Qui est vraiment Jean-Pierre Bemba, condamné pour crimes contre l’humanité ?

Lundi 28 mars 2016 - 15:40
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Fils de Jeannot Bemba ­Saolana, patron des patrons du temps de Sese Seko Mobutu, Jean-Pierre Bemba, 53 ans, est un pur produit de la grande ­bourgeoisie de Kinshasa, la capitale de l’actuelle République démocratique du Congo (RDC). Entrepreneur actif dans les domaines de la téléphonie mobile, du fret aérien et des médias, sa fortune s’est construite grâce aux accointances politiques de son père, mais elle est aussi le fruit du pillage des matières premières dont regorge son pays.

Un sinistre chef de guerre

Il fuit son pays lorsque les rebelles de Laurent-Désiré Kabila prennent lepouvoir en 1997. Aidé par l’Ouganda, ­il fonde un an plus tard le Mouvement de libération ­du Congo (MLC), l’un des principaux groupes politico-militaires du pays. Ses miliciens sont accusés d’exactions
multiples en RDC mais aussi en Centrafrique où, d’octobre 2002 à mars 2003, ils ont soutenu le président de l’époque alors confronté à une rébellion. Ce sont les cri­mes commis lors de cette intervention qui lui ont valu d’être poursuivi par la Cour pénale internationale.

Un politique contrarié

Le « chairman » – comme le surnomment ses partisans –, qui se veut l’héritier politique de feu Sese Seko Mobutu, accède à la vice-présidence de la RDC en 2003, à la suite d’un accord de partage du pouvoir entre belligérants. Trois ans plus tard, lors de l’élection présidentielle, il arrive en deuxième position, derrière Joseph Kabila. ­Populaire dans la capitale et dans l’ouest du pays, il est élu sénateur en 2007 mais prend le chemin de l’exil, sous le coup d’un mandat d’arrêt pour haute trahison après des combats entre sa garde et l’armée.

Un « commandant » condamné

Jean-Pierre Bemba, qui n’a jamais abdiqué ses ambitions présidentielles, espérait être innocenté à l’issue de son procès devant la CPI. Lundi 21 mars, il est finalement condamné en tant que « commandant militaire », n’ayant rien fait pour empêcher les crimes de ses hommes en République centrafricaine. Alors que la ­sentence ne sera connue que dans quelques mois, et que la CPI le poursuit aussi dans une affaire de subornation de témoins, sa participation à l’élection présidentielle, prévue pour la fin 2016, semble d’ores et déjà compromise.

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