ELECTIONS 2015-2016 EN RD CONGO LE BUDGET RAMENÉ À 900 MILLIONS USD

Jeudi 18 juin 2015 - 06:05

Quant au calendrier électoral, le Sénat reçu hier par le Raïs, soutient un chronogramme unique.
Le financement des élections en RD Congo, initialement estimé à 1milliard deux cents millions de dollars américains a été ramené à 900 millions USD. Léon Kengo Wa Dondo, président de la chambre haute du parlement, l’a déclaré hier mercredi le 17 juin, au sortir de l’audience que le Président Joseph Kabila a accordée aux Sénateurs, dans le cadre des consultations politiques entamée depuis le début du mois en cours. La rencontre a eu lieu à la prestigieuse Cité de l’Union africaine, au très célèbre Mont Ngaliema.
Selon le speaker du Sénat, Joseph Kabila et ses hôtes ont échangé sur quatre points essentiels. A savoir : le budget voté pour les arriérés électoraux de 2011 ainsi que celui du nouveau processus de 2016. A cela s’ajoute, la problématique de l’enrôlement de nouveaux majeurs, le calendrier électoral ainsi que la sécurisation même des opérations électorales sur l’ensemble de l’immense territoire rd congolais.
En ce qui concerne le budget, Léon Kengo Wa Dondo, s’exprimant au nom des membres de la Chambre haute, toutes loges politiques confondues, a déclaré que le montant global de 1 milliard deux cents millions USD initialement voté, a été rabattu à 900 millions USD. Est-ce à conclure tout de suite que ce rabattement est désormais à la portée du Gouvernement congolais ? Sans doute pas. Léon Kengo Wa Dondo, plusieurs fois, Premier ministre sous le régime du maréchal Mobutu, ne se leurre pas. Fort de son expérience en matière de gestion, le Président du Sénat a le sens du chiffre. " 900 millions de dollars, c’est quand même beaucoup " a-t-il dit.
D’ores et déjà, le Gouvernement congolais a son regard tourné vers ses partenaires financiers extérieurs. Mais à quelle hauteur ces mêmes partenaires financeront le processus électoral en RD Congo ? Autrement dit, la même Communauté internationale qui a conditionné son appui financier à la présentation d’un calendrier électoral global, est-elle prête à mettre la main à la poche pour que le processus électoral tant chahuté arrive à bon port ? On s’interrogerait ainsi jusqu’à l’infini.
Instruits par l’expérience des élections de 2011, nombreux sont des acteurs de la classe politique congolaise qui ne croient pas en une assistance financière substantielle de la Communauté internationale. Il faut donc rappeler que lors des dernières élections, le Gouvernement n’avait reçu aucun financement extérieur. Par conséquent, le processus électoral de 2011 avait été totalement financé par les fonds propres de l’Exécutif national. La communauté internationale va-t-elle s’amender au cours du processus électoral actuel ? Question légitime des Congolais qui ne se laissent pas bercer d’illusions.

UN CALENDRIER POUR TOUTES LES ELECTIONS
Quiconque suit les déclarations des différentes délégations reçues par le Président Joseph Kabila, aura constaté que toutes se recoupent. Le calendrier électoral, la question de nouveaux majeurs, le financement des élections sont les points essentiels évoqués au cours de ce " pèlerinage " qui a commencé depuis le 1er juin au Palais de la nation. Cependant, quand on suit les mêmes déclarations avec une attention soutenue, il est constaté que tous les acteurs politiques ne disent pas la même chose. Au sujet du calendrier électoral, par exemple, la Majorité présidentielle et l’Opposition républicaine semblent être dans deux logiques tout à fait opposées.
En date du 6 juin, Léon Kengo Wa Dondo conduisait une délégation de l’Opposition républicaine aux consultations du Palais de la nation. Au sortir de cette audience avec le Chef de l’Etat, le chef de file de l’Opposition républicaine (OR) avait déclaré à la presse : " il n’y a pas d’argent pour organiser toutes les élections ". Très peu de gens n’avaient presque pas bien compris ces propos de l’Autorité morale de l’OR. Et, chacun y est allé de son interprétation. Soit.
Trois jours après, soit mardi le 9 juin, c’était le tour d’Aubin Minaku qui avait conduit, pour la même raison, une très forte délégation de la Majorité présidentielle (MP) au Palais de la nation. Dans sa déclaration aux médias, le Secrétaire exécutif de la plateforme politique au pouvoir en RD Congo n’y était pas allé avec le dos de la cuillère. " Nous soutenons le calendrier électoral global de la CENI ", avait-il dit. Pas plus tard que mardi 16 juin, c’est encore Aubin Minaku qui conduit une délégation de 350 députés nationaux invités par Joseph Kabila à la Cité de l’Union africaine. Cette fois-ci, ce n’est plus Aubin Minaku, Secrétaire exécutif de la MP. Plutôt, Aubin Minaku président de la chambre basse du Parlement. Et, quand il répond à une question de la presse sur le calendrier électoral, Aubin Minaku répond sans le moindre atermoiement : " Malgré les contraintes financières, toutes les élections doivent être organisées ". Pas seulement.
Selon le speaker de la Chambre, le processus électoral en cours devra d’abord commencer par résoudre les arriérés des élections de 2011. Même si les choses ne sont pas explicitement dites, il ne serait pas excessif de croire que l’Assemblée nationale, par la bouche de son président, se trouve dans une logique de deux calendriers séparés. Le premier chronogramme est celui des élections de 2015. Celles-ci sont essentiellement composées des locales, des provinciales et élections sénatoriales qui, dans le nouveau lexique de la politique en RD Congo, sont qualifiées d’ " arriérés " du processus électoral de 2011.
Cependant, pas plus tard qu’hier mercredi le 17 juin, Léon Kengo Wa Dondo, sous sa casquette de chef de corps, a conduit une centaine de Sénateurs au chapiteau de la cité de l’Union Africaine. Abordant le point relatif au calendrier électoral, le Président du sénat a déclaré que sa délégation est unanime pour un calendrier unique. " Nous ne devons avoir deux types de calendrier. D’une part, un chronogramme pour les résidus de 2011 et, de l’autre, un calendrier pour le nouveau processus. Toutes les élections doivent se dérouler en une fois", dit-il. En d’autres termes, le Sénat s’oppose à l’idée de l’Assemblée nationale qui, visiblement, semble attaché à l’organisation, en premier lieu, des élections locales, provinciales et sénatoriales.

LEVER l’HYPOTHEQUE DE NOUVEAUX MAJEURS
La question des Congolais ayant atteint l’âge de la majorité à partir de 2011, est l’un des points essentiels qui revient constamment dans le discours de l’homme politique congolais. Que faut-il faire pour permettre à ces nouveaux majeurs de s’acquitter de leur droit civique de voter ? Réponse simple : il faut les enrôler. Et, donc, actualiser le fichier électoral. Simplement. Bien qu’acceptée par tous, cette proposition présente des disparités quant à son application. Pour l’Assemblée nationale, la question de nouveaux majeurs ne concernent pas les scrutins considérés comme arriérés de 2011. En d’autres termes, les locales, les provinciales et les sénatoriales doivent être organisées sur base du fichier électoral de 2011. Quitte à intégrer les nouveaux majeurs dans le nouveau fichier électoral pour les élections de 2016.
Cette thèse ne rencontre pas l’assentiment du Sénat. Léon Kengo Wa Dondo l’a clairement déclaré hier. Selon lui, le problème de nouveaux majeurs ne concerne pas seulement les scrutins de 2016. Mais aussi ceux de 2015. Cependant, il est constaté que les nouveaux majeurs ne constituent pas le seul cas. Car, Il existe des milliers de Congolais adultes que le processus électoral en cours doit impérativement prendre en compte. Il s’agit des milliers de Congolais refoulés des territoires des pays voisins après les élections de 2011. Malheureusement, ce cas ne semble pas attirer l’attention de la classe politique. Dans ces conditions, plusieurs milliers de Congolais seront privés du droit au vote. De ce point de vue, l’actualisation du Fichier électoral s’impose. Laurel KANKOLE