Face à la guérilla des ADF, l'armée ougandaise conseille à la RDC de mettre en place des structures locales de défense

Mercredi 8 octobre 2025 - 07:59
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Alors que l'ampleur des massacres perpétrés par l'ADF s'est de nouveau accrue ces derniers mois et que la menace contre les civils demeure persistante, l'armée ougandaise, partenaire des FARDC dans les opérations militaires conjointes "Shujaa" en cours au Nord-Kivu et en Ituri, suggère que des structures locales de défense soient mises en place afin de permettre aux populations de se protéger contre les incursions ou encore de parer aux éventualités.

Ce mardi 7 octobre, le général-major UPDF Stéphane Mugerwa a formulé la proposition auprès du gouverneur militaire du Nord-Kivu.

"J'ai suggéré au gouverneur de parler à sa hiérarchie pour que soit mis en place un local defence. Ainsi, au temps où les FARDC et l'UPDF seront dans les profondeurs, ces défenseurs locaux pourraient être en train de protéger les agglomérations et les choses pourraient bien marcher", a-t-il dit.

L'idée a plusieurs fois déjà été suggérée aux autorités congolaises sans qu'elle soit vraiment prise en compte. En 2021, via un député national du Nord-Kivu, maître Sekera Kasereka, ressortissant du Nord-Kivu, en a fait un avant-projet de loi, mais la démarche n'est jamais allée plus loin.

"C'est actuellement l'unique solution parce que depuis 2014, les massacres durent plusieurs heures sans que l'armée n'arrive ou qu'elle arrive en retard. La loi autorise, en situation de légitime défense, de se défendre avec le même type d'arme que l'agresseur. Comme l'ennemi vient avec les armes, il faut doter certaines personnes, dans ces contrées, d'armes à feu, mais il faut encadrer cette mesure par une loi", suggère le juriste qui se réjouit de la proposition ougandaise.

Plus tôt, maître Djimmy Peruzi, conseiller au ministère de la Jeunesse sous Billy Kambale, s'est également engagé dans une démarche en faveur d'un service militaire obligatoire comme stratégie pour contrer les attaques de mêmes djihadistes. Dans le même ordre d'idées, les forces vives locales appelaient souvent en vain Kinshasa à armer les civils face à la guerre asymétrique des ADF.

L'idée refait surface, cette fois, par un partenaire étranger dans un contexte où, sur le terrain, les attaques visant des agglomérations se sont multipliées depuis juillet. Selon des données fournies par des acteurs de la société civile, entre le 10 et le 11 juillet, des dizaines de civils ont péri dans une vague d'attaques dans plusieurs villages en territoire d'Irumu (Ituri).

Le 27 du même mois, l'ADF a signé un carnage dans l'agglomération de Komanda, faisant au moins 43 morts dans une veillée de prière. D'autres attaques se sont enchaînées dans le territoire de Beni. Par ailleurs, dans la nuit du 8 au 9 septembre, une soixante de civils ont aussi trouvé la mort à Ntoyo, dans le territoire de Lubero (Nord-Kivu).

Par son mode opératoire, l'ennemi a souvent contourné les positions de l'armée pour cibler des localités non protégées. Des civils sont ainsi souvent décimés faute d'intervention urgente des forces de sécurité. Le 2 octobre dernier, le Nord-Kivu s'est souvenu de toutes premières attaques meurtrières menées en 2014. Il y a quelques mois, un monitoring d'une organisation de la société civile de Beni dressait un bilan de près de 15 mille morts, sans compter les dégâts matériels en 10 ans.

Malgré de nombreuses opérations militaires menées par l'armée congolaise aujourd'hui appuyée par l'UPDF, l'ennemi est resté invincible et aurait la tendance à élargir son rayon d'action vers la Tshopo selon plusieurs alertes.

Isaac Kisatiro, à Butembo

 

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