représentation nationale.

Aussi, mus par le souci de transparence et nous refusant à laisser la désinformation l’emporter sur la vérité, tenons-nous à apporter à l’opinion les précisions de clarification ci-après:

 

1) Le rôle de l’Assemblée nationale est notamment celui de voter la Loi de finances et non de l’exécuter. Son exécution est du ressort du Gouvernement. Ainsi, la mise à exécution de l’option de réduction du train de vie relève entièrement du Gouvernement. Au plan des principes, imputer à l’Assemblée nationale le refus de voir son budget subir des coupes à l’instar des autres institutions appartient au domaine de l’absurdité.

Aussi, devrions-nous souligner que, dans le cadre de la loi de finances rectificative précitée, toutes les institutions, Assemblée nationale comprise, ont vu leurs budgets subir des coupes de manière juste et équilibrée.

 

2) A ce sujet et contrairement aux allégations d’une certaine presse, faisons noter l’option de civisme en vertu de laquelle l’Assemblée nationale avait déjà acquiescé à la pratique de ne pas bénéficier de la totalité de sa dotation budgétaire soumise à une réduction, non pas de l’ordre de 30 pourcents telle que souhaité par Son Excellence Monsieur le Président de la République, Chef de l’Etat, dans le cadre de ladite option de réduction du train de vie des institutions, mais plutôt de 40 pourcents de son budget. En effet, c’est sur les 60 pourcents restants que le Gouvernement compte arbitrairement les 30 autres pourcents, ne laissant à l’Assemblée nationale que 30 pourcents, là où d’autres instances étatiques enregistrent des dépassements allant même jusqu’à 800 pourcents, pour ne prendre que l’exemple d’un seul organe du Gouvernement.

 

3) C’est l’Assemblée nationale, rappelons-nous, qui, de par ses attributions d’autorité budgétaire, avait encouragé le Gouvernement d’élaborer et de déposer un projet de loi de finances rectificative, destiné à assurer l’équilibre entre les dépenses publiques et les recettes ayant subi un coup à la suite notamment de la chute des cours des matières premières.

 

4) Qu’à cela ne tienne, nous nous en tenons au strict respect des termes de la Loi de finances rectificative qui consacre de manière équilibrée et responsable l’option de solidarité nationale nous dictée par la conjoncture économique de l’heure. Car, aucune dépense extrabudgétaire ne devrait avoir place dans un Etat de droit comme le nôtre, encore qu’elle soit contraire à toute règle de bonne gouvernance. C‘est pour quoi nous veillerons à la bonne exécution de ladite loi rectificative au cours de la prochaine Session budgétaire.

 

5) Demandons enfin avec insistance à la presse nationale de ne pas se laisser manipuler par certains hommes politiques n’agissant que pour le compte des certains intérêts mesquins et de toujours vérifier les informations à la source.

 

Fait à Kinshasa, le 25 juin 2016

Les Groupes parlementaires