RAPPORT DE LA COMMISSION PARLEMENTAIRE DÉPÊCHÉE À BENI : Lusenge accuse le gouverneur Julien Paluku

Mardi 25 novembre 2014 - 13:40

La plénière du vendredi 20 novembre2014 l’Assemblée nationale avait adopté le projet de loi sur la sécurité sociale malgré quelques amendements apportés par le député Lumeya. Au cours de ces travaux, les membres de la commission dépêchée à Béni par le président de l’Assemblée nationale en vue de recueil tir des informations sur la situation sécuritaire dans cette province cl réconforter la population victimes de ces tueries, a fait le rapport de leur mission. Au regard de cette enquête, la commission a formulé quelques recommandations pertinentes. Occasion pour certains ressortissants de cette province de dénoncer le chef de l’Exécutif provincial du Nord Kivu de ne pas fournir les bonnes informations quant à la situation de tuerie de la population il y a près de deux semaines.

La commission a souligné que ce rapport est circonscrit dans le temps parce qu’actuellement, l’on enregistre d’autres massacres.

La situation a donc évolué. Pour bien mener cotte mission, recueillir des informations sur cette s:tuation et réconforter la population victime de ces atrocités, la commission a utilisé une méthodologie bien précise. Notamment, l’organisation des réunions -la I ère était menée sous la direction du questeur de l’Assemblée nationale, avec le ministre de l’intérieur…-, la descente sur les lieux de tuerie; l’entretien avec les couches de la population, les victimes, les témoins et les services de l’Etat ainsi la proposition des recommandations à l’Assemblée nationale et au gouvernement afin d’éviter ces événements sanglants. Ces réunions ont tourné autour des trois points essentiels. A savoir : la présentation de l’objet de la mission aux membres de l’Exécutif, la sollicitation du concours de l’Exécutif pour la réussite de la mission et la sécurisation des membres de cette commission. Au cours de ces réunions, la population a exposé les points saillants sur cette situation. Notamment, la nécessité de mettre en œuvre la parole du chef de l’Etat quant à la mutation des services de l’Etat, les difficultés de se battre avec un ennemi non encore identifié, le risque de la généralisation de la tuerie, la demande d’explication au membre du parlement et du gouvernement, le non paiement de certains militaires se trouvant au front, l’incohérence dans le commandement des différents éléments, l’immobilisme de la MONUSCO face à la tuerie et les tracasseries militaire et policière.

De la descente sur les sites de tuerie

Arrivée sur ces sites, la délégation conduite par le questeur de l’Assemblée nationale s’est directement inclinée sur les tombes des victimes de ces tueries. Ensuite, elle s’est rendue sur les différents lieux où les dégâts étaient encore perceptibles et a également procédé à l’identification des témoins et rescapés ainsi qu’à un audit aux agents des services de sécurité et à la population. Hormis cela, elle a aussi organisé, du 20-23 octobre, une série d’entretiens avec les membres du comité de sécurité, les organisations de la Société civile, les médecins du centre de santé de référence, les témoins et rescapés, les motards, les étudiants... Après ces entretiens, le constat fait: premièrement, plus de 80% de personnes sont tuées à l’espace de deux semaines et quelques autres tueries ont déplorées quelques jours après. Et le nombre a augmenté. Deuxièmement, habillés en uniforme militaire, soutane et pagne, ces assaillants opèrent à l’aide d’armes blanche -machettes, couteaux... et s’expriment en Swahili, Kigana et Kinyarwanda. Les principales victimes sont la population et les éléments des FARDC. Troisièmement, aucun assaillant arrêté, juste un seul capturé et incinéré. Ils tuaient et pillaient tout ce qu’ils voyaient et opéraient sur la route nationale n°4. Quatrièmement, la crise de confiance entre les services sécuritaires, autorités politico-administrative et la population.

Cinquièmement, l’absence de l’intervention des éléments des FARDC à cause de la complicité de certains services dans le seul but de l’exploitation illicite -café, carburant, véhicules... Sixièmement, la crise de confiance entre la population et la MONUSCO accusé de complicité, avec la population et la PNC, l’insuffisance des moyens matériel et financier permettant à la PNC de bien faire son travail, le mouvement migratoire accentué. De la population, la famille, cette délégation a constaté que c’est la peur et l’incertitude qui exposent la population à la méfiance, â la rumeur et à l’intoxication. Dans ce cas précis, le chômage constitue un facteur. Face à cet état des choses, la commission a formulé quelques recommandations au gouvernement et à l’Assemblée nationale. Au gouvernement, la prise en charge des rescapés, victimes et retourné; paiement des factures des centres de santé et hôpitaux; l’appui substantiel aux formations médicales au regard du taux d’accroissement des malades: la dotation de la PNC et services de sécurité des moyens pour faciliter leur travail; la redynamisation de l’opération SOKOLA1, le paiement de salaire et prime des militaires; remplacement des éléments de la PNC, FARDC et d’autres services par les ressortissants d’autres provinces.

Réactions

A l’Assemblée nationale, la nécessité d’une enquête parlementaire en vue de rétablir la responsabilité; la rencontre entre les députés nationaux du Nord Kivu et les politiques afin d’harmonisation et cohabitation entre la population.

Interrogé à cet effet, le député de Jérôme Lusenge Bonane, ressortissant de ce coin du pays, a fait savoir que beaucoup de gens font du mal à l’autorité n°1 du pays. A en croire ce député de Lubero, la seule personne censée donner des éléments sûrs sur ces tueries est le gouverneur du Nord Kivu. Malheureusement, a-t-il précisé, lui par contre le désoriente en lui donnant des fausses informations. Lusenge a dénoncé les politiciens du Kivu, en quête, selon lui, des postes pour se maintenir au pouvoir et qui donnent des faux rapports pour maintenir leur province dans la misère. Il a pour ce faire cité le cas précis de Julien Paluku, l’actuel gouverneur, qui affirme que les FARDC fonctionnaient très bien. «Le rapport établit clairement que nos services ont failli à leur mission et n‘ont pas bien fait leur travail mais le gouvernement provincial cherche à faire croire aux gens qu‘il n‘y a rien et que ces services fonctionnaient très bien. C’est qui n ‘est pas le cas», s’est-il exprimé tout en indiquant que la xénophobie et les problèmes ethniques dans ce coin du pays battent leur plein.

 

Sandrine N’TSHIRI