Alors qu'il devait recouvrer sa liberté après avoir purgé une peine de 6 mois à la prison de Makala, correspondant à la condamnation du Tribunal de Grande Instance de Kinshasa-Gombe prononcée le lundi, le journaliste Stanis Bujakera est resté derrière les barreaux suite à un appel du parquet, d’après Me Charles Mushizi, l'un de ses avocats, interrogé par la presse ce mardi 19 mars 2024.
Selon lui, l’appel du ministère public suspend les effets de la décision rendue en première instance par le Tribunal de grande instance de Kinshasa-Gombe (condamnation à 6 mois de prison) et empêche ainsi la libération immédiate de Stanis Bujakera.
"Le journaliste Stanis Bujakera n'est pas sorti de la prison de Makala ce soir. Cela est dû à l'appel formulé par le ministère public contre le jugement rendu hier par le Tribunal de grande instance de Gombe condamnant mon client à 6 mois de servitude pénale. Il a déjà purgé les 6 mois pendant sa détention préventive. Au lieu de le libérer, le ministère public a interjeté appel pour suspendre les effets de la décision de première instance. Cette affaire sera examinée en appel au cours de la semaine à venir", a-t-il déclaré.
Me Mushizi a exprimé son désaccord avec le pouvoir étendu accordé au ministère public par la législation congolaise.
"Ce qui est déplorable, c'est l'état de la législation congolaise qui confère au ministère public des pouvoirs excessifs, lui permettant pratiquement de contrôler les libertés individuelles. En droit congolais, le ministère public est chargé de l'accusation, de l'instruction, de la présentation des accusations devant le Tribunal, du réquisitoire, de l'exécution des peines prononcées par les juridictions pénales, de l'appel pour suspendre les décisions pénales, et de la surveillance des prisons. Ces pouvoirs sont excessifs et très arbitraires", a-t-il regretté.
Stanis Bujakera, qui clame son innocence et qui a été mis hors de cause par Meta et Telegram ainsi que l’expert du tribunal, a été condamné à une peine de 6 mois de prison et à une amende d'un million de francs congolais (400$) pour 6 infractions, notamment la falsification de sceaux et signatures de l'État, l'usage de faux sceaux et fausses signatures, faux en écriture, l'usage de faux en écriture, la propagation de faux bruits et la transmission d’un message erroné par voie électronique.
Cette affaire a commencé après la publication par Jeune Afrique d'un article non signé par Stanis Bujakera sur le décès du député national Chérubin Okende, basé sur une supposée note confidentielle de l'Agence Nationale de Renseignement (ANR).
Journaliste à Reuters, Actualité.CD et Jeune Afrique, Stanis Bujakera avait été arrêté le 8 septembre 2023 à Kinshasa.
Merveil Molo