Après le massacre de 7 personnes le vendredi 08 mai 2015 à Beni par des tueurs soupçonnés d’être des rebelles ougandais de l’ADF, 6 autres ont connu le même sort le lundi 11 mai. Cela fait plus de trois cents innocents tués à la machette, à la bâionnette, au couteau et parfois par balles. Ce qui parait invraisemblable, c’est la poursuite de cette série noire dans une contrée où sont présentes les FARDC (Forces Armées de la République Démocratique du Congo) et la Monusco (Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la Stabilisation au Congo).
Au regard des moyens financiers, humains et matériels mobilisés régulièrement par le gouvernement pour construire la paix dans le Nord-Kivu en général et dans le territoire de Beni en particulier, l’impuissance manifeste de l’Etat face à l’insécurité trouble les consciences.
De nombreux compatriotes sont en droit de se demander pourquoi tant de sacrifices de divers ordres ne produisent pas encore les résultats escomptés, à savoir le retour d’une paix durable et de la tranquillité chez nos frères et sœurs de l’Est. Cette question est d’autant pertinente que plusieurs provinces du pays sont privées, depuis 2006, du bénéfice des réalisations des « Cinq Chantiers de la République » et, depuis 2011, de celles de la « Révolution de la Modernité » à cause des dépenses militaires et sécuritaires.
A dire vrai, les budgets consacrés aux problèmes sécuritaires gênent le progrès social et économique du pays, la modernisation de ses infrastructures de base, la lutte contre le chômage, dont le taux frôle les 80 % de la population active, la desserte en eau potable et électricité, la couverture sanitaire nationale, la montée des pools des intelligences, la quête de l’autosuffisance alimentaire, etc. Une bonne partie du Congo profond continue de vivre comme à l’époque de la pierre taillée, en raison du gel ou de la suppression pure et simple des lignes de crédits destinées à plusieurs projets de développement communautaire…pour cause de l’effort de guerre.
Il faut lever les équivoques
Les grands espoirs de restauration de la paix et de la sécurité à l’Est du pays, suscités par les retentissantes victoires des FARDC sur la rébellion du M23, en octobre 2013, les opérations de nettoyage des dernières poches des rebelles de l’ADF au début de l’année 2014 ainsi que le démarrage en trombe de l’opération « Sukola II » contre les rebelles rwandais des FDLR (Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda) en janvier 2015 se sont rapidement évanouis. La peur, qui commençait à changer de camp, avec comme effet les fuites en ordre dispersé des membres des forces négatives internes et externes à travers monts, vallées et forêts du Nord-Kivu, a curieusement réélu domicile chez les autochtones de Beni, Lubero, Rutshuru et autre Nyiragongo.
Les Congolais voudraient comprendre ce qui s’est passé, depuis octobre 2014, pour que le « Grand Nord » du Kivu redevienne subitement une terre invivable. D’aucuns pensent que l’on devrait auditer tous les envois de fonds, d’armes, de munitions, de rations et de soldes vers la ligne de front de l’Est pour savoir ce que l’on en a fait. Le souci de la collectivité nationale est de savoir pourquoi l’Etat congolais passe désormais pour impuissant face aux « forces négatives », qu’il était pourtant si près d’éradiquer il y a encore quelques mois.
L’on voudrait savoir ce qui a dopé brusquement les « forces négatives » étrangères pour qu’elles n’aient plus ni peur des FARDC, ni de la Monusco. L’on voudrait savoir si l’argent et les moyens logistiques affectés régulièrement au front de l’Est prennent la bonne direction.
Dans l’hypothèse où il existerait des complicités dans les tueries massives qui endeuillent maintenant le Nord-Kivu au quotidien, il est du devoir de qui de droit de les identifier et de les débusquer, afin qu’elles cessent de nuire.
A se stade de l’insécurité, on a la triste impression que la RDC est en train d’être prise en étau par des armées étrangères, sous couvert de « forces négatives », de la Province Orientale à celle du Sud-Kivu, en passant par celle du Nord-Kivu. Le scénario concocté par les forces du mal fait penser à une manœuvre d’encerclement du corridor Est, de manière à le rendre incontrôlable par le pouvoir central, à des fins de balkanisation. Le piège est-il comme tel à partir de Kinshasa ?
Kimp