ADF : suspecte épine au pied de la RD Congo

Mercredi 22 juillet 2015 - 09:45

Plus d’une année après le déclenchement de l’opération « Sukola1 » par les FARDC (Forces Armées de la République Démocratique du Congo) contre les rebelles ougandais de l’ADF, on a la nette impression que ceux-ci « plient », à l’image du roseau sous la poussée du vent, mais ne « rompent pas ». C’est intriguant de constater que cette force négative rebondit mécaniquement chaque fois qu’elle se trouve sur le point d’être anéantie par l’armée nationale congolaise.

Tel est le cas depuis septembre 2014, après que ces rebelles ougandais ont été pratiquement écrasés par les FARDC en janvier-février de la même année, après la défaite militaire du M23, une autre force négative instrumentalisée par l’Ouganda et le Rwanda. On a compté, en l’espace de trois mois (septembre-décembre 2014) jusqu’à deux cents personnes massacrées presqu’au jour le jour dans la périphérie du territoire de Beni, au Nord-Kivu. Et le feuilleton des morts, bien qu’il tourne maintenant au ralenti, n’a toujours pas pris fin.

Il y a lieu de signaler, aux dernières nouvelles, que les FARDC ont dû déployer l’artillerie lourde contre les éléments ADF pour les déloger de leur forteresse de Mutata, à environ 45 kilomètres de la ville de Beni. Connaissant la capacité de régénérescence de cette rébellion, l’on ne serait pas surpris d’apprendre qu’elle a réapparu sur un autre point de la ligne de front, pour semer la mort et piller les biens des villageois congolais. Face à ce qui a tout l’air d’une attitude suicidaire de la part du résidu d’une force négative, on se pose et repose les mêmes questions : qui arme les rescapés de l’ADF ? Qui les finance ? Qui les parraine politiquement ? A qui profite leur présence en territoire congolais ?

Le jeu de Museveni

Des millions de Congolais sont tentés de faire endosser au président ougandais, Yoweri Museveni, la responsabilité des attaques à répétition des rebelles de l’ADF contre les populations et localités congolaises, au Nord-Kivu. Cette tentation est devenue d’autant forte que le maître de Kampala a sollicité la semaine dernière des autorités congolaises le feu vert pour envoyer son armée venir faire un énième safari en terres congolaises, sous prétexte d’éradiquer cette force négative. La requête a naturellement été rejetée par Kinshasa.

A propos de cette rébellion, pour qu’il accuse les FARDC et la Monusco de se montrer incapables d’éliminer depuis deux décennies, il importe de souligner que le président ougandais devrait doser ses critiques contre ces deux armées. Car, à l’instar de son compère Paul Kagame du Rwanda, son armée avait eu, sous le label de l’AFDL (Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo), le loisir de traverser tout l’Est et le Nord de l’ex-Zaïre jusqu’à Kinshasa, sur un couloir d’au moins 2.000 km, entre octobre 1996 et mai 1997. S’il était réellement animé de la volonté de se débarrasser définitivement de « ses rebelles », il aurait pu organiser des actions musclées de ratissage des forêts et vallées du Nord-Kivu et de la Province Orientale.

On rappelle également qu’entre 1998 et 2003, Yoweri Museveni, parrain des rebelles congolais du Mouvement de Libération du Congo (MLC) et du Rassemblement Congolais pour la Démocratie-Mouvement de Libération/Kisangani, avait eu une seconde chance de chasser toutes les forces négatives ougandaises du territoire congolais, afin qu’elles cessent de menacer la sécurité de son pays mais ne l’avait pas fait. En lieu et place de pourchasser des rebelles dont il vient de se souvenir en 2015, ses officiers supérieurs et ses hommes de troupes venus en appui aux mouvements rebelles congolais avaient préféré se lancer dans l’exploitation et la vente illicite des minerais d’or, de diamant, de coltan, etc.

En cherchant à renvoyer ses troupes en RDCongo, au motif que notre pays et la Monusco ne rempliraient pas correctement leur mission commune de traque des combattants ADF, le président ougandais veut en réalité activer son fonds de commerce, menacé de faillite à la suite du resserrement de l’étau des FARDC autour d’eux. Son jeu étant connu, il appartient aux autorités politiques et militaires congolaises de ne pas lui donner l’occasion de distraire l’opinion tant nationale qu’internationale, en prenant correctement en charge la situation sécuritaire du pays dans ses parties Nord et Est.

Kimp

 

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