RUTSHURU/NORD-KIVU LES FDLR EXIGENT LA RANÇON POUR LES IMAMS TANZANIENS KIDNAPPÉS

Vendredi 7 août 2015 - 06:09

On en sait un peu plus sur le sort des six imams tanzaniens kidnappés en début de semaine et dont on était sans nouvelles dans le groupement de Nyamilima, territoire de Rutshuru au Nord-Kivu. Hier, on a appris que ce sont les FDLR qui revendiquent cet enlèvement de six imams en exigeant une rançon de 6.000 Usd pour leur libération.
Dans l’entretemps, trois de ces six imams étaient parvenus à s’échapper de leurs geôliers. Ils ont confirmé avoir été enlevés par les combattants Hutu rwandais des FDLR qui sévissent encore dans toute cette région malgré la traque menée par les Fardc voici bientôt cinq mois. Aucun groupe de ces innombrables milices locales qui opèrent impunément dans cette zone de Rutshuru-Masisi-Walikale ne s’est jamais livré à des kidnappings avec payement de rançon.
Raison pour laquelle, dès l’annonce de ce kidnapping de six imams tanzaniens, tous les regards sont restés tournés vers les FDLR. Il n’y a qu’eux qui pouvaient se livrer avec délectation à des enlevements. Cette action montre que ces hommes sont encore bien actifs ici en dépit de l’opération de traque.
Du reste au courant de la semaine, une polémique a nourri le microcosme politique infranational. C’est celle des effectifs des FDLR qui sont encore opérationnels après cinq mois de traque. Des chiffres s’entrechoquent. Le Gouvernement parle de 400 éléments qui sont encore actifs. Tandis que le Rwanda avance, pince-sans-rire, un chiffre de 3.500 combattants.

LE DEBAT SUR LA SOLUTION POLITIQUE DE LA QUESTION DES FDLR
La Monusco, pour sa part, parle d’un peu plus d’un millier d’hommes, ce qui correspond aussi au chiffre donné par des experts de la région des Grands lacs. L’enlèvement par les FDLR de six imams tanzaniens dont trois encore entre leurs mains vient relancer le débat sur la solution politique comme moyen de résolution de la problématique de ces Hutu rwandais.
Le recours à la force même avec le soutien de la Monusco risque d’atteindre les résultats escomptés. C’est le message que renvoient les FDLR, cinq mois après l’opération de traque des Fardc. Il faut trouver un mécanisme pour leur retour sécurisé et sous garantie internationale au Rwanda.
Que la Communauté internationale, qui a imposé à la RDC l’usage de la force contre les FDLR, puisse se ressaisir et changer le fusil d’épaule. Il faut une issue politique. Ce n’est pas au bout d’une simple opération de traque qu’on peut venir à bout d’une force come les FDLR.
Ces combattants ont ici avantages en tout point de vue. Ils connaissent le terrain comme leur poche. Car ils y ont évolué depuis 20 ans. Ils disposent des caches d’armes dans la forêt dense, dont ils connaissent tous les arbres.
Ces Fdlr exploitent illégalement l’or, se livrent au commerce du bois de chauffe qui leur rapporterait 30 millions Usd par an selon les spécialistes. Ils pratiquent aussi le braconnage du gros gibier dans le Parc des Virunga où ils évoluent aussi come un poison dans l’eau depuis 1994.
Autrefois, avant même le lancement de ces opérations de traque contre les FDLR, Martin Köbler n’avait eu de cesse de soutenir publiquement que la guerre contre les FDLR ne sera pas facile du tout et sera longue, même très longue. Car ces éléments sont cachés dans la forêt dense et utilisent les populations civiles des villages qu’ils occupent comme bouclier humain. Aujourd’hui, le temps a donné raison à ces propos de l’Allemand Martin Köbler. Cinq mois après la traque, les FDLR ont eu la force de kidnapper six imams tanzaniens dans la contrée de Rutshuru.
L’équation serait du reste la même, même avec l’appui des Casques blues de la Monusco. Ce qui ramène, une nouvelle fois à l’obligation d’une solution politique à imposer au Rwanda.KANDOLO M.

 

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