Massacre des populations au Nord-Kivu : Minaku sous pression des Nande

Lundi 21 mars 2016 - 12:06

Premier pas réussi pour la communauté Nande, avec à leur tête, quelques députés nationaux tant de l’opposition que de la majorité, dont Jérôme Lusenge Banane, Venant Tshipasa, Grégoire Kiro et Crispin Mbindule, qui étaient à la tête d’une forte délégation qui a pris d’assaut le palais du peuple le week-end dernier. Raison ? Déposer un mémo auprès du président l’Assemblée nationale, Aubin Minaku, au regard des massacres qui sévissent à l’Est de la RDC, particulièrement au Nord-Kivu, où des paisibles citoyens sont exterminés.

En réaction à cette démarche, le président de l’Assemblée nationale Aubin Minaku, a promis de s’impliquer personnellement dans ce dossier, afin que ce point soit minutieusement débattu. Ce qu’encourage le député Jérôme Lusenge, qui dit attendre l’application de cette promesse.

 

Auparavant, M. Jérôme Paluku, vice-président de la communauté Nande à Kinshasa, a fait savoir que leur démarche consiste à amener la question de l’insécurité au Nord Kivu, auprès de l’hémicycle, afin que le parlement et les parlementaires prennent en charge cette question et qu’ils puissent l’intégrer dans les matières qui seront traitées au cours de la session de mars 2016. “ Nous sommes en train de dénoncer le génocide qui est planifié contre le peuple Nande à Beni, Butembo, Rusthuru... où les Nande sont kidnappés à tout moment. Nous disons que tout cela doit cesser. Car ce qui se passe au Nord-Kivu, concerne tout le pays. Pour cela, le gouvernement doit prendre ses responsabilités et le parlement doit en faire une question nationale, surtout que des malins cherchent à passer par le Nord-Kivu pour balkaniser la RDC “, a-t-il dit.

 

Il a par ailleurs soutenu qu’il ne s’agit pas d’une simple question de conflits entre les hutus et les Nandes, car ces deux peuples ont longtemps cohabités ensemble et ne peuvent s’entretuer comme c’est le cas présentement: En effet dit-il, on ne peut pas transformer une question des réfugiés rwandais qui sont en terres congolaises et qui doivent rentrer chez eux, en une simple question des conflits entre Hutu et Nande. D’où la nécessité pour le parlement, de faire de tout son mieux afin que tous les réfugiés rwandais qui sont au Nord-Kivu soient d’abord identifiés, afin que l’on sache qui est hutu congolais et/ou hutu rwandais.

 

D’autre part, M. Paluku croit que les migrations massives doivent également cesser, surtout que Beni est une zone opérationnelle Curieusement, les gens quittent le territoire de Masisi pour aller soi-disant chercher des terres là où les gens sont en train d’être tuer. “ Nous avons dénoncé le fait que les mêmes modes opératoires à Beni sont utilisés au sud de Lubero.

 

D’où l’importance de s’y pencher sérieusement, pour que les populations de ces deux coins puissent vaquer librement à leurs activités “, a-t-il dit.

 

Même réaction pour l’honorable Crispin Mbindule qui ajoute que leur démarche devait se faire avant la conférence des présidents, afin que ces derniers puissent inscrire cette question dans les matières qui seront débattues au cours de la session de mars, notamment les questions de Miriki et de Beni, où une commission parlementaire doit descendre pour une enquête, pour que les auteurs des massacres soient démasqués. Car jusque-là dit-il, ce sont les FDLR et les ADF-Nalu qui sont accusés, sans que l’on sache qui sont réellement les complices.

Pour sa part, l’honorable Aubin Minaku, président de l’Assemblée nationale, a d’abord félicité les membres de la communauté Nande pour leur activisme, dynamisme et leurs fortes capacités sur le plan des affaires, avant de les rassurer qu’ils resteront des Congolais sur leur terre congolaise. “ Le Nord-Kivu demeurera une province de la RDC, notamment avec votre communauté, tel que vos ancêtres vous l’avez légué. C’est cela votre grande richesse et votre capacité “, a-t-il dit, avant de les rassurer que la question sera bel et bien programmée au cours de la session de mars, non seulement pour parler en l’air, mais aussi et surtout, pour discuter et voir sur le plan pratique, comment faire pour mettre fin à ces massacres, en proposant un schéma clair et pratique à mettre à la disposition du Chef de l’Etat, pour que les tueries de l’Est deviennent une histoire malheureuse, mais du passé.

 

Jérôme Lusenge confiant

Réagissant aux propos du président de l’Assemblée nationale, le député Jérôme Lusenge estime que la question des massacres au Nord-Kivu ne doit pas être bipolarisée. “ Nous voulons plutôt que les 500 députés qui composent l’Assemblée nationale prennent la question en main, pour voir si effectivement il y a des infiltrés rwandais en RDC qui commettent des meurtres qui sont décriés à tout moment “, soulignant que les populations du Nord-Kivu attendent la mise en œuvre des décisions prises par l’honorable Aubin Minaku.

 

« Nous sommes certains qu’il va continuer à nous écouter, mais nous demandons seulement à nos frères hutus congolais d’adhérer à la thèse selon laquelle, que tout homme mauvais doit être mis à la disposition de la justice. La gué-guerre hutu-Nande n’a pas d’importance. Il suffit seulement de respecter les lois ».

Selon Jérôme Lusenge, tout celui qui paraît être suspect, doit être dénoncé, quel que soit son origine, afin qu’il soit mis hors d’état de nuire.

 

Par José Wakadila