A l’annonce, il y a plus d’une semaine, du déclenchement des opérations de traque des FDLR par les éléments des FARDC, l’opinion nationale et internationale avait frénétiquement applaudi dans le ferme espoir que le gouvernement de la RDC allait enfin enlever au Rwanda et à l’Ouganda le prétexte sempiternel des multiples interventions de leurs armées régulières sur le territoire congolais.
Malheureusement, depuis lors, c’est le silence radio du côté des officiels congolais. Car, contrairement à d’autres opérations militaires déjà effectuées dans ces territoires de l’Est, notamment les guerres contre le M23 et l’ADF-Nalu, l’Etat- major général des FARDC ne livre curieusement aucun bilan sur le terrain de ces opérations. Or, faut-il le rappeler, le chef d’Etat-major général des FARDC avait même signalé que la MONUSCO allait être associée à ces opérations sur le plan tactique et stratégique. Provoquant un ouf de soulagement dans le camp de ceux qui doutaient encore de la volonté politique du régime au pouvoir à Kinshasa d’associer la communauté internationale à ces opérations militaires revêtues d’une charge émotionnelle indéniable car destinées à dévoiler à la face du monde l’étendue des mensonges auxquels ont toujours recouru les tenants du pouvoir à Kampala et à Kigali pour mettre en
exécution leurs funestes plans de démembrement du Congo.
En revenant ainsi avec force sur la question des FDLR, l’Envoyé Spécial du Président Barack Obama dans la Région des Grands Lacs a touché du doigt le nœud gordien de ces guerres répétitives à souhait qui sévissent dans cette partie du continent africain depuis plus de vingt ans. Sans le dire expressément et probablement déçu par le silence affiché par les autorités militaires et politiques de la RDC, Russ Feingold a tenu à les mettre devant leurs responsabilités face à l’histoire et à leurs populations victimes de cette tragédie qui n’aura rien à envier à la Shoa et aux autres génocides jusque-là connus à travers l’histoire de l’humanité.
En effet, il est aujourd’hui établi que c’est un discours similaire que cet homme de confiance du Président Barack Obama a tenu devant les autorités du Rwanda et de l’Ouganda qui demeurent, comme on le sait, les deux autres Etats fortement impliqués dans cette tragédie indicible qui ne cesse d’endeuiller les populations congolaises tant de l’Est que des autres parties du Congo qui souffrent des effets collatéraux.
Six millions des morts depuis le déclenchement de la guerre de l’AFDL en 1996 à la suite de ce que les exégèses ont dénommée comme la guerre des Banyamulenge revendiquant leur nationalité. Mais qui, au fil du temps, s’est avérée comme une stratégie néfaste destinée à piller les ressources naturelles et minérales, infiltrer des populations rwandaises et ougandaises dans des territoires de l’Est en prévision de la balkanisation au profit de ces deux Etats voisins. Avec au passage des viols massifs des femmes, tous âges confondus, des massacres des populations civiles non armées, des destructions méchantes, des déplacements répétitifs des villageois, etc.
Un prétexte sécuritaire fallacieux
Tout au début de la guerre dite de l’AFDL, la propagande distillée se limitait à une guerre des Banyamulenge pour revendiquer leur nationalité. Au fur et à mesure que tombaient des témoignages des envoyés spéciaux des médias internationaux, des aveux constants étaient fournis par des rescapés de cette guerre et autres activistes des Ong internationales de défense des droits de l’homme. Ces propagandistes ont alors changé de fusil d’épaule pour lancer la campagne d’une guerre préventive contre les rebelles hutu rwandais réfugiés en RDC et dont la présence constitue une menace sérieuse pour la sécurité du Rwanda.
Or, au fil du temps, l’on dénombre de nombreux rapports rédigés par des experts de l’ONU, notamment le fameux Rapport Mapping, des aveux constants faits par des fondateurs du Front Patriotique Rwandais en rupture de ban, notamment feu Patrick Karegeya, le général Faustin Kayumba Nyamwasa et Théoneste Rudasingwa, respectivement ancien chef des services de sécurité extérieure assassiné il y a deux à Jobourg par des agents du Rwanda, ancien chef d’Etat- major général et ancien directeur de cabinet de Paul Kagame, des témoignages émanant des éléments du CNDP et du M23 faits prisonniers sur le terrain des opérations ainsi que des rapports des ONG internationales comme Human Rights Watch, Fédération Internationale des Droits de l’homme et International Crisis Group. Enfin, à l’issue de la guerre contre le M23, on a découvert des canalisations souterraines érigées à travers les montagnes faisant frontière entre la RDC et le
Rwanda dans lesquelles étaient stockées des armes et munitions de guerre. Il est donc apparu que ces guerres dites préventives contre les FDLR n’étaient qu’une série de stratégies néfastes pour se livrer aux pillages des minerais et à l’infiltration des sujets rwandais sur le territoire national.
Toujours selon ces témoignages faits par des notabilités politiques et militaires de haut niveau au Rwanda ainsi que les rapports des ONG internationales, il est établi que les FDLR n’ont jamais occupé un mètre carré du territoire rwandais. Bien au contraire, depuis leur arrivée au Congo, c’est ici où ils commettent des crimes les plus odieux sur des populations congolaises non armées. Ils échangent des minerais avec des armes et munitions de guerre leur livrés par des officiers supérieurs rwandais, ougandais et congolais.
Pour preuve, ce sont eux qui ont échangé 450 kg d’or avec le général Bosco Ntaganda qui les a revendus ensuite à des hommes d’affaires nigérians au prix de 6 millions des dollars Us. Que des officiers généraux rwandais ne sont-ils pas cités dans des rapports des Ong de défense des droits de l’homme comme trafiquants des minerais du sang !
Bras-de-fer entre Kinshasa et New York
Plusieurs généraux de brigade des FARDC ont été aussi accusés d’avoir participé aux viols massifs dont deux d’entre eux récemment nommés comme par hasard en qualité des commandants de ces opérations militaires de traque contre les FDLR. On rappelle, à ce sujet, que comme en mars 2009, les plénipotentiaires de la communauté internationale, à savoir la MONUSCO, l’Union Européenne, la France, la Belgique et les USA avaient boycotté la cérémonie de prise d’armes à Bunagana. Si ces deux officiers généraux ne sont pas remplacés, la MONUSCO a prévenu qu’elle ne s’associera pas à ces opérations militaires. Un bras-de-fer inédit entre Kinshasa et les Nations-Unies ainsi que d’autres puissances européennes et américaines à cause de l’intransigeance du gouvernement de Kinshasa. Comme si l’avenir de la Nation dépendait de la présence de ces deux généraux aux commandes des FARDC alors qu’ils sont éligibles à la
CPI au même titre que celui qui est déjà là pour des faits similaires, à savoir le rwandais Bosco Ntaganda.
Ce comportement suicidaire du gouvernement de Kinshasa risque de le discréditer en le faisant passer pour celui qui tient à protéger ces FDLR qui trimballent à tort ou à raison la sale réputation de génocidaires.
F.M.