Nord-Kivu : Le M23 s'empare d'une localité de Walikale

Dimanche 20 octobre 2024 - 22:16
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La localité de Kalembe est passée sous contrôle du M23 ce dimanche 20 octobre 2024 après des combats qui l'ont opposé aux groupes locaux d'autodéfense dits Wazalendo, partenaires du gouvernement congolais.

Il s'agit d'une toute première entité du territoire de Walikale (Nord-Kivu) a être conquise par les rebelles depuis le début du conflit en fin 2021.

Des sources sur place rapportent que les hostilités ont été lancées vers 4h de ce dimanche par un groupe de rebelles, qui seraient venus de Kashuga, et qui auraient incendié une position Wazalendo du groupe NDC-Renové et APCLS.

La nouvelle est corroborée par le député Willy Mishiki, élu de Walikale. Ce dernier redoute la percée des rebelles vers les provinces voisines de la Tshopo, Sud-Kivu et Maniema.

"La guerre de l'Est vient de prendre aujourd'hui un tournant décisif avec la chute de la localité de Kalembe ce dimanche à 9h. C'est le premier village atteint par les agresseurs et leurs pantins dans le territoire de Walikale, dernier verrou pour atteindre les provinces de la Tshopo, du Sud-Kivu et du Maniema avec effet d'embrasement vers d'autres provinces du pays. Kalembe est une localité très stratégique, donnant accès à Lubero et Rutshuru et Tshopo par le groupement d'Oninga", alerte le député national.

Les Wazalendo démunis d'armes se sont repliés vers les collines surplombant la localité, précise la même source, qui appelle l'Assemblée nationale à se pencher urgemment sur la question.

Le territoire de Walikale est désormais le 5e du Nord-Kivu à être touché par le conflit après Rutshuru, Masisi, Lubero et Nyiragongo, en dépit de l'état de siège décrété début mai 2021.

Par ailleurs, le territoire de Beni, vers le nord, demeure le théâtre des attaques terroristes entretenues par les ADF. Seules les villes de Goma, Butembo et Beni, tout autant menacée par la criminalité urbaine, demeurent encore symbolique des autorités de l'état de siège.

Sur le terrain, l'armée congolaise observe toujours un cessez-le-feu décrété par le processus de paix de Luanda depuis le 4 août dernier.

"Cet abandon des ex-Wazalendo risque de compliquer la donne sur le terrain alors que notre gouvernement est distrait par le cessez-le-feu de Luanda pendant que nos ennemis récupèrent des espaces et les FARDC ne se battent plus", craint Willy Mishiki.

Le samedi 12 octobre, lors de la 5e réunion ministérielle à Luanda, les délégués congolais et rwandais ont accepté de travailler sur un plan harmonisé de neutralisation des rebelles FDLR ainsi que la levée des mesures rwandaises de défense, sans clairement mentionner de début des hostilités contre le M23.

Alors que le gouvernement congolais, par l'entremise de Judith Suminwa, a relayé qu'à Luanda, Kigali avait accepté de retirer ses 4 000 soldats présents sur le sol congolais, Olivier Nduhungirehe, ministre rwandais des Affaires étrangères, a démenti, continuant d'infirmer la présence de militaires de la Rwanda defence force (RDF) en République démocratique du Congo.

Isaac Kisatiro