Six militants de LUCHA interpellés hier à Goma

Mercredi 16 mars 2016 - 13:30

Près de 769 lettres de citoyens congolais adressées à Joseph Kabila demandant la libération de ces deux activistes pro-démocratie en détention à Makala.

 

Ils étaient une dizaine des militants du mouvement citoyen Lutte pour le Changement (LUCHA) hier mardi 15mars à Goma, chef- lieu de la province du Nord-Kivu, à effectuer une marche silencieuse. C’était pour exiger la libération de leurs collègues Yves Makwambala et Fred Bauma, arrêtés le 15 mars 2015 à Kinshasa, lors du lancement du collectif Filimbi.

 

Cette marche s’est déroulée au bord de la route et les organisateurs avaient liés leurs mains, leurs bouches étaient scotchées, une manière de montrer à la face du monde qu’ils sont privés de la liberté d’expression. La police a procédé à l’arrestation de six militants de la LUCHA qui manifestaient.

 

Il y a lieu de signaler que six membres de ce mouvement citoyen ont été condamnés à six mois de prison ferme par un tribunal de Goma, pour leur mobilisation lors de la journée ville morte décrétée par l’opposition et Front Citoyen 2016, le 16 février 2016.

 

S’agissant du dossier Yves Makwambala et Fred Bauma, une année après leur arrestation et leur détention prolongée à la prison centrale de Makala, plus de 769 lettres de citoyens congolais à travers le monde ont été adressées à Joseph Kabila, réclamant la libération de ces deux leaders pro-démocratie. Hier mardi, cinq organisations de la société civile de défense et de promotion des droits de l’homme de la RDC dont les Amis de Nelson Mandela pour les Droits Humains (ANMDH) ont déposé au Palais de la Nation, bureau du chef de l’Etat, les 769 lettres.

 

Ces organisations estiment que la détention de Bauma et Makwambala est illégale. Elles déplorent l’indifférence de la justice congolaise, en dépit des multiples actions et plaidoyers, ainsi que la sensibilisation des autorités compétentes sur la nécessité d’obtenir la libération de ces jeunes militants pro- démocraties.

 

Pour Robert Ilunga Numbi, directeur exécutif des ANMDH, en déposant ces 769 lettres adressées au numéro un congolais, ils ont voulu attirer l’attention directe de Joseph Kabila sur le calvaire qu’endurent Yves Makwambala et Fred Bauma. Elles en appellent à la responsabilité du chef de l’Etat d’user de ses prérogatives afin de faire accorder la liberté à ces deux jeunes gens.

 

ANMDH, VSV, Justicia ASBL, la Nouvelle Société Civile Congolaise(NSCC)... prient Joseph Kabila à écouter la voix des Congolais qui attendent l’expression de sa sagesse en faveur la libération de Bauma et Makwambala. A la demande de leurs avocats, la Cour suprême de Justice (CSJ) pourrait se prononcer ce mercredi 16 mars courant sur la libération conditionnelle ou non des deux activistes.

 

Plaidoyer de HRW

“La détention prolongée de Fred Bauma et Yves Makwambala un an après leur arrestation est un rappel inquiétant de la volonté des autorités congolaises de faire taire la contestation pacifique », a déclaré Ida Sawyer, chercheuse senior auprès de la Division Afrique de Human Rigths Watch (HRW). Elle a appelée le gouvernement de la RDC à abandonner toutes les poursuites et ordonner la libération des deux jeunes gens et des autres activistes des droits de l’homme, ainsi que de certaines personnalités politiques détenues pour le seul fait d’avoir exprimé pacifiquement leurs opinions politiques.

 

Dans un communiqué, HRW précise que l’arrestation des deux activistes a eu lieu dans un contexte de répression gouvernementale croissante à l’égard des opposants aux efforts pour permettre au président Joseph Kabila de se maintenir au pouvoir au-delà de la période de deux mandats constitutionnellement autorisés qui arrive à échéance le 19 décembre. L’année dernière, des hommes politiques ; des défenseurs des droits humains, des étudiants et d’autres personnes congolaises et étrangères, s’étaient mobilisées pour soutenir Bauma ainsi que Makwambala et avaient exhorté Kinshasa à relâcher ces militants pro- démocratie,

 

« Le président Kabila ne devrait pas ignorer la coalition croissante des voix appelant à la libération de Bauma et Makwambala, a ainsi insisté Ida Sawyer. Pour la chercheuse senior auprès de la Division Afrique de Human Rigths Watch, une action imminente en faveur de la libération de ces activistes montrerait que e gouvernement de la RDC n’est pas opposé à la jeunesse congolaise et aux autres personnes qui veulent pouvoir exprimer librement et pacifiquement leurs opinions en faveur du processus démocratique.

Rappel des faits

En vue de renforcer le processus démocratique et la gouvernance des institutions politiques à travers la promotion d’un processus électoral libre, démocratique, transparent et apaisé, la jeunesse congolaise réunie au sein des différentes associations comme la Lutte pour le Changement (Lucha), Jeunesse pour une nouvelle société (JNS), Forum de la jeunesse pour l’excellence (FNJ), Filimbi, Eloko makasi avaient fait appel aux mouvements sociaux africains comme “ Y’en a marre “ du Sénégal et” Balai citoyen “du Burkina Faso, pour échange d’expériences en vue d’un éveil de la conscience de la jeunesse congolaise sur les prochaines élections en RDC. L’atelier, qui coïncidait avec le lancement du collectif Filimbi avait, entre autres, pour objectif de discuter sur l’engagement citoyen des jeunes dans le contexte de la RDC.

 

FNJE avait organisé à Kinshasa, plus précisément dans la commune de Masina, du 14 au 15 mars, un atelier qui s regroupé les jeunes provenant du Katanga, Nord-Kivu et de Kinshasa pour parler d’engagement civique et de mobilisation de la jeunesse sur le processus électoral en cours, surtout pour renforcer le processus démocratique et la gouvernance des institutions publiques à travers notamment la promotion d’un processus électoral libre, transparent et apaisé. Ainsi, la présence des Sénégalais e du Burkinabe, Fadel Barro, Aliou Sane, Malal Talla, Ouedraogo Sbiri était un moment important d’échange d’idées, pour un engagement pacifique et citoyen des jeunes de la République démocratique du Congo.

 

Cette rencontre avait pour but d’exercer une citoyenneté plus volontaire et plus épanouie dans tous les domaines d’intervention en milieu associatif, dans les universités, dans le monde de l’art, en politique, dans le monde de l’entreprise. Il ne s’agit donc pas de mener des activités subversives contre Kinshasa.

 

Arrestations en masse

Cette activité s’était soldée par des arrestations en masse. En effet, les trois leaders du mouvement “Y En A Marre », Fadel Barro, Aliou Sane, Malal Talla et un des leaders du mouvement “ Balai Citoyen », Ouedraogo Sibiri, Fred Bauma, membre de Lucha de Goma, et l’un des leaders de Filimbi, Mouvement Citoyen congolais, Kevin Sturr, diplomate, Directeur du Bureau de la démocratie, Droits Humains & Gouvernance de l’Usaid ont été arrêtés et détenues à l’ANR.

 

Il faut signaler aussi qu’Alain Canonne Mutombo, codirecteur de” Eloko Makasi “, maison de production consciente, installée à Masin3 partenaire artistique de l’évènement, Lucrèce Lopengo alias Lyke Mike, rappeur engagé, co-directeur de ‘ Eloko Makasi “, Deddy Kishimbi, informaticien participant à l’atelier, de Kolwezi, Yves Makwambala, informaticien, contractuel, Khadafi Mbuyamba, cameraman, documentariste, Dieu merci, cameraman stagiaire et plusieurs artistes du collectif « Eloko Makasi », participants à l’atelier et au projet ont été arrêtés. “Aucun des actes posés par les membres du mouvement Filimbi ou leurs partenaires, aucune de nos prises de position, ne sont insurrectionnels” regrettent les organisateurs. Pourtant Eloko Makasi avait obtenu toutes les autorisations légalement requises devant leur permettre d’organiser leurs activités en public, expliquait Horly Ndjoli de FNJE.

 

Par GODE KALONJI

 

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