Dialogue : Edem Kodjo toujours indécis

Lundi 8 août 2016 - 11:28
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Quatre mois après sa nomination comme facilitateur par l’UA
L’ancien secrétaire Général de l’Organisation de l’Unité Africaine peine à faire avancer la mission lui confiée pour sortir la RDC de l’impasse politique

6 avril 2016 – 6 août 2016, cela fait quatre mois jour pour jour depuis que le Togolais Edem Kodjo a été désigné comme facilitateur du dialogue politique inclusif en RDC par la présidente de la commission de l’Union africaine, le Dr Nkosazana Dlamini Zuma.

Quatre mois après, le Togolais est toujours indécis et peine à faire avancer la mission lui confiée par l’UA pour sortir la RDC de la crise politique profonde née des élections du 28 novembre 2011 et de l’incertitude que Joseph Kabila fait planer sur son départ alors que son second et dernier mandat à la tête du pays expire le 19 décembre 2016.

Pendant ce temps, le Togolais multiplie des réunions avec la classe politique congolaise et avec les délégués de la communauté internationale, pour tenter de convaincre les parties congolaises à aller au dialogue.

Ces différentes initiatives ont jusqu’à présent échoué, jusqu’à ce qu’il a été même récusé par l’opposition congolaise qui le taxe d’être  » un grand Kabiliste « . Accusation qui s’appuierait entre autres sur le fait que l’homme d’Etat togolais est pris en charge par Kinshasa, qui le loge et facilite son déplacement, sans oublier la sécurité mise à sa disposition.

La crise de confiance s’installe

La nomination d’Edem Kodjo avait été saluée surtout qu’elle entrait dans l’engagement souligné dans le communiqué conjoint de l’Union africaine, des Nations Unies (ONU), de l’Union européenne (UE) et de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) du 16 février 2016 pour continuer d’aider la République démocratique du Congo dans cette entreprise ».

Dans ce communiqué du 16 février, les quatre organisations avaient appelé les acteurs politiques congolais à ne ménager aucun effort, dans le cadre de la Constitution de leur pays, pour assurer une tenue crédible des élections, préserver la paix et consolider la démocratie, y compris à travers un processus politique.

En janvier 2016, Nkosazana Dlamini-Zuma avait demandé à l’ancien Premier ministre togolais de mener les consultations nécessaires pour le lancement du dialogue. C’est dans ce cadre que Kodjo avait rencontré plusieurs personnalités et regroupements politiques et de la société civile congolaise. Mais aujourd’hui, le facilitateur ne fait plus l’unanimité dans la classe politique congolaise, même au sein de la société civile où certains membres exigent son départ et son remplacement par une personnalité neutre et indépendante.

Pour rappel, au cours d’une conférence de presse tenue le 20 mai 2016, l’homme d’Etat togolais avait publié une liste des délégués de la société civile devant prendre part à ce qu’il a appelé  » Groupe de travail « . Ce document a été contesté par certains acteurs de la société civile de la RDC qui, dans une lettre ouverte adressée au facilitateur, demandaient à ce dernier d’expliquer sur base de quel critère il a désigné ces délégués.

Un député de l’Opposition, Franck Diongo pour ne pas le citer, était même allé jusqu’à déclarer que le facilitateur pose un problème de crédibilité.

Le Groupe de soutien en difficulté

Le Groupe de soutien international au Facilitateur de l’Union africaine (UA) pour le Dialogue politique inclusif en RDC a mené quelques consultations à Kinshasa du 2 au 5 août 2016, en vue de relancer le processus du dialogue dans les meilleurs délais. Cette troisième réunion du Groupe de soutien a connu la participation de M. Saïd Djinnit, Envoyé spécial du Secrétaire général de l’ONU pour la région des Grands Lacs, de M. Maman Sidikou, Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU en RDC et Chef de la Mission de l’ONU pour la stabilisation en RDC (MONUSCO), de M. Koen Vervaeke, Directeur Afrique de l’UE, de M. Georges Nakseu Nguefang , Directeur des Affaires Politiques et de la gouvernance démocratique à l’OIF, de l’Ambassadeur Abdou Abarry, Représentant Spécial de l’UA en RDC, de M. Faranisi, Ambassadeur du Zimbabwe en RDC, Représentant la SADC, et de M. Alberto Cabongo, Chargé d’affaire de l’Ambassade d’Angola en RDC, Représentant la présidence en exercice de la CIRGL.

Après avoir rencontré le Sphinx de Limete, ces experts ont conféré avec les représentants du G7, AR ainsi que de la Majorité Présidentielle. Répondant aux questions de la presse, Charles Mwando Nsimba a indiqué que le G7 reste attachée à la position défendue par le Rassemblement de l’Opposition. Et, d’ajouter que  » le temps est notre allié « , donc, les élections dans le délai constitutionnel. Position réitéré par l’AR.

Dans un communiqué sanctionnant les différentes réunions, le Groupe de soutien a réaffirmé sa confiance au facilitateur togolais pourtant récusé par un des parties prenantes. Avec cette position, le groupe dit de soutien a du mal à choisir entre les préalables exigés par l’opposition et la position de la MP qui ne jure que par Edem Kodjo comme facilitateur du dialogue. Bref, le dialogue est déjà bloqué avant même qu’il n’est ait démarré !

Après avoir rencontré Etienne Tshisekedi ainsi que les membres du Rassemblement, ces diplomates avaient reçu séparément certains sociétaires du Rassemblement dans le but d’isoler le président national de l’UDPS. Mais avec les positions exprimées par Charles Mwando Nsimba et Franck Diongo qui ont maintenu et réaffirmé la position du Rassemblement à travers des préalables tels que la libération des prisonniers politiques et d’opinion, l’accès équitable aux médias publics, la réouverture des médias fermés, et mettre fin au dédoublement des partis politiques sans oublier la transformation du groupe de soutien en groupe de facilitation international du dialogue, le Groupe dit de soutien au facilitateur est aussi en difficulté.

Par Godé Kalonji