« Listes de promotion » au ministère du Budget : intox montée de toutes pièces [Tribune]

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Depuis plusieurs jours, des listes circulent frénétiquement sur les réseaux sociaux. Elles prétendent révéler des listes de sollicitation de promotions au ministère du Budget, portant (selon leurs auteurs) en faveur des membres d’un mystérieux collectif baptisé « Les Amis de Muzito ».

Le récit est séduisant pour ceux qui aiment les scandales instantanés : népotisme, favoritisme, passe-droits… mais qu’en est-il réellement ?

Nous avons mené l’enquête : aucune demande, aucune réception de listes, le cabinet dément

Plusieurs sources internes au ministère, contactées dans le cadre de notre investigation, sont formelles :

 « Le cabinet n'a jamais sollicité ni reçu une quelconque liste provenant dudit collectif. Et il ne les attend pas non plus », affirme une source au sein du cabinet du Vice-Premier ministre, sous couvert d’anonymat.

Au-delà du démenti, une précision importante ressort de nos échanges : ces listes n’ont aucune existence administrative. Aucun registre, aucun courrier, aucun processus officiel ne permet de les rattacher à la chaîne de décision du ministère du Budget.

Muzito est un technocrate qui refuse le culte de personnalité

« Ceux qui connaissent Adolphe Muzito savent qu’il est un grand technocrate et un grand leader politique mais qui a horreur du culte de personnalité, des collectifs, ASBL et autres mouvements du genre Amis de Muzito. Ce n’est pas son style », explique un conseiller sous couvert d'anonymat.

Cette description contraste avec les insinuations diffusées en ligne, où certains tentent de présenter ces listes comme une forme d’instrumentalisation politique du ministère.

Les règles sont claires : la carrière administrative ne se décide pas sur un bout de papier

Un autre conseiller du cabinet, joint pour commenter l’affaire, rappelle que  « Ce n’est pas parce qu’un individu décide de rédiger ses propres listes et d’y inscrire des noms qu’il faut chercher à salir le Vice-Premier ministre... 
Toute nomination ou promotion dans l’administration suit une procédure stricte, définie par des textes légaux. Toute initiative hors procédure est nulle et non avenue. »

Autrement dit : dans l’administration, une carrière ne se règle ni sur un tableur improvisé, ni sur un post Facebook.

Au fil des discussions, un même mot revient : instrumentalisation.

« Ces documents semblent provenir d’officines politiques cherchant à nuire à l’image d’un membre du Gouvernement qui prône la rigueur et lutte contre le népotisme », estime une autre source au cabinet.

Le schéma est désormais classique : une feuille volante, des noms alignés, un titre accrocheur, puis la viralité prend le relais. Le scandale se construit d'abord dans la perception, avant même que les faits ne soient vérifiés.

Conclusion :  Une rumeur sans fondement, une stratégie bien rodée

À ce stade de notre enquête, aucun élément ne permet d’établir une quelconque implication du ministère du Budget dans ces listes.
Aucune confirmation officielle.
Aucune trace administrative.
Aucun document enregistré.

Ce que révèle cette affaire, ce n’est pas un scandale de promotions truquées, mais bien la capacité de la désinformation à s’imposer comme vérité dans l’ère des réseaux sociaux.

Dans un environnement politique sous tension, fabriquer un scandale est devenu plus facile que d’établir un fait.

Et pendant que l’on partage des fake lists, la vraie question demeure :
à qui profite la rumeur ?

Maurice TOLA 
Analyste politique

 

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