Tournant décisif pour le gouvernement et la Majorité susceptibles de connaître un chambardement

Dimanche 12 avril 2015 - 15:26

Le Chef de l’Etat Joseph Kabila pourrait mettre fin au bail de certains membres du gouvernement. Le conseil des ministres extraordinaire serait donc l’occasion des adieux pour les uns.

En trois jours, le microcosme politique a pris trois rendez-vous importants présageant de bouleversements à l’horizon.

D’abord, le conseil des ministres expédié en quelques minutes vendredi. Ensuite, l’annonce d’une messe dominicale de Kingakati que pourrait officier l’Autorité morale de la MP en personne. Enfin, un conseil des ministres extra ordinaire projeté le lundi 13 avril sous la présidence du chef de l’Etat. L’actualité politique se bouscule et, avec elle, l’accélération des événements. Le tournant est décisif.

Tout bouge en République démocratique du Congo. Sur tous les fronts d’ailleurs. L’affaire de la fosse commune de Maluku a accaparé l’actualité, sans occulter les autres segments qui laissent transparaître une volonté de changement, voire de chambardement.

Les vagues, provoquées par les événements de janvier 2015, ne peuvent s’accommoder longtemps d’un quelconque immobilisme. Les évolutions s’entrechoquent tellement que tout observateur lucide voit se profiler un tournant qui peut être décisif pour la suite des événements. Découpage des provinces, élections locales et municipales, mise en place dans la petite territoriale par voie d’élection, affaire de la fosse commune, un conseil des ministres qui s’expédie en quelques minutes, contrairement aux habitudes... La liste des situations insolites est plutôt longue, en un laps de temps.

Déjà, lors de la rencontre du 23 mars dernier à Kingakati, un poids lourds du gouvernement et de la Majorité avait jugé peu convainquant l’apport des nouveaux venus dans le cadre de la recherche de la cohésion nationale. Selon ce dernier, la somme de ce que l’Opposition républicaine et les personnalités venues du MLC avoisineraient la nullité.

Les bonzes de la Majorité présidentielle (MP) n’ont pas réussi à émettre sur la même longueur d’onde par rapport à l’ordre du jour du 23 mars dernier à Kingakati. A l’unanimité, les ténors de la MP en avaient appelé à une revisitation du concept cohésion issue des Concertations nationales. Sans ambages, ils ont chargé les nouveaux venus. Au décryptage, il apparait une réelle volonté de les éjecter du gouvernement pour « apport négligeable ».

Comme pour matérialiser cette volonté, vendredi 10 avril 2015, le Conseil des ministres a duré anormalement moins de 60 minutes, à la surprise des membres du gouvernement eux-mêmes, du personnel qui les accompagne généralement à la primature. Le personnel de la primature n’en a pas cru ses yeux.

Il est vrai que sur le plan juridique, aucun timing n’est imposé aux réunions du gouvernement ! Mais delà à trouver un prétexte politique à tout ce qui arrive ou que l’on favorise, cela pose problème. 1er acte !

Remaniement ou chambardement

Le deuxième acte concerne la grand’ messe de Kingakati qui constitue le second round entre les durs et les rénovateurs sur la suite à donner à la réunion du 23 mars 2015 qui s’était terminée en queue de poisson. Cela après une confrontation musclée en présence d’Aubin Minaku, le secrétaire général de la MP. L’on espère que cette fois-ci, l’Autorité morale qui a écouté à tour de rôle les uns et les autres, se devra reprendre les choses en mains.

Deux hypothèses sont en présence. Soit, il suit la voie proposée par les rénovateurs, signataires des correspondances lui adressées dernièrement, et engage les débats sur toutes les questions soulevées et qui fâchent ; soit il opte pour la ligne des durs, interdit les débats et donne des orientations claires et limpides quitte à tout un chacun de se décider.

Nombreux sont ceux qui estiment qu’une résultante entre les deux positions n’existerait pas à ce stade dans la mesure où les fissures sont très béants. La dose de sagesse qu’on lui reconnait de même que la meilleure connaissance qu’il a de ses troupes sont des atouts entre les mains de Joseph Kabila. Il cherchera, peut-être, à rétablir les équilibres rompus au sein de sa famille politique par des stratégies dont lui seul détient le secret.

La conséquence de ce deuxième acte pourrait justifier la tenue du prochain conseil des ministres que devra présider le chef de l’Etat en personne. S’il suit sa Majorité, Joseph Kabila pourrait mettre fin au bail de certains membres du gouvernement de la République. Le conseil des ministres extraordinaire serait donc l’occasion des adieux pour les uns.

La question qui surgit tout de suite est celle de savoir qui serait visé par cette éventuelle purge gouvernementale ? Les treize opposants seulement ? Les rénovateurs ou les frondeurs seraient-ils aussi contraints de quitter la barque ? Les durs, dont les initiatives ont buté à des échecs cuisants ne feront-ils pas les frais de leur manque d’anticipation dans la prise des décisions ? Tout y passe !

Le silence du chef de l’Etat et sa distance face à la polémique au sein de sa Majorité démontre à suffisance qu’il se ménage des espaces en vue de n’être l’otage d’aucun des clans qui gravitent autour de lui. Encore une fois, le sort de la Majorité présidentielle, avec comme corolaire la reconfiguration du gouvernement Matata 2, est lié à ce tournant décisif.

Il n’empêche qu’au-delà de la tournure que pourraient prendre les événements, Joseph Kabila et les siens sont dans l’obligation d’opérer des choix qui privilégient l’intérêt supérieur de la nation.

Le Potentiel

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