ECHEC DU DIALOGUE DANS L’OEUF Kabila, son plan B entre un mariage avec UDPS ou un autre schéma dans six mois

Vendredi 22 mai 2015 - 09:18

Tous les partis de l’Opposition ayant pi¬gnon sur rue ont décliné l’offre politique de dialogue de Kabila, car redoutant, à juste titre, un glissement du mandat présidentiel dont le terme se rap¬proche inexorablement. UNC de Vital Kamerhe, MLP de Frank Diongo, MLC de Jean-Pierre Bemba, CDR de jean- Lucien Busa et ECIDE de Martin Fayulu notamment et bien d’autres forces sociales, ont conclu à l’inopportunité du dialogue. Du coup l’initiative présidentielle a du plomb dans l’aile.

L’appât du pouvoir n’a pas eu raison cette fois-ci des opposants rd-congolais. Ne reste plus à Kabila que deux options pour ne pas perdre la face. S’appuyer sur l’UDPS et ou réfléchir sur un autre schéma en prenant du recul. Le mariage avec l’UDPS est une option très tentante mais en réalité elle n’apportera rien à Kabila pour plusieurs raisons. La première, l’UDPS est sérieusement amoindrie par ses divisions internes interminables. Les crises de leadership récurrentes ont entamé sa vitalité et sa capacité de mobilisation. Preuve par neuf : son contre-ordre de ne pas manifester en janvier n’avait pas été suivi par la population et son ordre à manifester plus tard en janvier et avril n’a jamais été observé. L’UDPS avec laquelle Kabila convolera en noces n’est que représenta¬tive d’une frange minoritaire réduite à un clan familial. C’est l’UDPS incarnée par le duo Félix Tshisekedi Tshilombo et Bruno Mavungu, les deux chaperonnés par la vraie patronne du parti historique, maman Marthe Kasalu, l’épouse d’Etienne Tshisekedi. Une UDPS sans base qui a été désavoué par sa diaspora. Cette UDPS familiale on la retrouve sur les réseaux sociaux. Elle a créé un groupe dénommé « Parlons UDPS » pour y développer les thèses pro-dialogue. Ses membres se recrutent presque tous dans la famille biologique de Tshisekedi. Sur ce forum, les plus actifs sont les cousins, les belles-soeurs, les oncles, les tan¬tes, les neveux, les nièces et les amis proches de la fratrie Tshisekedi.

L’UDPS a perdu de sa superbe car elle a été transformée en instru¬ment de conquête du pou¬voir pour Félix Tshisekedi car la famille, réaliste, red¬oute la mort d’Etienne Tsh¬isekedi qui peut intervenir à tout moment. Secret de polichinelle, Félix Tshisekedi convoite le poste de premier ministre. C’est son droit ! Mais à quel prix ? En divisant l’UDPS ? En crachant sur le combat des autres cadres et la mémoire des martyrs ? L’option de lui donner la primature est sur la table de Kabila. Mais les dividendes politiques ne seront pas au rendez-vous car l’UDPS de Félix Tshilombo n’est pas une foudre de guerre poli¬tique car sans base et sans véritable population derri¬ère. La population est dans l’expectative en attendant que l’ordre règne dans la maison UDPS. Avec un Félix Tshisekedi sans légitimité, Kabila risque de commettre la même erreur politique comme celle commise avec les Concertations Nationales. Un forum politique qui ne lui a apporté aucun gain poli¬tique. Que peut lui apporter Félix Tshisekedi dans un con¬texte où le climat politique va se réchauffer dans la per¬spective électorale. Et Félix Tshisekedi est-il homme à tenir un langage clair et fort genre Kabila est l’autorité légitime et légale. Lui c’est toujours un langage ambigu. Tantôt c’est le peuple qui doit se pendre en charge. Tantôt il en a appelle à la communauté internationale. Avec un UDPS affaibli et isolé, Kabila n’a presque pas d’interlocuteur. Il lui reste le dernier schéma. Sursoir à son initiative pour rebon¬dir plus tard. L’échec de son initiative est un véritable camouflet de ses services de renseignements qui n’ont misé que sur l’appât d’entrer au gouvernement pour con¬vaincre les opposants à dia¬loguer. Le travail en amont n’a pas été bien fait au vu des résultats. Le terrain politique n’a pas été balisé. Il ne suffit de s’appeler Ka¬lev Mutond, tout-puissant patron de renseignements, pour débarquer chez les op¬posants et emporter leurs adhésions. Les Opposants savent très bien que les évènements de janvier ont changé fondamentalement la donne. L’opinion natio¬nale étant mûre politique¬ment pour revendiquer ses droits. L’Opposition craint de se mettre à dos la popula¬tion. Ensuite, il ne reste qu’à peine plus d’une année de mandat à Kabila. Tout ceci devait être pris en compte par Kalev qui s’est dit surpris de l’attitude des opposants selon ses proches. Tout compte fait ce qui importe c’est offrir une sortie honor¬able à Kabila. Et il y a encore du temps bien que très peu. Et ce temps doit être mis à profit pour décrisper le cli¬mat politique. Il n’y a pas 36 solutions pour cela : décla¬ration solennelle de ne pas briguer un troisième man¬dat, libération des prison¬niers politiques, ouvertures des médias fermés, report des élections locales, enrôle¬ment de nouveaux majeurs, transparence du fichier élec¬toral, certification des résul¬tats par la Monusco et réa¬ménagement du Bureau de la Ceni notamment, feront largement l’affaire sans be¬soin de dialogue et d’un nou¬veau gouvernement.
MATTHIEU KEPA
Joseph Kabila. Ph. Dr. Tiers