Tshisekedi : rentrée politique à Bruxelles

Lundi 23 février 2015 - 10:03

En séjour à Bruxelles depuis le mois d’août 2014, pour des raisons de santé, Etienne Tshisekedi n’était jusque-là visible que du pré-carré de sa famille biologique et de quelques cadres de son parti, l’UDPS (Union pour la Démocratie et le Progrès Social) triés sur le volet. Mais l’homme que l’on disait très malade et sur une chaise roulante a surpris l’opinion tant nationale qu’internationale à l’occasion des journées folles du 19 au 21 janvier 2015, en appelant, sur les antennes de RFI, le peuple congolais à faire échec à tout tripatouillage de la Constitution et de la Loi électorale.

Un mois après, il a décidé de réserver une seconde surprise aux Congolais de la diaspora en général et aux sympathisants de son parti, le samedi 21 février à l’hôtel Plazza de Bruxelles. Invité- spécial d’une grande réunion politique ayant regroupé cadres et militants de Belgique mais aussi de plusieurs pays d’Europe, Etienne Tshisekedi est descendu, sur ses deux pieds, de la voiture qui l’a conduit sur le lieu, avant de se diriger, sans béquilles ni l’aide de quiconque, vers la salle où l’attendait une grande foule.
Accueilli sous une salve d’applaudissements, il est allé s’asseoir aux côtés de son épouse, Marthe Kasalu. Après avoir suivi de brefs messages de bienvenue lui adressés par des délégués de différentes fédérations de l’UDPS en Europe, l’opposant historique a finalement pris la parole. Les premiers mots de son message ont porté sur l’unité du parti, socle autour duquel devraient se bâtir toutes les victoires politiques à venir. D’aucuns ont tout de suite pensé aux échéances annoncées dans le calendrier électoral global publié par la CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante) le 12 janvier 2015.
En second lieu, Etienne Tshisekedi est revenu sur son credo de la campagne électorale de 2011, à savoir le retour incontournable à l’Etat de droit. Pour le Sphynx de Limete, c’est le patrimoine commun pour lequel tous les citoyens de la RDC devraient se battre.
Enfin, il a chuté en réitérant son appel au dialogue lancé à la Monusco et à la Communauté interne, afin qu’elles aident les Congolais à résoudre la crise de légitimité au sommet de l’Etat qui plombe la vie nationale depuis novembre 2011. Légaliste, il s’est gardé de souscrire à un quelconque schéma de prise du pouvoir par des voies non démocratiques.
Aussitôt après la fin de son propos, la table où était placé le leader de l’UDPS a été prise d’assaut par une longue file de personnes désireuses de prendre une photo-souvenir avec lui. En dépit de sa disponibilité à assouvir la soif de tout le monde, son protocole a créé des mécontents quand il a décidé de mettre un terme à la séance de photos. Son retour vers sa résidence s’est transformé en véritable carnaval.
Etienne Tshisekedi sera-t-il, comme en 2011, de nouveau candidat à la magistrature suprême du pays ? Difficile de l’affirmer à ce stade, car l’intéressé n’a évoqué aucun agenda politique particulier au cours de ce que les observateurs considèrent, à tort ou à raison, comme sa rentrée politique. Quelques inconditionnels présents à l’hôtel Plazza lui ont anticipativement promis leurs voix, dans l’hypothèse où il se présenterait, en 2016, sur la ligne de départ pour la présidentielle.
Malade ou agonisant, cet animal politique a démontré, à tous, que ses jambes et son cerveau fonctionnent encore. Cette première apparition publique, après 7 mois d’hibernation, risque de faire bouger les lignes au sein de la classe politique congolaise, où d’aucuns l’avaient déjà pointé non partant pour la compétition électorale.
Kimp