Kinshasa-ONU : nouvelle montée de fièvre

Mercredi 3 février 2016 - 12:34
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Conclu il y a une dizaine de jours à peine, le nouveau protocole de coopération entre les FARDC (Forces Armées de la République Démocratique du Congo) et la Monusco (Mission des Nations Unies pour la Stabilisation au Congo) est déjà entré dans une période de forte précarité. Le gouvernement congolais, à travers son porte-parole, Lambert Mende Omalanga, ministre de la Communication et Médias, tient Hervé Ladsous, Secrétaire général de l’ONU chargé des opérations de maintien de la paix, pour responsable de la nouvelle montée de fièvre entre les deux parties.

 

Dans une mise au point livrée à chaud sur le plateau de la télévision nationale hier mardi 02 février 2016 à la mi-journée et reprise en boucle dans toutes les tranches d’information aussi en français qu’en langues nationales, il a fustigé l’attitude discourtoise de ce diplomate onusien à l’endroit de la RDC. Sur un ton ferme, pour ne pas dire colérique, Mende a martelé que la reprise de la collaboration entre les casques bleus de l’ONU et les troupes des FARDC, après une année d’interruption, l’a été à la demande insistante et pressante du Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU en République Démocratique du Congo. Il a tenu à souligner qu’en dépit des sollicitations répétées de la Monusco et de la communauté internationale, la position du gouvernement congolais est demeurée inchangée au sujet du refus de la reprise de la collaboration avec les Casques et ce pendant une année.

Quant à la demande de retrait de deux généraux congolais du « front » de l’Est du pays, il a indiqué que les intéressés se trouvent toujours à leurs postes dans les zones opérationnelles. Selon

 

Mende, Kinshasa a adopté cette position en raison de l’absence des preuves pouvant sous-tendre les allégations onusiennes contre ces deux officiers généraux.

 

Le porte-parole du gouvernement congolais a également souligné qu’au terme du nouveau protocole de coopération, la collaboration entre les FARDC et la Monusco va reposer sur le principe de l’appui ponctuel des Casques bleus aux soldats congolais et seulement en cas de besoin expressément exprimé par la partie congolaise. Il ne s’agirait plus « d’opérations conjointes» des deux forces dans la traque des forces négatives. Mende s’est réjoui du fait que les FARDC, s’acquittent correctement de leur tache, sans le concours militaire onusien.

 

Signal inquiétant

 

Tous ceux qui connaissent les réalités du « front » de l’Est, où l’insécurité, est récurrente depuis son invasion par les réfugiés rwandais en 1994, auxquels s’étaient mêlés des centaines d’anciens éléments de l’armée régulière rwandaise et des miliciens Hutu fidèles au feu président Habyarimana, ne peuvent que s’inquiéter de la nouvelle menace de rupture de collaboration fraichement rétablie entre les FARDC et la Monusco. Quels que soient les ternies dé référence de cette collaboration, tous ceux qui aspirent à retrouver une paix durable dans cette partie de la République voudraient voir les deux forces regarder dans la même direction.

 

L’histoire de la traqué des forces négatives a démontré que chaque fois que les armées congolaise et onusienne opèrent en synergie, elles arrivent rapidement à mettre à genoux les seigneurs de guerre et leurs combattants. Qu’il suffise de rappeler, à ce propos, l’atomisation de la rébellion du M23 en octobre 2013, au point que cette dernière appartient désormais à l’histoire. S’agissant par exemple des éléments FDLR et ADF, on note que leur activisme s’accroit dès qu’apparaît un flottement entre les FARDC et les Casques bleus de l’Onu.

 

Autrement dit, une victoire militaire totale et durable sur ces forces du mal exige une collaboration soutenue entre les deux forces. Il ne serait pas bon qu’au moment où les perturbateurs de la paix à, l’Est se trouvent engagés dans des opérations de guérilla, la lutte contre l’insécurité présente des fissures.

 

L’ombre du retrait du contingent congolais de RCA ?

 

Nombre d’observateurs craignent que le retrait du contingent congolais de la mission des Nations Unies en République. Centrafricaine ne pousse le gouvernement de la RDC à se montrer davantage intransigeant dans  ses relations avec la Monusco. Nul n’ignore qu’à Kinshasa, l’on n’avait pas du tout apprécié le renvoi de tout le contingent, alors que les accusations d’abus sexuels, non fondées sur des preuves palpables, ne concerneraient que quelques soldats ou officiers. Des sanctions au cas par cas auraient été préférables à une « punition générale ».

 

Cette humiliation faite à leur armée a du mal à être digérée par les autorités congolaises. On ne peut dès lors s’étonner de leur grosse colère à la suite des propos de Ladsous sur les antennes de RFI. Ce fâcheux précédent risque de ne pas aider au retour à la cohabitation non conflictuelle entre la RDC et les Nations Unies.

 

Par KIMP