Sukola II : nouveau camouflet à Beni

Jeudi 5 février 2015 - 15:33

A qui profite (ent) ces massacres à répétition?

Après l’opération « Sukola Il » rondement menée par les FARDC contre les rebelles ougandais de l’ADF/NaIu dans la périphérie de la ville de Beni entre novembre 2014 et janvier 2015, l’on a cru que cette partie de la République ne serait plus en proie aux coups fourrés des forces négatives. Hélas, un nouveau camouflet vient d’être infligé aux FARDC, en pleine opération « Sukola Il », dont la version en cours concerne la traque des FDLR, officiellement lancée le jeudi 29 janvier par le Chef d’Etat-major de l’armée nationale, le général Didier Etumba, à partir du chef-lieu de la province du Nord-Kivu.

En effet, des sources concordantes font état du massacre de plusieurs dizaines de personnes, dans la nuit de mardi à mercredi, dans le village de Mayaigose-Kibidiwe, à une quinzaine de kilomètres de la ville de Beni. Comme entre septembre et novembre 2014, les victimes ont été coupées à la machette par des inconnus armés. Comme il y a deux-trois mois, les criminels ont disparu sans laisser la moindre trace. Mais d’aucuns pensent qu’il s’agit d’une attaque des rebelles de l’ADFI Nalu, qui n’ont jamais été totalement anéantis dans le cadre de l’opération « Sukola Il».

La situation est d’autant gênante que le « commando invisible » a frappé au moment où un impressionnant dispositif sécuritaire des éléments des FARDC s’y trouve déployé, avec le soutien logistique de la Monusco. Fait curieux, l’attaque est intervenue une semaine après la levée du couvre-feu décrété par les autorités militaires et civiles peu avant la fin de l’année, afin de mieux démanteler les gangs des tueurs qui semaient l’insécurité dans cette partie du Nord-Kivu. C’est comme si les ennemis de la paix au Nord-Kivu n’attendaient qu’un relâchement de vigilance de la part des troupes loyalistes pour replonger Beni dans la spirale de la terreur.

Autre fait troublant des inconnus ont de nouveau massacré des compatriotes en Province Orientale, par décapitation à la machette, après la tragédie du samedi 31janvier à Aru, où une quinzaine de personnes ont été tuées. Le réveil subit des forces négatives au Nord comme à l’Est du pays fait penser à une stratégie visant à distraire les FARDC à l’heure où elles sont occupées à démanteler les réseaux des FDLR (Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda) à travers monts, vallées et forêts du Nord-Kivu.

A qui profite (nt) ces massacres à répétition ?

Qui arme (nt) les forces négatives (rebelles ougandais et rwandais, bandits congolais) ? Qui les finance (nt) ? Qui les parraine (nt) politiquement ? A qui profite (nt) les massacres à répétition que tout le monde déplore aussi bien au Nord-Kivu qu’en Province Orientale ? Selon lés analyses de nombre d’observateurs, la République doit avant tout identifier clairement et neutraliser, les commanditaires (bailleurs de fonds, fournisseurs d’armes, parrains politiques et militaires) des actions des forces négatives si elle veut retrouver une paix durable. Tant que celles-ci ne seront pas coupées de leurs sources de financement et d’approvisionnement en armes ainsi de leurs parapluies de protection politique et militaire, elles ne renoncer ont jamais à leurs activités criminelles.

Comme dit plusieurs fois par le passé, les traitres à la cause de la paix se recrutent aussi bien dans les institutions provinciales et nationales du pays, qu’au sein de l’armée nationale des services de sécurité, de la territoriale, de la population civile autochtone... bref, dans tous les segments de la vie nationale. Des investigations sérieuses devraient être menées par des limiers réellement patriotes et transmises à des décideurs politiques non engagés dans le double jeu de la fausse recherche de la paix et du vrai torpillage des initiatives de pacification pour espérer obtenir des résultats durables dans la lutte contre les forces négatives.

D’où, au lieu de s’accrocher à la partie visible de l’iceberg que sont les ADF/ Nalu, M23 et autres FDLR, les autorités civiles et militaires devraient s’attaquer au gros bloc enfoui sous les eaux.
Mais ici, aussi, le grand mal est qu’au lieu de rechercher les traitres sur la base des informations fiables, l’on a tendance à verser dans des règlements des comptes.

Un environnement régional vicié

La lutte contre la grande insécurité au Nord-Kivu et en Province Orientale exige maintenant des actions urgentes, compte tenu du pourrissement de la situation sécuritaire au Nord, à l’Ouest, au Centre comme à l’Est de l’Afrique. Au moment où des groupes terroristes organisés tels que les islamistes intégristes, Boko Haram et autres Shebabs contrôlent de larges espaces géographiques en Libye, au Niger, au Mali, au Nigeria, au Cameroun, au Soudan et en Somalie, il faut beaucoup prier pour qu’ils ne fassent pas jonction avec la LRA, les Mbororo, l’ADF/ Nalu ou les FDLR.

Si par malheur, la RDC n’arrive pas à établir un corridor de sécurité contre la montée du terrorisme dans la périphérie de son territoire, elle risque d’être embarquée dans un cycle de violences à même de la faire imploser comme Etat. Pendant que la communauté internationale la porte encore à bout de bras pour la remettre sur la voie de la stabilité et de la démocratie, elle n’a pas le droit de gaspiller ses chances de survie comme Etat-Nation.
Kimp