Kinshasa : La ville face au problème des cultes et des prophètes autoproclamés !

Mercredi 3 février 2016 - 15:15

“Eglises du réveil”, “églises évangéliques”, “églises de la guérison”, “ministères”, “pasteurs autoproclamés”... Toutes sortes de cultes fleurissent depuis des années sur Kinshasa, qui promettent monts et merveilles sur terré ou au ciel, en enrichissant les gourous qui les répandent.

 

Pour des langues avisées, le gouvernement doit se décider d’ouvrir une enquête sur les différents groupes de prière à Kinshasa ainsi que sur leur financement. Une décision qui doit faire suite à plusieurs scandales impliquant des prophètes autoproclamés. Ces églises sont accusées de se faire de l’argent sur le dos des plus pauvres.

 

Des pasteurs qui font manger des rats et des crapauds à leurs disciples, qui leur font boire de l’essence ou alors qui leur sautent dessus à pieds joints. Tout cela au nom de Dieu. Le gouvernement doit s’inquiéter de la multiplication de ces églises jugées commerciales. Impossible de dire combien elles sont.

 

Ces églises ont pu se multiplier car la Constitution autorise la liberté de culte et de croyance. Le gouvernement est appelé à condamner pratiques hérétiques, et accuser “ ces pasteurs d’instrumentaliser le désespoir des plus pauvres pour se faire de l’argent. bans la plus part des cas ces églises ne requiert pas de droit d’entrée, mais fonctionne sur le principe du don.

 

Ces églises, qui prêchent et qui brisent, ont pris d’assaut les coins et recoins de la capitale à la recherche des âmes à délivrer.

Dans un quartier Kinshasa, à Bibwa, c’est l’effervescence tous les dimanches. Entre 9h et 15h’, l’ambiance est électrique dans le milieu à cause des nombreuses églises qui y officient à l’aide d’instruments modernes et de musique.

 

Elles sont nombreuses, très nombreuses aux dénominations diverses : ministère de la foi, ministère des rachetés, ministère du salut et de la vérité... Des ministères, on en dénombre jusqu’à milliers. Les adeptes y accourent toujours et les voisins ne cessent de s’en plaindre. “ Le dimanche après les séances, certains groupes font encore leurs prières à partir de midi. Vendredi aussi. Ça me gène beaucoup “, commente une habitante.

 

Les accusations sont nombreuses. On accuse les pasteurs de ces ministères de vendeurs d’illusion, de prêche à l’envolée avec de grands bruits, du fétichisme pour soutenir leurs affaires d’église... Les pasteurs sont aussi indexés d’adultère. Denise, journaliste a couvert une de ces affaires dans le ministère power House “, il ya quelques jours, à l’Est de la ville, elle raconte “Ce pasteur serait en train de commettre l’adultère avec une femme. Sous le coup de la colère le mari est allé menotter le pasteur devant ses fidèles pour leur expliquer toutes les manigances du pasteur. “

 

Ces églises, installées dans les quartiers sombres, en périphérie, à rentre-des villages ou à leur sorties, ont malgré tout le vent en poupe, des âmes en détresse sont toujours dans l’attente d’être sauvées.

 

Selon Alexis Matangila, dans une analyse du discours des Eglises de réveil à Kinshasa, ces églises sont fréquentées par une population relativement jeune qui fait face aux difficultés d’une société congolaise économiquement malade. Les Eglises de réveil constituent un espace de circulation d’un discours religieux particulier. Les discours de leurs pasteurs sont remplis de promesses quant au salut de l’âme, à la santé du corps, à la protection contre les mauvais esprits et au bien-être matériel.

 

Avec le discours des Eglises de réveil, le christianisme kinois est sérieusement mis à l’épreuve. Les veillées mortuaires, les célébrations de noces, les réunions de famille, les rencontres amicales ou politiques, etc. sont devenues propices à la prière. L’euphorie religieuse suscitée par ces Eglises a profondément marqué les pratiques langagières des Kinois : “le langage de tous pue la religion ! “, “le discours des Kinois est empreint d’une religiosité superstitieuse ! “, Kinshasa n’a que le nom de Jésus dans la bouché! “, dénoncent nos enquêtés.

 

Les fragments linguistiques” sans effet “, “ gloire à Dieu “, “ c’est démoniaque “, “ esprit de mort “, “esprit d’impudicité “, etc. qui sont à présent fréquents dans le langage des Kinois attestent des mutations culturelles réelles intervenues dans notre société. Le linguiste ne peut pas rester indifférent à ces émergences.

Par R.B.