La FEC tire à balles réelles

Jeudi 26 mai 2016 - 13:38

L’économie de notre pays dont on sait qu’elle est dépendante du comportement du marché international, a subi un impact négatif de la baisse des cours de ses principaux produits d’exportation. Ce constat déplorable est celui fait par le gouvernement et le patronat congolais. Et comme les solutions tardent à venir, la Fédération des entreprises du Congo vient une fois de plus par la voix de son président national, Albert Yuma Mulimbi, ce manager doublé d’économiste, de reformuler ses recommandations adressées en son temps au Premier ministre Augustin Matata Ponyo. Recommandations qui ont valeur de proposition de thérapeutique.

 

C’est hier mercredi 25 mai 2016, ors de la tenue de l’assemblée générale ordinaire- de la FEC, à l‘Hôtel Sultani, que le président national de la FEC a souligné la tendance baissière internationale. En effet, la chute continue des cours mondiaux des produits de l’industrie extractive, dont dépend principalement l’économie de notre pays et à laquelle s’ajoutent, les spéculations politiques liées à l’approche des échéances électorales, l’insécurité encore observée dans certaines parties du pays, l’insuffisance de l’offre de l’énergie électrique, la prolifération des taxes et la dégradation des infrastructures de communication, ont contribué à l’aggravation des difficultés économiques de nos entreprises et locales de nos compatriotes.

 

Le responsable du patronat congolais a insisté particulièrement sur les 28 mesures urgentes prises sous l’impulsion du président de la république, pour la stabilisation et la relance économique de la RDC, suite à la chute des cours des matières premières. Pour lui, le grand défi est de sortir l’économie de son état de fragilité, afin de La propulser à un niveau de développement à la mesure des potentialités du pays, pour le bien- être de la population.

C’est dans ce cadre que la FÉC a proposé au gouvernement, l’appui au secteur agricole, en privilégiant la productivité et la transformation de produits locaux pour plus de valeur ajoutée. Pour la FEC, l’Etat doit se décharger des activités de production au profit de l’initiative privée pour se consacrer aux infrastructures collectives et à la promotion des activités sociales.

 

La FEC reformule ses propositions de thérapeutique économique

Ne serait-il pas bon, s’est-il interrogé, pour favoriser le financement des projets d’infrastructures de base indispensables, de lâcher un peu la bride à une dépense publique de qualité?

Si le gouvernement continue de gérer seulement la pauvreté, a-t- il prévenu, il n’y a aucune chance que notre pays devienne émergent. A ce sujet, le président national de la FEC a rappelé ses recommandations faites en son temps, au gouvernement, dont notamment la nécessité de payer la dette intérieure en vue de la relance des activités des entreprises créancières de l’Etat. Et pourtant, a fait remarquer Yuma Mulimbi, l’espoir était permis avec la mise en place d’une commission ad hoc qui, sans raison aucune, a été suspendue sur simple décision du chef du gouvernement.

 

Et de souligner qu’il n’est pas normal que le non paiement de la dette intérieure soit utilisé comme un élément stabilisateur du cadre macroéconomique, mais au détriment du monde des affaires et de .la vraie croissance inclusive.

 

Pendant ce temps, il a déploré le fait qu’on finance, avec l’argent des contribuables, des projets budgétivores, sans aucun impact sur le développement de l’économie nationale. A titre illustratif, il a évoqué le cas de Bukanga Lonzo qui consomme mensuellement des millions de devises sans aucun impact sur La production agricole. Il a rappelé que lors des réunions d’évaluation des 28 mesures prioritaires, il a été suggéré d’arrêter ce genre de projet pour en faire, une évaluation objective par des experts indépendants. C’est aussi le cas de fonds dépensés pour le bâtiment du gouvernement, qui auraient pu servir à relancer l’économie productive en payant notamment la dette intérieure déjà certifiée.

 

Enfin, Yuma Mulimbi a rappelé, non sans inquiétude, le sort de du mémorandum de la FC adressé au gouvernement, lors des concertations gouvernement et secteur privé, assorti de 137 recommandations demeurées sans suite, de même que des réunions avec les régies financières sur des questions fiscales et parafiscales, des pressions politiques. Autant de situations par lesquelles les entreprises ont apparu sur la légalité de la loi des finances, pour la modification des dispositions de la loi fiscale. C’est le cas de la modification du taux de l’impôt minimum sur les bénéfices et profits de 1 pour 1.000 à 1 pour 100. Cela a poussé la FEC, a-t-il signalé, à saisir la Cour constitutionnelle contre l’insécurité juridique.

 

Signalons qu’après l’adoption du rapport synthèse des activités de la FEC en 2015, il a été approuvé les comptes de cet exercice audités par le cabinet Ernst & Young et qui se chiffrent à 6,3 milliards de FC contre 6,2 milliards de FC pour 2014. Il en est de même des activités réalisées par le Conseil d’administration. Il a été déploré cependant la baisse des cotisations des membres et Albert Yuma en a profité pour inviter les uns et les autres à un effort pour renflouer les caisses de son syndicat patronal.

 

Le patronat congolais insiste pour le renforcement de la sécurité. Car sans sécurité, il n’est pas possible de se projeter dans l’avenir. Et les hommes et femmes d’affaires ont besoin de cette prévisibilité pour investir. Albert Yuma a préconisé la réforme de l’administration publique. Le pouvoir judiciaire est appelé à protéger efficacement les droits de propriété et des contrats. Car, ces deux institutions déterminent la capacité de la société à accumuler et à utiliser des facteurs de production. Il note que face à une instabilité juridique freinant le développement de l’activité économique et dissuadant les investissements directs étrangers et à un environnement législatif paralysant, la FEC demeure vigilante. Et il n’a pas manqué d’évoquer la manière dont les entreprises sont asphyxiées actuellement par des taux d’imposition toujours plus importants qui ne leur permettent pas de dégager des marges bénéficiaires et d’investir.

 

Albert Yuma est convaincu qu’il n’y aura pas de secteur privé fort dans ce pays, sans un accompagnement étatique efficient, avec une fiscalité incitative plutôt que confiscatoire, répressive et même policière.

Son organisation patronale a été surprise de constater que c’est par une simple lettre qu’une décision d’une aussi grande importance, de surseoir jusqu’à nouvel ordre, à tout remboursement des crédits de la TVA lui a été communiquée. Et ce, sans aucune concertation préalable avec les entreprises concernées qui espéraient un dénouement de cette question de remboursement des crédits TVA estimés aujourd’hui à plus au moins 750 milliards de FC, dont plus de 84 % concernent le secteur minier. Il s’est consolé de fait que le gouvernement a accédé à leur proposition consistant non seulement à la levée immédiate de cette mesure, mais aussi et surtout à suspendre la perception de la TVA auprès des entreprises non collectrices de cet impôt. A ce sujet, ils attendent un décret du Premier ministre pour qu’une solution définitive soit trouvée à. pette question. Enfin, il a déploré également le fait que le secteur des assurances pourtant libéralisé, manque une autorité de régulation. Ce qui laisse les portes du secteur grandement ouvertes à tout acteur et livré à une concurrence déloyale. Il a versé dans ce même registre, le problème de ciment gris, du sucre et des métaux aciers passant le poste-frontalier de Lufu avec des conséquences désastreuses pour l’industrie locale.

Il a plaidé pour l’indépendance de la BCC et salué la décision de l’Assemblée nationale invitant le gouvernement au paiement des créances Fibank et BIAC.

Par JRT