APRES LA REUNION DU GROUPE D’APPUI A LA FACILITATION A ADDIS-ABEBA DIALOGUE : LE VRAI DÉFI DE LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE

Jeudi 7 juillet 2016 - 05:37
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Pour gagner le pari de l’échéance fin juillet, les partenaires extérieurs appelés
à convaincre Etienne Tshisekedi et ses alliés à participer à ce Forum national.

Après sa récente réunion d’Addis-Abeba en Ethiopie, le Groupe d’appui à la Facilitation du Dialogue politique en RD Congo, a souhaité que ce forum puisse effectivement démarrer d’ici à la fin du mois de juillet en cours. Que cette rencontre se tienne dans cette échéance, après plusieurs mois d’atermoiements, personne n’aurait à redire. Mais toute la problématique tourne autour de la base même de ce Dialogue. Sur quel fondement devra-t-il se faire, dès lors qu’une aile de l’Opposition, estampillée « Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement », conduite par Etienne Tshisekedi, le même, ne partage pas le même entendement que la Majorité présidentielle (MP) et l’Opposition pro-Dialogue ?

En termes de réponse à cette question centrale, nombreux sont des observateurs qui pensent, non sans raison, que la Communauté internationale qui a adoubé Edem Kodjo, a donc le devoir légitime de pousser les anti dialogue à adhérer finalement à cette rencontre nationale, voie royale de sortie de crise politique actuelle en RD Congo. C’est donc là, tout le pari à gagner.
L’évidence au stade actuel des choses est que le camp des pro-Dialogue n’exige plus aucun préalable. Autant dire que si tout ne dépendait que la plate-forme politique Opposition pro-dialogue, de la Société civile et de la Majorité présidentielle, le Forum national convoqué depuis le mois de novembre 2015, pourrait même commencer cet après-midi. Hélas ! Cette grand-messe qui a pour principale mission d’apporter des solutions à tous les problèmes liés au processus électoral (en panne ?), à la fin du mandat du président Joseph Kabila, au calendrier électoral…voudrait que tous les acteurs politiques du pays y participent. D’où, tout le sens du format inclusif collé à ce Dialogue.
Partant, le bon sens voudrait que les Organisations internationales qui claironnent sur la tenue des élections en RD Congo dans le délai, décrochent la timbale, en demandant à Etienne Tshisekedi et ses alliés d’embarquer, déjà dès la gare de départ, dans le train du Dialogue. Autrement, le Dialogue tant chahuté risque d’être l’apanage de la Coalition politique au pouvoir, des partis réunis au sein de la plate-forme Opposition pro -Dialogue et de la Société civile. Si c’est cela l’option définitive à lever, alors on ne devrait plus parler d’un Dialogue politique dans un format inclusif.
Laurel KANKOLE
Comité de soutien : convaincre les anti-dialogue du « Rassemblement »
A l’issue de sa réunion tenue pendant deux jours à Addis-Abeba, siège de l’UA, le Comité de soutien à la facilitation pour la tenue du Dialogue en RDC composé de représentants de l’ONU (MONUSCO), UA, UE, OIF, SADC et CIRGL a projeté le lancement effectif de ce forum au 31 juillet en cours. Un Dialogue inclusif intégrant toutes les parties prenantes. Plus facile à dire qu’à faire. Car le pari immédiat du Comité est de convaincre les antidialogue.

Comme on le sait, ces anti ont fait quartier au « Rassemblement des forces politiques et sociales », présidée par le chef charismatique de l’UDPS, Etienne Tshisekedi Wa Mulumba se retrouvent ainsi dans ce camp,l’UDPS, le RCD/KML d’Antipas Mbussa Nyamwissi, le G-7, la « Dynamique pour l’unité de l’Opposition », plateforme politique dont font partie le MLC du chairman Jean-Pierre Bemba Gombo et l’UNC de Vital Kamerhe, absents de Genval, s’ajoutent à ces partis et plateformes politiques, l’Alternance pour la République (AR) et le « Front-citoyen 2016 ».
Leur cahier des charges réaffirmé lundi dernier lors de la séance publique de restitution est bien connu depuis le conclave de Genval. Pour aller au Dialogue, les anti-Dialogue ont égrené plusieurs préalables outre celui du panel de co-facilitateurs internationaux qui est en train d’être rencontré par la Communauté internationale.
Le Comité de soutien est appelé à se pencher sur ces préalables avant de prendre langue avec les plénipotentiaires du « Rassemblement » qui, comme on le voit ne regroupe que des anti-dialogue. Quels sont ces préalables sans lesquels tout Dialogue pourrait d’avance, être voué à l’échec. Sur la forme, il rejette l’Ordonnance présidentielle du Président Kabila convoquant le Dialogue politique et exige plutôt que ce soit le Comité de soutien qui le fasse.

JOSEPH KABILA JUGE ET PARTIE ?
L’argumentaire des anti-dialogue est le même. « Joseph Kabila fait partie du problème, donc de la crise actuelle. A ce titre, le président de la République serait juge et partie si c’est à lui qu’on devrait remettre les résolutions du Dialogue lui qui est le problème ». Il y a surtout la question de fin de mandature. Pour le « Rassemblement », au 20 décembre 2016 au plus tard, Joseph Kabila qui a épuisé ses deux mandats constitutionnels n’est plus Président de la République.
Le « Rassemblement » exige aussi l’application stricte de la Résolution 2277 et le respect de l’article 73 de la Constitution du 18 février 2006. Celui-ci stipule que la CENI convoque le scrutin pour l’élection du Président de la République 90 jours avant la fin du mandat du Président en fonction.
Cette date tombe le 19 septembre. Soit dans quelque deux mois. D’où le Rassemblement n’a qu’un seul objet à l’ordre du jour Dialogue : « la tenue des élections dans le respect des délais constitutionnels ». D’autres préalables ont trait à la décrispation du climat politique.

LE CAMP PRESIDENTIEL EN FAIT UNE LECTURE DIAMETRALEMENT OPPOSEE
Il s’agit, entre autres, de la libération des prisonniers politiques recensés par le « Rassemblement » ainsi que la levée des poursuites judicaires arbitraires contre les opposants. Le cas cité autrefois à Genval fut celui de l’ancien gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi Chapwe, candidat Président de la République. Il appert clairement que le Comité de soutien à la facilitation à fort à faire.
D’autant que sur les principales exigences de fond du « Rassemblement », la Majorité présidentielle (MP) au pouvoir donc le camp présidentiel en fait une lecture diamétralement opposée à celle du Rassemblement ». Comme par exemple la question de la fin du mandat où elle s’en tient à l’Arrêt de la Cour constitutionnelle que le « Rassemblement » qualifie d’anticonstitutionnel. Les mois qui viennent, surtout décembre, seront rudes pour les Congolais. Même très rudes. Ce qui explique que dans son rapport adressé au conseil de sécurité de l’ONU sur la crise en RDC, Ban ki-moon parle des risques d’un chaos généralisé. KANDOLO M.