
La validation des mandats des députés provinciaux remonte au 2 mai et l'installation du bureau définitif de l'Assemblée provinciale, au 14 mai 2019. Depuis, l'organe délibérant du Nord-Kivu inquiète par sa configuration actuelle si l'on s'en tient à la pléthore des "élus et non élus" qui siègent déjà au nom d'une population qui n'a jamais porté son choix sur eux.
6 mois après l'installation de cet organe délibérant au Nord-Kivu, 8 députés provinciaux ont tourné le dos à la salle BDEGL de Goma pour occuper des postes apparemment plus juteux selon bon nombre d'analystes.
En province, on redoute que ce pourquoi ont été élus les représentants du peuple soit détourné ou sacrifié.
"Lentement mais sûrement, l'Assemblée provinciale du Nord-Kivu se remplit de députés non élus. Quand la loi autorise ce dont le peuple n'a pas décidé et que la légalité ne rime plus avec la légitimité, les fondamentaux de la démocratie se trouvent gravement remis en cause. Le divorce entre les rôles législatif et représentatif du député consacre l'escroquerie légalement démocratique et fait grincer les dents", s'inquiète avec ironie le Chef de Travaux Carlos Benga.
Ce dernier estime qu'il est probable que la chambre des élus se vide de tous ses "vrais élus" avant la fin de la mandature, compte tenu du rythme auquel les députés sont en train de se désister en abandonnant leurs sièges aux "représentants du peuple on ne sait comment, selon la compréhension d'un électeur lambda".
"Vu la vitesse à laquelle l'Assemblée provinciale du Nord-Kivu se vide de ses vrais élus et le fait que la plupart de ceux-ci nourrissent de grands appétits en dehors de cette Chambre des Représentants, il y a lieu de supposer qu'au bout de 5 ans, l'incarnation du Pouvoir législatif ne fera plus que l'ombre d'elle-même. Pire encore si le mandat se prolonge comme à la législature précédente où les animateurs de l'Institution sont restés en place plus de 12 ans durant au lieu de 5. Des pratiques démocratiques aux antipodes de la volonté du souverain primaire : l'exception au-dessus de la règle !", s'exclame l'analyste.
Voici les noms des députés provinciaux qui ont opté pour d'autres fonctions:
1. Elysée Munembwe : Sénatrice puis Vice-Premier Ministre ;
2. Jean-Bosco Sebishimbo : Ministre Provincial ;
3. Célestin Serenge : Directeur Général de la DGR-NK ;
4. Venant Tshipasa : Député national (paix à son âme !) ;
5. Nzangi Butondo : Député national ;
6. Eric Kamabu : Député national ;
7. Hubert Furuguta : Député national ;
8. Sylvano Komwelungu : Commissaire Général du Gouvernement Provincial.
A cette liste d'élus non élus (suppléants, Ndlr), il faut ajouter logiquement les 4 députés cooptés parmi les Chefs coutumiers. Le total est ainsi de 12 sur 48, soit le quart (25%) de l'effectif global.
Isaac Kisatiro, à Butembo