Problématique du processus électoral en RDC : point de vue technique d’un expert

Lundi 5 octobre 2015 - 13:38

Dans une analyse technique sur le processus électoral en RDC, le président de la LINELIT démontre que celui-ci accuse un grand retard du point de vue organisationnel des échéances électorales. D’où la nécessité, selon lui, de s’investir dans l’émergence d’un consensus électoral large et solide afin de sauver le processus électoral qui est au bord de la dérive. A défaut, la présidentielle et les législatives nationales seront hypothéquées.

Le cycle électoral 2011-2016 est en dysfonctionnement. Illustration : il existe des contradictions internes sur le plan juridique, la vision non partagée entre différentes parties prenantes sur la nature, le rôle et les enjeux des élections dans le contexte particulier de la RDC et le flottement de la pyramide opérationnelle des échéances électorales qui consacre l’évolution du processus en dents de scie.

Pour ce qui est des enjeux et des défis à relever, le président de la LINELIT a évoqué, entre autres, la nécessité de consolider la démocratie et l’Etat de droit de renforcer l’autorité de l’Etat sur toute l’étendue du pays stabiliser les institutions ; consolider la paix et la sécurité ; renforcer la gouvernance participative ; promouvoir le développement intégral du peuple et le bien- être citoyen ; restituer le caractère véritablement citoyen à la CENI …

Que faire pour accéder aux élections crédibles et apaisées ? Comme issue de sortie, l’expert propose le recours aux résolutions du dialogue intercongolais de Sun-City qui déterminent la pyramide suivante la tenue des élections locales, provinciales sénatoriales, législatives et la présidentielle ; la mise à disposition et le respect rigoureux des textes de lois liés aux élection.

A ces propositions, Jérôme Bonso ajoute la tenue effective du dialogue politique, appelé à lever les grandes options politiques et autres dans le cadre d’un large et solide compromis politique; la promotion de l’appropriation du processus électoral parles forces vives; la promotion d’un consensus responsable des parties prenantes sur la question du délai constitutionnel au regard du contexte de la RDC.

DONNÉES DU TERRAIN

Parlant du fichier électoral, il a fait savoir que l’actuel fichier est inadapté ; vétuste et corrompu. S’agissant de l’enrôlement des nouveaux majeurs et la diaspora, il se demande dans quel fichier électoral ils seront intégrés.

La question est embarrassante, car on ne sait pas les intégrer dans le fichier électoral inadapté qui ne contient pas toutes les données démographiques. Pas dans un fichier électoral corrompu, car les listes électorales qui sortiraient de ce fichier électoral ne seraient pas fiables, explique-t-il.

Quant au timing, l’étude menée démontre que l’enrôlement des Congolais de la diaspora prendra 8 mois. Celui des Congolais des Etats-Unis et de l’Europe va s’étaler sur une durée de 2 mois. Tandis que ceux de la zone Afrique va se faire en 2 mois. La préparation du projet de loi prendra 3 mois.

Par ailleurs, le président de la LINELIT indique que la construction d’un nouveau fichier électoral peut se faire pendant 22 mois. Tandis que l’appel d’offres et le déploiement du matériel électoral prendront chacun 2 mois, l‘actualisation de la cartographie des opérations électorales s’étend sur 1 mois.

En ce qui concerne l’agitation politique actuelle, l’étude démontre qu’il existe des zones de turbulences au sein de grandes familles politiques. C’est le cas de la suspension 1’Adolphe Muzito (PALU), la’ naissance du G7 au sein de la MP, la démission de Moïse Katumbi du PPRD, le projet de loi sur le référendum...

Par conséquent, le processus électoral est actuellement dans l’impasse totale, le calendrier électoral global devient irréalisable. Il est donc difficile de faire face aux contraintes politiques, techniques, logistiques et financières.

Etant donné que le cycle électoral 2011-2016 accuse un grand retard du point de vue organisationnel des échéances électorales, il est souhaitable de s’investir dans l’émergence d’un consensus électoral large et solide afin de sauver le processus électoral congolais qui est au bord de la dérive. Si la solution politique n’est pas trouvée d’ici décembre 2015, la tenue de la présidentielle et des législatives nationales serait hypothéquée, estime le coordonnateur de AETA. Et de souligner: « Pour dégager un consensus électoral et un compromis politique, « le dialogue politique demeure un impératif incontournable », Car la tenue des élections consensuelles et apaisées en dépend.

Par A.T.