Beni charrie plusieurs messages. Notamment celui à la classe politique, toutes loges confondues. Cet énième massacre est comme venu rappeler aux uns et aux autres que les enjeux du pays sont loin, très loin même de se résumer à la politique politicienne.
Or, aujourd’hui comme hier, le microcosme kinois se distingue par des chamailleries dont le soubassement est le " je suis, j’y reste " pour les uns et le simple " ôte-toi de là que je m’y mette " pour les autres.
Pour l’essentiel, le dialogue n’est perçu qu’à l’aune de ces agendas somme toute nombrilistes. Même dans la perspective des élections, on ne voit aucune grande formation, aucun leader d’envergure évoquer de façon responsable la " question de l’Est ". Or, c’est bien là que se joue l’avenir du pays.
L’enjeu sécuritaire dans la partie orientale dépasse largement les considérations basiques de maintien de l’ordre public. Il s’agit d’une problématique relevant à la fois de la géostratégie et de la géopolitique mondiale. Par ses richesses, notamment le précieux coltan, l’Est est devenu, à l’ère du numérique, ce que le Katanga était avec le cuivre.
L’on comprend dès lors que des multinationales, dont certaines muées en ONG, ont placé leur curseur, notamment sur le grand Kivu. L’on comprend aussi que des pressions soient faites sur la RDC pour " mutualiser " la gestion de l’Est.
L’on comprend enfin que des pays voisins comme le Rwanda et l’Ouganda n’ont d’yeux que pour cette partie de la RDC. Pour Kigali et Kampala, en plus de dividendes économiques évidents, l’Est congolais est utilisé comme un espace où, à défaut de se régler, s’amortissent leurs contradictions internes respectives.
Ainsi, les fameuses rébellions ougandaises, comme le sinistre ADF et rwandaise sont contenues sur le territoire rd congolais. Cela n’aura donc échappé à personne que les " rebelles " ougandais et rwandais nuisent, non respectivement aux régimes Museveni et Kagame, mais à la RDC. On ne peut dire à ce sujet que « la communauté internationale » soit particulièrement gênée par cette anomalie meurtrière qui dure… jusqu’au massacre du samedi 13 août. José NAWEJ