Bloquer Malu-Malu pour déboucher sur la Transition !

Jeudi 5 mars 2015 - 10:28

En déposant le mardi 3 mars 2015 au Bureau de la Céni leur calendrier électoral révisé ou revisité, les Opposants semblent vouloir dire à l’opinion que sans leur participation, ce document est non consensuel, irréaliste, inconstitutionnel, dangereux. Comme pour dire que c’est seulement avec eux qu’il devient consensuel, réaliste, constitutionnel et paisible ! Au-delà de cette démarche "gentille" ; il y a pourtant pire : le discrédit jeté sur l’abbé Apollinaire Malu-Malu, présenté comme "péché", parce qu’étant produit d’un "inceste" ! Subtile façon pour l’empêcher d’obtenir des partenaires des moyens conséquents pour financer le processus électoral. Qu’adviendrait-il si le processus était alors bloqué au travers de la démission du Bureau de la Céni et de la révision de loi organique régissant la Commission électorale, deux revendications "souterraines" des Opposants ? La réponse se devine : l’impossibilité d’avancer. Partant, un blocage qui ne pourrait mener qu’à une Transition. "A malin, malin et demi"...

La tradition est respectée. Depuis l’avènement du processus démocratique en avril 1990, l’Opposition radicale garde le même modus operandi : tourner en dérision, la veille, la personne que l’on entend rencontrer le lendemain.
Ainsi, lorsqu’elle s’apprêtait pour un tête-à-tête avec Mobutu ou l’un des Premiers ministres qui se s’étaient succédé entre 1990 et 1997 - à l’exception bien entendu d’Etienne Tshisekedi - elle s’organisait pour indisposer son interlocuteur via les médias forts acquis à sa cause.
Tel est le cas, vingt-cinq après, de la descente d’une délégation d’Opposants au siège de la Céni le mardi 3 mars 2015 en vue de la remise du calendrier électoral global révisé ou revisité. De l’abbé Apollinaire Malu-Malu, voici ce que dit la coalition "Opposition-Société civile-Diaspora" textuellement en page 7 de sa déclaration du 27 février 2015 :
" La génétique de son Président, l’Abbé MaluMalu, résulte d’un inceste. Il n’a jamais été désigné par l’Eglise catholique, la même qui a demandé depuis Rome de ne pas toucher à la Constitution de la République sous peine de la souiller ;
" Sa feuille de route présentée à l’Assemblée nationale en date du 04 janvier 2014 et sa décision numéro 012/CENI/AP/14 du 26 mai 2014 lui ont valu une plainte en bonne et due forme à l’office de Monsieur le Procureur Général de la République pour actes attentatoires aux droits garantis par la Constitution de la République et violation de celle-ci ;
" Près de 60.000 congolais ont signé la pétition demandant sa démission de la CENI ;
" Son calendrier partiel du 26 mai 2014 a été rejeté ;
" C’est lui, le premier, qui devant l’Assemblée nationale, a trahi le peuple congolais en servant au gouvernement le projet de révision constitutionnelle ;
" C’est lui qui a vendu le projet de loi électorale qui a entraîné mort d’hommes du 19 au 25 janvier 2015 ;
" Son calendrier électoral global du 12 février 2015 est un bluff dangereux, source de massives contestations, d’affrontements et de chaos lors des prochaines élections ;
" Des perspectives très sombres pour le pays ! MaluMalu est donc un ’péché’. Rien ne lui réussit et Rien ne lui réussira !
" De ce qui précède, pour l’Opposition politique Congolaise et les organisations de la Société civile, l’Abbé MaluMalu n’est pas un technicien indépendant en matière électorale, mais bien un missionnaire politique au service de la mouvance kabiliste et en soutien à une logique autoritaire visant l’insécurité généralisée en RD Congo".
Voilà le profil du destinataire du calendrier électoral global "made in Opposition"

REMISE A ZERO DE TOUT LE PROCESSUS ELECTORAL
On n’a pas à être esprit rationnel pour pénétrer le profil des expéditeurs. En toute logique, l’abbé Apollinaire Malu-Malu a, à leurs yeux, tout d’une personne non grata que les partenaires impliqués dans le processus électoral congolais devraient disqualifier.
Quelle en serait la première conséquence ? On n’a pas à être prophète ou devin pour l’appréhender : le gel des contributions. Tant celles escomptées de la coopération multilatérale et bilatérale que des institutions et du peuple congolais. De quoi dissuader l’Onu (via la Monusco), l’Union européenne, les Etats-Unis, la France, la Grande-Bretagne, l’Allemagne, la Belgique, les Pays-Bas, la Scandinavie, l’Italie, l’Espagne, le Portugal, le Japon, la Corée du Sud, la Chine, l’Inde, voire l’Afrique du Sud, l’Angola etc. Pour être clair : l’Opposition cherche la remise à zéro de tout le processus électoral au travers de la démission du Bureau de la Céni et de la révision de la loi qui régit cette institution.
A près d’une vingtaine de mois de l’échéance 2016, cela s’apparente à une manoeuvre de blocage devant déboucher - ça se devine bien - sur une transition, tant il est vrai qu’il est facile de tout renégocier dans le contexte institutionnel transitoire que dans celui issu des élections.
Pour rappel, c’est sous le "1+4" que le processus référendaire de 2005 et le processus électoral de 2006 et 2007 avait été conçu et actionné.

DEUX FERS AU FEU
Effectivement, rien n’explique la révision ou la ré-visitation du calendrier électoral global tant il est vrai que la loi organique n°010/013 du 28 juillet 2010 portant organisation et fonctionnement de la Commission électorale nationale indépendante dispose à l’article 3 que " La CENI est chargée de l’organisation de tout processus électoral et référendaire. Elle en assure la régularité", à l’article 7 que "Dans l’exercice de sa mission, la CENI jouit de l’indépendance d’action par rapport aux autres institutions. Elle bénéficie néanmoins de leur collaboration" et à l’article 9, alinéa 1, que " La CENI a pour mission d’organiser, en toute indépendance, neutralité et impartialité des scrutins libres, démocratiques et transparents" et à l’alinéa 2 qu’elle a notamment pour attributions " organiser et gérer les opérations pré-électorales, électorales et référendaires notamment l’indentification et l’enrôlement des électeurs, l’établissement et la publication des listes électorales, le vote, le dépouillement, la centralisation et l’annonce des résultats provisoires" et "élaborer les prévisions budgétaires et le calendrier relatif à l’organisation des processus électoraux et référendaires".
En chantres affichés de l’Etat de droit, les Opposants savent que la loi ne prévoit nulle part un consensus avec forces vives ou avec institutions de la République pour définir et publier le calendrier électoral. Les partenaires extérieurs ou bailleurs de fonds le savent aussi. Ils savent, en plus, qu’ils ont rejeté systématiquement toutes les propositions d’échanges faites par la Céni depuis son installation en 2012.
C’est pour dire qu’ils ont un autre agenda que celui des élections. L’agenda d’une transition dont ils préparent l’avènement en érigeant de nombreux obstacles sur le reste du parcours menant à 2016.
Un bon politique, dit-on, a toujours deux fers au feu. L’agenda caché ou le second fer, c’est la Transition que l’on fait semblant de repousser alors qu’elle est ardemment désirée, la tactique étant de faire de la Majorité la partie demanderesse. Omer NSONGO DIE LEMA