Le nouveau président de la Banque africaine de développement (BAD) s’est fixé le défi de gagner la bataille énergétique en Afrique. Il entend s’appuyer sur l’important potentiel hydroélectrique d’Inga en RDC pour gagner son pari. A Abidjan, décideurs politiques et experts ont balisé, les 17 et 18 septembre 2015, la voie pour la signature, sous l’égide de la BAD, d’un nouveau pacte énergétique pour l’Afrique. Un pari qui place la RDC au cœur du dispositif que négocie la BAD.
Si « l’eau, c ‘est la vie », clame-t-on – avec raison d’ailleurs - l’énergie, par contre, c’est le développement. Malheureusement, en Afrique, le déficit énergétique est un handicap sérieux sur la voie du développement.
Fer de lance dans le soutien qu’elle apporte aux nombreuses économies africaines, la Banque africaine de développement a réuni, le 17 et 18 septembre à son siège d’Abidjan (Côte d’Ivoire), décideurs politiques et experts en matière de l’énergie, pour négocier un nouveau pacte énergétique en faveur de l’Afrique. Dans la stratégie que propose le tout nouveau président de la BAD, le Nigérian Akinwumi Adesina, la République démocratique du Congo occupe une place de choix.
PLEINS FEUX SUR INGA
Avec son important potentiel hydroélectrique, la RDC se trouve donc au cœur du pacte autour duquel la Bad entend fédérer un grand nombre de pays africains. A Abidjan, en l’absence du Premier ministre, Matata Ponyo Mapon, c’est le vice-Premier ministre en charge de PTNTIC qui a défendu la position de la RDC. En effet, toute l’Afrique a les regards tournés vers le site d’Inga.
La BAD croit en la possibilité de mobiliser toute l’Afrique autour de ce grand projet. D’où, la rencontre d’Abidjan qui devait servir, dans l’entendement du nouveau président de la BAD, de point de départ à une vaste action au niveau continental.
L’édition 2014 du volet «Energie »de la Revue sur l’efficacité du développement de la BAD présente les grands défis énergétiques de l’Afrique.
Selon ce rapport, les besoins en énergie de l’Afrique augmentent rapidement. Les perspectives énergétiques les plus récentes pour l’Afrique d’ici 2040 indiquent une augmentation de 4% par an de la demande en énergie, attribuable à une forte croissance économique, à un important accroissement de la population et à une urbanisation rapide.
Les experts du secteur sont d.’avis que la consommation électrique par habitant augmentera à un taux sang précédent de 3,7% par an. On estime que la capacité de production d’électricité passera à 6%, soit le double du taux des dernières années, mais cela sera largement insuffisant par rapport aux besoins. Les coupures de courant risquent de devenir un problème à l’avenir.
L’ÉNERGIE AU PREMIER RANG
La BAD met résolument- la question de l’énergie en tête de son programme de développement pour un continent où environ 645 millions de personnes, soit plus de la moitié de la population, ne bénéficient pas d’un accès à un réseau électrique fiable. La « pauvreté énergétique» de l’Afrique demeure un paradoxe, étant donné l’abondance des ressources énergétiques brutes qu’elle possède. Un débat de deux jours sur cette question s’est achevé le 18 septembre à Abidjan.
Selon le président de la BAD le déficit énergétique de l‘Afrique constitue le défi le plus évident du continent, et il le place en tête de liste des cinq grands axes du programme de sa présidence : « Eclairer l’Afrique et l’alimenter en énergie, nourrir l’Afrique, intégrer l’Afrique, industrialiser l’Afrique et améliorer la qualité de vie de la population africaine ».
Le jeudi 17 septembre 2015, le président de la BAD a présenté son pacte pour l’énergie en Afrique (« New Deal») pour l’énergie en Afrique à des centaines de partenaires gouvernementaux et professionnels éminents au siège de la Banque à Abidjan, en Côte d’ivoire.
Ce pacte, qui prépare la voie à un partenariat transformateur en matière d’énergie, est essentiellement axé sur la mobilisation de fonds et d’un soutien pour aboutir à la réalisation de cette initiative.
Dans le cadre de ce pacte, la BAD renforcera considérablement son soutien au secteur énergétique du continent africain. Il sera demandé aux partenaires de développement d’intensifier leurs efforts en cours, les pays devant, eux aussi,’ accroître leur propre participation au financement du secteur énergétique, tout en affichant une forte volonté politique de garantir la réussite de ce « New Deal ».
Les partenaires de développement devront également travailler ensemble et coordonner leurs efforts pour mener à bien des réformes politiques et réglementaires cruciales du secteur énergétique en vue d’accélérer les investissements grâce à de meilleures mesures d’incitation.
« Nous devons agir différemment en établissant des partenariats stratégiques en faveur de l’énergie en Afrique, qui nous permettront d ‘atteindre des objectifs plus ambitieux et d‘assurer une meilleure mise en œuvre», a déclaré Adesina. Au cours de ces deux journées de discussion, les participants ont abordé toute une série de questions politiques, sociales et économiques potentielles touchant à ce partenariat transformateur ayant pour vocation le développement énergétique de l’Afrique, notamment les cadres politiques et réglementaires, la mobilisation des ressources, les solutions énergétiques sur réseau et hors réseau ainsi que l’accès à l’énergie des populations à bas revenus.
Les questions portant sur l’accès aux solutions énergétiques pour une cuisson propre, la transformation et la consolidation des commodités ainsi que la gestion de l’utilisation conjointe des énergies renouvelables et non renouvelables ont été également traitées.
Faustin K.