Viols en RCA : des éléments FARDC soupçonnés

Vendredi 21 août 2015 - 09:46

Jusque là, l’ONU n’a pas encore confirmé la nationalité des soldats incriminés mais ces faits se sont déroulés à Bambari où il n’y a que les casques bleus congolais

Il y a une semaine, le chef de la Mission des Nations Unies en Centrafrique, le Sénégalais Babacar Gaye, a été contraint à démissionner par le Secrétaire Général des Nations Unies, Ban Ki-moon suite aux allégations d’abus sexuels dont sont coupables les soldats de la paix. Babacar Gaye est remplacé à ce poste par le Gabonais Parfait Onanga-Anyanga.

Parfait Onanga-Anyanga, âgé de 56 ans, a auparavant occupé le poste de représentant spécial et chef du Bureau des Nations unies au Burundi (BNUB) du 7 juin 2012 au 31 décembre 2014, date à laquelle le Bureau a été fermé. Produit de la filière onusienne, il a occupé plusieurs postes à responsabilités aux Nations unies depuis 1998 et a notamment travaillé sur les questions de sécurité internationale et régionale.

Il a dirigé de 2007 à 2012 le cabinet de la vice-secrétaire générale des Nations unies à New York où il a œuvré, entre autres, à la promotion des Objectifs du millénaire pour le développement.

Discrédit

D’après une source onusienne, les militaires de la RDC travaillant sous le drapeau des Nations Unies en RCA seraient parmi les auteurs des viols sur les mineurs dans le pays de Catherine Samba Panza. En effet, ces trois Casques bleus congolais de la Minusca seraient impliqués dans trois nouveaux cas de viols en Centrafrique.

Ces viols présumés auraient été commis dans la ville de Bambari, au nord-est de Bangui où le contingent de la Minusca en mission est composé des casques bleus rd congolais. Trois éléments sous le drapeau de l’ONU sont mis en cause par trois jeunes femmes. Parmi les victimes figure une mineure, signale RFI.

L’ONU n’a pas confirmé la nationalité des soldats incriminés, mais à ce jour seule la République démocratique du Congo a des troupes déployées à Bambari. Dans les coutumes et us des Nations Unies, le pays dont les soldats sont originaires a été informé par les Nations unies.

Il doit dans un délai de dix jours indiquer s’il a l’intention d’enquêter. Si le pays répond par la négative, c’est l’ONU qui mènera sa propre enquête.

Informé, le ministre congolais de la Justice a promis hier jeudi d' » engager des poursuites » à leur encontre. Mais l’armée congolaise refuse de croire à la culpabilité de ses éléments présents sur le territoire centrafricain.

C’est une affaire qui risque de faire désordre à Kinshasa. Au lendemain de l’annonce des trois nouveaux cas de viols à Bambari, au nord-est de Bangui, lesquels impliqueraient trois Casques bleus appartenant au contingent de la RDC, Alexis Thambwe Mwamba, ministre congolais de la Justice, a indiqué à l’AFP qu’il a » donné injonction au général [Joseph] Ponde, auditeur général des forces armées, pour engager des poursuites sur la base du dossier que l’ONU mettra à la disposition de la RDC « .
» La RDC ne pouvait pas tolérer de tels actes, et que les militaires concernés seraient rapatriés et jugés devant une cour militaire. « , ajoute le ministre de la Justice, Me Alexis Thambwe Mwamba.

Mauvaise publicité pour salir l’image des Fardc

Contacté par Jeune Afrique, le général Léon Kasonga, porte-parole des Forces armées de la RDC (FARDC), a rejeté d’emblée toute implication des troupes congolaises qui participent à la Minusca à ces nouveaux cas de viols.
» C’est une mauvaise publicité pour tenter de salir l’image de nos soldats afin d’affaiblir la mission onusienne de maintien de la paix « , a-t-il juré.

» C’est du droit du ministre de s’exprimer ainsi. Mais je maintiens que nos militaires ne sont pas impliqués dans cette affaire de viols en Centrafrique « , a martelé l’officier.

En attendant que la RDC fasse quelque chose pour poursuivre les casques bleus coupables, tous les yeux sont tournés vers New York où se tient une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies.

La question de ces nouveaux cas de viols impliquant les Casques bleus ne manquera pas d’être abordée. S’il est avéré qu’il s’agit bien de soldats congolais, la RDC aura 10 jours pour entamer des enquêtes. Sinon, c’est l’ONU elle-même qui s’en chargera.

Diane Corner fronde

La Représentante spéciale adjointe des Nations Unies en République centrafricaine, Diane Corner, a réitéré hier jeudi la détermination de la Mission intégrée multidimensionnelle de stabilisation des Nations Unies dans ce pays (MINUSCA) à empêcher ses Casques bleus de commettre des abus sexuels, alors qu’une série d’allégations visent les soldats de la paix.

» Nous sommes déterminés à régler ce problème et à nous assurer que la Mission de l’ONU remplit son mandat, sert les gens de la République centrafricaine, en incluant en particulier les victimes de ce type d’abus « , a dit Mme Corner lors d’un point de presse par vidéoconférence avec des journalistes à New York. Elle a indiqué que 13 cas d’abus sexuels présumés impliquant des soldats de la MINUSCA ont été enregistrés depuis le 15 septembre 2014, dont neuf cas concernant des mineurs.

» La forte augmentation du nombre de cas signalés au cours des trois derniers mois est une source de préoccupation. Toutefois, cela est dû en partie au déploiement du réseau de bureaux de terrain de la MINUSCA « , comptant notamment des employés spécialisés dans les droits de l’homme et la protection de l’enfance, a souligné la Représentante spéciale adjointe.

Elle a ajouté que face à ces allégations, la réponse de la MINUSCA a été de vérifier rapidement si celles-ci étaient crédibles et de fournir aux victimes une assistance médicale et psychologique.

» Nous consacrons également beaucoup d’efforts à prévenir les cas d’abus sexuels. Les troupes servant au sein de la MINUSCA suivent des formations, notamment concernant l’exploitation et les abus sexuels avant leur déploiement dans le pays et quand elles travaillent au sein de la Mission « , a dit Mme Corner, précisant que des directives ont été publiées pour rappeler aux Casques bleus la politique de tolérance zéro de l’Organisation en matière d’exploitation et d’abus sexuels.

Elle a ajouté que la MINUSCA évaluait comment accroître ses efforts de prévention, notamment en développant une nouvelle formation pour tous les employés.

Par ailleurs, la Représentante spéciale adjointe a indiqué qu’il y avait des signes encourageants de la part des pays contributeurs de troupes. La République du Congo a ainsi amélioré la formation de ses soldats et de ses policiers en matière de lutte contre l’exploitation et les abus sexuels.

» Politique de tolérance zéro «

Le Conseil de sécurité de l’ONU a déclaré le mardi 18 Août 2015 partager la colère du Secrétaire général Ban Ki-moon concernant les allégations d’exploitation et d’abus sexuels par des Casques bleus en République centrafricaine et a salué l’engagement du chef de l’Organisation à appliquer une politique de tolérance zéro. Dans une déclaration à la presse, les membres du Conseil ont également rappelé que les Casques bleus sont là pour protéger les civils dans les zones où ils sont déployés et qu’ils doivent respecter le droit international, notamment en ce qui concerne les droits de l’homme.

En effet, l’organisation non gouvernementale Amnesty International a affirmé la semaine dernière que des Casques bleus ont tué un adolescent de 16 ans et son père et ont violé une fillette âgée de 12 ans en République centrafricaine.

Lors d’une réunion par vidéoconférence jeudi dernier avec les chefs de missions de maintien de la paix, le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, leur a rappelé la tolérance zéro de l’Organisation en ce qui concerne les abus sexuels.
Dans leur déclaration à la presse publiée mardi, les membres du Conseil de sécurité ont souligné que » l’ONU ne devait pas laisser les actions de quelques-uns ternir le travail héroïque des dizaines de milliers de soldats de la paix et de personnel des Nations Unies « .

Ils ont salué l’engagement du Secrétaire général à appliquer strictement sa politique de tolérance zéro et ont noté la récente nomination d’une commission externe indépendante pour examiner les allégations concernant des abus en République centrafricaine et la réponse systémique de l’Organisation. Ils ont dit attendre avec impatience que les conclusions de cette commission soient rendues publiques.

Le Conseil de sécurité a réaffirmé que les pays contributeurs de soldats et de policiers avaient pour responsabilité d’enquêter sur les allégations visant leurs troupes, d’engager des poursuites si nécessaire, et d’informer l’ONU, en temps opportun, des progrès et des résultats des enquêtes.

Par GKM

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