Crimes dans l’Est de la RDC : « Il n'y aura pas meilleure consolation que de voir les bourreaux répondre devant la justice » (Patrick Muyaya)

Mercredi 21 mai 2025 - 08:18
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Le ministre de la Communication et médias a présenté ce, mardi 20 mai 2025,au Musée national de la République Démocratique du Congo à Kinshasa, un document rédigé par le professeur Ntumba Luaba et son équipe, sur les crimes graves et massifs commis à la prise et l’occupation de Goma et Bukavu par les RDF-M23 de janvier en avril 2025.

Cette activité a connu la participation du professeur Ntumba Luaba Lumu, coordonnateur du Mécanisme national de suivi de l’Accord-Cadre d’Addis-Abeba (hôte), du vice-premier ministre de l’Intérieur, sécurité, décentralisation et affaires coutumières, Jacquemain Shabani Lokoo, du vice-premier ministre de la Défense nationale et anciens combattants, Guy Kabombo Mwadiamvita, de la ministre des Droits humains, Chantal Chambu Mwavita , ainsi que des conseillers du chef de l’Etat, Félix Tshisekedi.

Dans son mot, Patrick Muyaya a indiqué que ce document recense les détails de l'horreur qui a commencé par toucher des camps de déplacés et ensuite les écoles, dont une transformée en cimetière.

« Je pense que le travail de la documentation qui a été fait et qui est réuni dans ce livre, c'est un travail qui doit permettre aux avocats, à tous ceux qui tiennent à la justice, de trouver dans ces documents des références. Je pense qu’il y a une délégation de Genève, actuellement à Kinshasa, en mission d'établissement de faits. On n'en parle peut-être pas beaucoup, mais je pense que pour la première fois, nous avons obtenu, grâce au plaidoyer du gouvernement à travers la ministre des Droits humains, une mission d'établissement de faits du Conseil des Nations unies pour le droit de l'homme. Et cette mission pourra trouver déjà, dans ces documents, un travail qui peut donner une indication sur l'ampleur des crimes qui ont été commis. Une mission qui deviendra une commission d'investigation au mois de septembre prochain. Nous espérons que ces efforts combinés aux efforts qui se font au niveau de l'auditorat ou de la justice au niveau national, avec les efforts de la Cour pénale internationale, nous permettront de faire un travail qui peut donner une indication sur l'ampleur des crimes qui ont été commis et qui sont responsables de la justice. Les plus malins n'ont pas ratifié les statuts de Rome, mais parce qu'il y a toujours des supplétifs, ceux qui sont complices de ces actes, je pense que nous avons ici la possibilité de nous dire que tôt ou tard, le temps de la justice va arriver », a déclaré le porte-parole du gouvernement.

Et d’ajouter : « Je pense qu'il n'y aura pas meilleure consolation, au-delà de tous les programmes mis en oeuvre par le gouvernement pour soutenir les familles des victimes, que de voir les bourreaux pouvoir en répondre les moments venus devant la justice. Cet ouvrage de plus de 100 pages permettra aux uns et aux autres de revivre les moments d'horreur que nous avons suivis minute par minute. Les événements qui continuent de se passer dans les parties du pays qui sont sous occupation des forces d'agression et d'énerve supplétive. »

En outre, le ministre de la Communication et médias a lancé un appel à la vigilance continue, à toute la population congolaise au pays et dans la diaspora.

« Vous comprendrez que nous sommes dans un contexte bien au-delà des avancées que nous connaissons, au plan diplomatique notamment, dans un contexte où nous devons rester vigilants. Et je pense que l'activité de ce matin rentre dans le cadre justement de cette vigilance, parce que le document, sûrement que vous recevrez, est un document qui doit encore être ici, parce qu'au moment où nous parlons, nous assistons, en tout cas à ce que moi je peux appeler une gouvernance par crime. Il ne se passe aucun jour, sans que l'on ait des plaintes, des crimes commis contre des femmes, des crimes commis contre des enfants, des crimes commis contre des patients dans des hôpitaux »,a-t-il expliqué.

Au sujet de la violence dans le parc des virunga, le porte-parole du gouvernement a souligné que le temps du silence est révolu et que pour tout acte négatif, il faut que justice soit faite pour que le futur soit meilleur. Pour ce faire, il a exprimé son souhait de voir le monde entier parler des atrocités et pillages orchestrés par le Rwanda et ses supplétifs dans ce patrimoine mondial de l'UNESCO.

« On n'en parle pas beaucoup, mais Virunga a été l'épicentre même de la violence, alors que c'est un patrimoine mondial protégé de l'humanité. Aujourd'hui, il y a un magnifique travail qui a été fait dans le parc, à travers tous les projets Virunga qui étaient conduits par Emmanuel Desmaraux, que vous connaissez tous. Mais si nous devons réévaluer aujourd'hui, ce qui a été détruit et les niveaux d'investissement que nous devons refaire pour donner à ces parcs la vie qu'il y avait quelques mois, nous parlons en termes de centaines de millions de dollars », a-t-il renseigné.

Il importe de rappeler que durant 2 mois et demi, des enfants étaient systématiquement recrutés ou enlevés pour servir de main d'oeuvre « aux agresseurs », au lieu de les envoyer en formation scolaire. Au cours du briefing du mardi 4 mars dernier, la ministre de l'Éducation nationale et nouvelle citoyenneté, Raissa Malu, avait indiqué que 2.599 écoles étaient touchées, avec plus d'un million d'élèves non scolarisés.

Grâce Kenye