Tribune :,Chronique  du processus démocratique en République démocratique du Congo. DE 1957 à l'alternance (C.  Ngoma) 

Vendredi 28 juin 2019 - 13:52
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CHRONIQUE DU PROCESSUS DÉMOCRATIQUE EN RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO. 
DE 1957 À L'ALTERNANCE 

INTRODUCTION 

Le 30 juin de chaque année offre l'occasion de regarder dans le rétroviseur afin d'évaluer le chemin parcouru en tant que nation depuis notre accession à la souveraineté nationale et internationale. Nous nous appésantirons ici sur l'historique de la démocratie qui a connu des fortunes diverses au cours de ces 59 années d'indépendance, quoique son implémentation ne date pas du jour de l'indépendance. 

AUX ORIGINES COLONIALES DE LA DÉMOCRATIE CONGOLAISE 

En effet, l'État Congolais  est né bien après les cycles électoraux de 1957 et 1960, c'est-à-dire avant la date historique du 30 juin 1960 qui traduit la réalité d'une indépendance politique. Dès 1957, la Belgique avait pris la résolution d'initier les autochtones à la gouvernance. Ce geste de la Belgique faisait suite à l'intérêt manifesté par l'élite congolaise de l'époque qui tenait mordicus à être mise à contribution dans la gestion du pays. 

À Léopoldville, un groupe d'autodidactes emmenés par l'abbé MALULA, parmi lesquels figuraient Ngalula Mpandanjila et Joseph Iléo, s'était fait remarquer par un document avant-gardiste qui circulait sous le manteau chez les "indigènes". Le "Manifeste de la conscience africaine" était une réaction surprenante - aux yeux de l'administration coloniale - au Plan Van Bilsen qui préconisait  l'échelonnement de l'accession des Congolais à l'indépendance sur 30 ans.

Grâce au "Manifeste de la conscience africaine", la Belgique découvre certains éléments du langage préoccupants chez les auteurs. On y parle charte des Nations Unies, Déclaration Universelle des droits de l'homme, obligation pour les peuples à s'autodéterminer, etc. Les auteurs n'hésitent pas à oser la comparaison avec les colonies anglaises et françaises où des "indigènes" étaient déjà au coeur des appareils étatiques, en prélude à leur émancipation totale. 

Cet avant-gardisme de l'élite congolaise obligea la Belgique à rattraper son retard en expérimentant la praxis démocratique dans quatre villes de la colonie, dont Léopoldville, Élisabethville , Jadotville  et Stanley-Ville. Ces élections communales consacrèrent la première expérience démocratique dans ce qui deviendra la République du Congo, le Zaïre et la République Démocratique du Congo. 

Certains vainqueurs de ces élections communales à l'instar du  bourgmestre de la commune léopolvilloise de Dendalle Joseph Kasavubu ou Moïse Tshombe vont asseoir leur légitimité et se placer en pôle position pour les enjeux électoraux à venir. Entre temps, la plupart d'organisations tribales auxquelles ils appartenaientvse muèrent  pour le besoin de la cause en partis politiques ayant pignon sur rue. L'ABAKO de Joseph Kasavubu et la CONAKAT de Moïse Tshombe ouvriront ainsi la voie à une multitude des partis politiques faisant de l'appartenance à une tribu le principal critère d'adhésion. 

Le seul parti qui échappa  à la coloration tribale sera celui fondé par le cercle de réflexion rédacteur du "Manifeste de la conscience africaine", à savoir "Le Mouvement National Congolais", MNC. Ce parti réunissait à sa création des leaders de tous les bords tels que Ngalula Mpandanjila, Joseph Iléo, le syndicaliste Cyrille Adoula, Albert Kalonji, le marketeur Patrice Émery Lumumba, le journaliste Joseph Désiré Mobutu, etc. Le MNC a été imité plus tard, du moins au niveau de dénomination, par un autre parti sans connotation tribale, le Parti Solidaire Africain, créé dans la foulée par Sylvain Nkama et Pierre Mulele qui en confièrent  les rênes à un certain Antoine Gizenga. Toutefois il s'avérera que la plupart des leaders de ce parti seront des ressortissants du Kwango et du Kwilu, ce qui confinera ce parti dans la province de Léopoldville de l'époque. 

C'est donc sur fond de multipartisme qu'ont été  organisées en mai 1960 des élections provinciales et législatives programmées par la table ronde politique de Bruxelles où les leaders congolais avaient convenu d'un échéancier pour le transfert du pouvoir au 30 juin 1960.

Aussi le Congo a-t-il accédé à l'indépendance en pleine possession d'institutions démocratiques animées par des animateurs dûment élus. D'où vient-il alors que la démocratie qui était déjà un acquis à l'indépendance soit devenue par la suite une denrée rare au point de plonger le pays dans un coma profond, duquel il essaie tant bien que mal à sortir en balbutiant à nouveaux frais une nouvelle expérience démocratique ?

LA MORT DE LA DÉMOCRATIE ET SES ASSASSINS

Il y a de quoi considérer que l'architecture démocratique ayant supplanté l'administration coloniale à l'indépendance était mort-née. Tout semblait  avoir été mis en oeuvre pour que le dispositif ne fonctionne pas, surtout après le discours du Premier ministre Lumumba à la cérémonie de l'indépendance qui effilochait le lien paternaliste avec la Belgique. 

La première mèche a été allumée par le Katanga onze jours seulement après l'indépendance. Le 11 juillet 1961, Moïse Tshombe porté à bout de bras par l'Union Minière du Haut-Katanga décréta la naissance de l'État Katangais. Un mois après, ce fut au tour d'Albert Kalonji dit Mulopwe de détacher son Kasaï natal de la mère patrie. Et pendant que le gouvernement central s'ingéniait à juguler ces deux crises, il sera lui-même miné par des tensions internes qui se solderont par la démission du Premier ministre par le Président de la République et celle consécutive du Président de la République par le Premier ministre. Le terrain était alors propice pour un troisième larron qui en profita pour congédier à long terme la démocratie au profit d'une dictature parrainnée par les puissances occidentales au plus fort de la guerre froide. 

Le tout premier coup de semonce contre la démocratie a été asséné par le Colonel Joseph Désiré Mobutu. Circonvenu par la Belgique et la CIA, il neutralisa le 5 septembre 1960 les deux têtes de l'exécutif avant de confier le destin du pays à un gouvernement d'exception dénommé "gouvernement des commissaires généraux". Pilotés par Justin Marie Bomboko, les commissaires généraux étaient pour la plupart des étudiants congolais appelés en renfort de l'Université de Lovanium ou de la Belgique pour fourbir leurs armes dans un nouveau mode de gouvernance sous-tendu par la commandite internationale. Le gouvernement des commissaires généraux mis en place le 13 septembre 1960 ressembla à une sorte de passage initiatique en vue de l'installation définitive d'une dictature aux ordres des puissances occidentales. Larry Develin, dans son livre intitulé "Le Chef d'antenne" raconte comment la CIA s'est constitué, dans le gouvernement des commissaires généraux,   un vivier de futurs dirigeants qui devraient évoluer sous l'encadrement des États-Unis d'Amérique pour que le Congo ne bascule pas dans le bloc communiste. C'est pour cette raison fondamentale que la principale mission des commissaires généraux consistait à anéantir Lumumba - perçu comme un communiste - et ses plus farouches partisans. C'est dans cet esprit qu'il faut interpréter la lettre envoyée le 23 décembre 1960 à Albert Kalonji Mulopwe par le commissaire général adjoint à la justice Étienne Tshisekedi qui envoyait à la potence une dizaine de lumumbistes considérés comme les adeptes du "crapeaud", nom de code donné à Lumumba par les commissaires généraux. 

C'est donc sous le règne des commissaires généraux que le premier coup fatal fut porté à la démocratie congolaise naissante, notamment à travers l'assassinat du vainqueur des élections de 1960. L'assassinat de Patrice Émery Lumumba  le 17 janvier 1961 et la mise à l'écart des élus de son camp sonnèrent la fin de la démocratie naissante. 

Il est vrai qu'un simulacre d'élections législatives s'est tenu en 1965, mais le ver avait déjà rongé le fruit, si bien que la démocratie vermoulue ne résista pas à l'assaut final des initiés du gouvernement des commissaires généraux mués en groupe de Mbinza. 

Le 24 novembre 1965, le patron du gouvernement des commissaires généraux et du groupe de Mbinza prendra enfin le pouvoir suprême, lui qui était déjà dans les faits l'homme fort du pays depuis son premier coup d'État de septembre 1960.

Il ne restait plus qu'à formaliser le deuil de la démocratie avec des signaux forts qui devraient annoncer l'avènement d'un nouvelle ère durant laquelle le pouvoir devrait être exercé sans l'implication du peuple. Pour confisquer une bonne fois pour toutes le pouvoir au peuple, Mobutu et son éminence grise Étienne Tshisekedi orchestreront l'acte fondateur d'une longue dictature. Cet acte fondateur à consisté en la pendaison publique de quatre leaders démocrates dont un ancien Premier ministre et trois anciens ministres. C'est ce déferlement de cruauté et d'horreur qui planta le décor de la pensée unique, dans la mesure où il n'était plus possible de contredire Mobutu. Pour paraphraser Étienne Tshisekedi, numéro deux du régime au moment des faits, les pendaisons publiques du jeudi 2 juin 1966 n'étaient pas seulement répressives, mais surtout préventives et pédagogiques : "tout le monde devrait voir avec quelle sévérité on punit ce genre d'infraction", concluait-il. Et par infraction, il fallait entendre le fait d'avoir une opinion contraire au timonier Mobutu. Le fait d'évoquer un bipartisme dans le manifeste de la N'sele était anecdotique. Il était clair que plus personne au pays ne pouvait encore courir le risque d'entrer en contradiction avec le détenteur du glaive. 

Les choses deviendront un peu plus claires pour tout le monde quand le pays a été rebaptisé "Zaïre" en 1971. Le MPR devint alors constitutionnellement ce qu'il était déjà dans les faits depuis sa création le  20 mai 1967, c'est-à-dire un parti-État.

DE LA TRANSITION À LA RÉVOLUTION POPULAIRE DU 17 MAI 

Dans la foulée de la fin de la guerre froide avec l'effondrement du mur de Berlin et l'onde de choc de la perestroïka, toutes les dictatures que l'occident avait érigé en Afrique comme remparts contre le bloc communiste devenaient finalement gênantes pour l'équilibre du Continent. Le prix à payer pour la longévité de ces dictatures était tel que des économies nationales s'étaient totalement effondrées et que les violations des droits de l'homme dépassaient les limites du tolérable. Finalement, même le circuit de l'aide au développement ne pouvait plus se régénérer suite au délabrement et au manque d'entretien des industries extractives des matières premières. La coupe était pleine. Finalement le Président français François Mitterand sera chargé de transmettre le ras-le-bol des parrains occidentaux aux "présidents  fondateurs" africains au cours du sommet France-Afrique tenue à la Baule. Le message était clair. Les dirigeants africains qui souhaiteraient continuer à bénéficier de l'aide au développement devraient démocratiser leurs régimes et se montrer plus respectueux des droits humains. Le Zaïre de l'époque n'échappa point à la recette préconisée à l'époque pour l'ouverture démocratique, à savoir les conférences nationales souveraines. Il  y en avait un peu partout en Afrique francophone. 

Dans le Zaïre de Mobutu, la date du 24 avril 1990 fut soigneusement mise en scène pour sceller la fin de la dictature et le retour de la démocratie, avec au passage des larmes versées par le Crocodile National sous l'expression désormais légendaire :"comprenez mon émotion". Personne ne savait ce jour-là que la nouvelle ère de la transition vers la démocratie effective consécutive à des élections transparentes et pluralistes allait durer près de 17 ans. 

La dictature avait la peau dure. La Conférence Nationale Souveraine de Mobutu avait tout au plus accouché d'une souris naine appelée "partage équitable et équilibré du pouvoir" au sein de la classe politique sans s'en référer au peuple souverain. 

Vers la septième année de cette transition tourniquante, un vent de rébellion souffla depuis les collines de Lemera et se transforma aussitôt en une insurrection populaire qui eut finalement raison de 32 ans de règne sans partage de Mobutu. 

Ironie du sort, le tombeur de Mobutu était un fervent adulateur de Patrice Émery Lumumba qui s'était juré de venger le Héros National à tout prix. Trente six ans après la mort de Lumumba, son bourreau Mobutu fut alors chassé du pouvoir par le maquisard lumumbiste maoïste et léninisant Laurent Désiré Kabila. 

Mais ce dernier sera lui-même pris à son propre piège pour n'avoir pas laissé libre cours à l'expression démocratique profondément enracinée chez les Congolais. À défaut de n'en faire qu'une bouchée, ses alliés rwandais et ougandais occupèrent par hommes de paille interposés plus de la moitié du territoire national jusqu'à son assassinat le 16 janvier 2001.

Son fils Joseph Kabila lui succéda aussitôt et enclencha le processus d'ouverture démocratique suspendu par son père. Pour asseoir la légitimité du pouvoir politique usurpé depuis l'élimination de Lumumba, la réunification préalable du pays sera envisagée au terme d'un "Dialogue Inter Congolais" âprement négocié à Sun City en Afrique du Sud. 
 
Il en sortira un "Accord Global et Inclusif" signé à Prétoria le 17 décembre 2002 et adopté à Sun City le 1er Avril 2003 ainsi qu'une Constitution ad hoc devant réglementer la vie politique pendant les trois ans maximum de la transition qui se termina enfin par des élections au suffrage universel direct du Président de la République, des députés provinciaux et nationaux, des sénateurs et des gouverneurs des Provinces. Une première depuis l'indépendance.  Bon an mal an, la démocratie congolaise selon une dynamique typiquement endogène  naquit après plus de quatre décennies de douleurs d'enfantement. La République Démocratique du Congo renouait enfin à ses propres frais avec son élan de départ. 

LA DÉMOCRATIE ET LA PREMIÈRE ALTERNANCE AU SOMMET 

La démocratie congolaise héritée de la colonisation n'a eu au pire que onze jours d'existence s'il faut considérer le démembrement du Katanga le 11 juillet 1960, et au mieux 75 jours si l'on en juge par la mise en place par fait de prince d'un gouvernement fantomatique des commissaires généraux le 13 septembre 1960. Faut-il y voir un défaut de fabrication par l'administration coloniale décadente ? Quoi qu'il en soit, il a fallu à la RDC une traversée de désert de près de 46 ans avant de se doter d'institutions démocratiques dont les animateurs sont désignés par le souverain primaire à l'issue des processus électoraux rondement menés. 

En 13 ans de démocratie, le pays a bouclé trois cycles électoraux. Au troisième cycle, un Président de la République fin mandat a été remplacé par un successeur issu des rangs de l'opposition radicale. Et la passation pacifique et civilisée du pouvoir qui ressemblait à un mirage a enfin eu lieu le 23 janvier 2019 entre le sortant Joseph Kabila et l'entrant Félix Tshisekedi Tshilombo. Un motif de satisfaction pour les uns et une pilule amère pour le camp de Martin Fayulu qui continue à réclamer sa victoire volée à l'élection présidentielle. Toujours est-il que le métabolisme démocratique tourne à plein régime malgré les faiblesses. Et la bipolarité du paysage politique entre d'un côté le pouvoir, et de l'autre l'opposition évolue désormais dans un cadre constitutionnel souvent chahuté, mais tout de même résilient. 

DES FAIBLESSES ET ACQUIS DE LA DÉMOCRATIE 

Les faiblesses de la démocratie congolaise telle que constatées au cours de ces 13 dernières années tournent autour du manque de transparence dans les processus électoraux. En 2006 déjà, l'enfant et l'eau du bain avaient failli être jetés aux orties. Une guerre avait éclaté en pleine capitale entre les partisans des deux candidats au deuxième tour de la présidentielle, Joseph Kabila et Jean Pierre Bemba. 

Pour éviter ce genre de confrontation à la kenyanne, le second tour fut écarté en 2011. Mais cela n'empêcha pas la contestation des résultats par les militants de l'UDPS réprimée dans l'horreur. Par conséquent, le deuxième mandat de Joseph Kabila se déroula sur fond de contestation de légitimité et se solda par au moins deux dialogues, dont celui dit de la Saint Sylvestre qui  définissait les règles extra constitutionnelles de l'organisation du troisième cycle électoral. 

C'est alors qu'apparaîtra la fameuse machine à voter présentée comme gage de transparence et de célérité. Il semblera finalement  qu'il n'y avait pas grand-chose à  reprocher objectivement à cet outil innovant. Sur la sellette, la centrale électorale fut accusée d'avoir malgré tout tripatouillé à sa guise les résultats. Et comme si cela ne suffisait pas, la Cour Constitutionnelle à qui revenait le pouvoir de proclamer les résultats définitifs a été traitée de complaisante vis-à-vis des résultats provisoires de l'élection présidentielle et d'arbitraire quant à  l'invalidation à tour de bras des députés provisoirement élus, de préférence ceux issus des rangs de la coalition électorale LAMUKA, constituant actuellement l'essentiel de l'opposition.  

Si au niveau présidentiel la Cour Constitutionnelle a fait la sourde oreille malgré des pressions internes et internationales, elle s'est néanmoins vue dans l'obligation d'actionner l'article 192 de son Règlement intérieur pour siéger en rectification d'erreurs matérielles éventuelles contenues dans ses arrêts déjà rendus. 

Tout ceci justifie le bénéfice d'urgence qu'il faille accorder à un mécanisme national de catharsis de la centrale électorale, afin de la rendre plus digne de confiance. Ceci éviterait à la nation des crises inutiles comme celle créée par la revendication à cor et à cri de la vérité des urnes par LAMUKA, plusieurs mois après les élections. 

Pour ce qui est des avantages, la démocratie participative a fait bénéficier à la RDC d'un grand acquis qui est avant tout la mise en place d'un cadre juridique qui securise le processus démocratique et qui fixe à une échéance connue le renouvellement des animateurs des institutions. C'est une garantie importante de la pérennisation de la souveraineté du peuple dont il faut se féliciter. 

C'est aussi grâce à la légitimité des institutions politiques que le pays a engagé des réformes dans le secteur économique et dans différents autres secteurs de la vie nationale. 

Le rétablissement de l'autorité de l'Etat sur l'ensemble du territoire national, l'atteinte du point d'achèvement de l'initiative PPTE et l'annulation subséquente    de la dette  extérieure  abyssale du pays, le retour des investisseurs étrangers, la stabilité de la monnaie, l'amélioration du paysage diplomatique du pays, la fixation d'une base salariale plus ou moins équilibrée des fonctionnaires et les promesses de l'ajustement par pallier du salaire, la bancarisation des opérations de la paie des fonctionnaires sur toute l'étendue du territoire national, la régularité du salaire, les réformes du secteur de la Justice avec la mise en place des Cours compétentes pour juger le Chef de l'Etat et le Premier Ministre, la scolarisation généralisée, la construction tous azimuts des infrastructures routières, scolaires et sanitaires de base, la libéralisation du secteur des assurances et autres, sont autant d'acquis de la légitimité démocratique. 

Une autre grande force du processus démocratique est l'éveil de la population sur son rôle de censure vis-à-vis des animateurs des institutions, rôle qui place en tout temps le souverain primaire au cœur de la gestion de la gestion de la Res publica. 

CONCLUSION 

Tout compte fait, bon gré mal gré, la République Démocratique du Congo est aujourd'hui comptée parmi les pays démocratiques. La démocratie tant désirée est enfin là avec ses chances et ses faiblesses. Ce serait naïf de penser que l'implémentation de la démocratie se passerait sans anicroches comme dans le meilleur des mondes. 

Et il est où ce meilleur des mondes ? Elle est où cette démocratie parfaite? L'élite congolaise doit noter qu'il lui appartient de mettre en place des mécanismes correctionnels du déviationnisme de sa gouvernance démocratique; d'autant plus qu'après tout, la démocratie elle-même n'est guère une fin en soi. Elle n'est pas une baguette magique qui développe par enchantement les pays qui y souscrivent. D'où la nécessité de la rationaliser en osant les réformes quant il le faut. 

En tout état des causes, si la démocratie garantit le vivre-ensemble harmonieux, elle ne remplace pas le travail acharné et l'intelligence collective qui sont seuls susceptibles  d'accroître le bien-être de la population. Démocratie, oui! Mais au service de l'amélioration des conditions de vie des Congolaises et Congolais. 

Kinshasa, le 30 juin 2019

Célestin NGOMA MATSHITSHI
Analyste politique

 

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