Lors de son allocution à la 69ème session de l’Assemblée générale des Nations Unies, le chef de l’Etat congolais a implicitement donné sa position quant à la révision ou non de la Constitution, à travers son appui à la feuille de route de la CENI qui porte en elle les germes de la modification de la loi fondamentale.
Alors que d’aucuns estiment que Joseph Kabila est resté silencieux lors de son intervention, le jeudi 25 septembre dernier, du haut de la tribune des Nations unies, lors de la 69ème Assemblée générale, quant à l’épineuse question de la révision de la Constitution, la réalité est qu’il fallait bien décortiquer cette allocution pour comprendre que le chef de l’Etat soutient le calendrier de la Commission électorale indépendante (CENI), contesté par la classe politiques de l’Opposition et l’ensemble de la population congolaise.
Or, ce calendrier de Malumalu porte les germes de la révision de la Constitution. Donc, Kabila soutient implicitement cette révision. Car, en se référant à la feuille de route de ce prêtre catholique, l’article 197 de la loi des lois, par exemple, qui consacre l’élection des députés provinciaux au suffrage universel direct, devra être modifié à l’avantage du suffrage universel indirect. Pourtant, l’Opposition politique, l’Eglise catholique ainsi que la majorité de la population congolaise ne l’entendent pas de cette oreille. De ce fait, à en croire bien d’analystes constitutionalistes, la revisitation de l’article 197 aura des implications sur l’article 220, qualifié de « fruit défendu », alors qu’ « il ne peut faire l’objet d’aucune révision », selon la loi fondamentale.
Kabila tacitement pour la révision
Ceci veut dire que Joseph Kabila a tacitement donné sa position sur la révision ou non de la loi mère. Déjà, faut-il le rappeler, le président de la Commission électorale nationale indépendante, l’abbé Apollinaire Malumalu Muholongu, était le premier à proposer cette démarche en sollicitant l’élection des députés provinciaux au suffrage universel indirect, car, se justifiait-il, il n’y avait pas assez de moyens pour le suffrage direct à ce scrutin.
Du coup, toute la classe politique de la Majorité avait appuyé ce point de vue considéré comme un piège par l’Opposition. Voici qu’aujourd’hui Kabila prend également la même direction, à travers son allocution à cette session des Nations Unies.
Il n’est donc pas resté muet à ce sujet, comme l’ont soutenu quelques compatriotes. « A ce propos, je réaffirme la tenue prochaine des élections, conformément au calendrier arrêté par l’institution nationale compétente à savoir la Commission électorale nationale indépendante », a-t-il déclaré jeudi dernier à New York.
Pourtant, il y a de cela quelques jours, l’Union européenne a demandé avec insistance un dialogue entre la Majorité présidentielle et l’Opposition sur cette question de la révision de certaines dispositions constitutionnelles qui touchent au mode de scrutin, en vue d’avoir des élections apaisées.
C’était dans un rapport élaboré par cette institution européenne après un séjour de ses experts de près de deux mois en République Démocratique du Congo.
En outre, Joseph Kabila a déclaré tout haut que « la République Démocratique du Congo est de nouveau un pays débout. Un pays où la paix retrouvée se consolide chaque jour davantage ». Si ce discours passe à l’opinion internationale, cela n’est pas le cas sur place en RDC où le taux de chômage est de 93%, l’accès à l’eau potable quasi impossible, la desserte en électricité piètre, la santé et l’éducation un luxe, sans parler de l’insécurité qui bat le record depuis plusieurs années, la justice à double vitesse décriée au quotidien, le non respect de droit de l’homme ou encore le musèlement de l’Opposition, certains de ses acteurs jetés en prison pour leurs opinions politiques.
Concertations nationales sans effets
D’ailleurs, sur le plan politique, il a lui-même soutenu que « la consolidation de la démocratie et le renforcement de la cohésion nationale demeurent nos objectifs prioritaires ». il reconnait donc que la cohésion nationale tant recherchée n’est pas encore retrouvée, malgré qu’il y a une année, il avait convoqué un forum au Palais du peuple dénommé « Concertations nationales » en vue de la cohésion de tous les fils de ce pays. Des recommandations issues de ce forum n’ont jamais été appliquées, du moins à 95%. Parmi lesquelles la libération des prisonniers politiques dont certains comme Eugène Diomi Ndongala, ont été nommément cités. C’est à peine que Kutino Fernando vient de bénéficier de la grâce présidentielle après huit ans d’incarcération, alors qu’il était condamné pour dix ans. C’est un Kutino très affaibli et sérieusement diminué par la maladie qui a quitté la Prison centrale de Makala.
Il fau noter que Joseph Kabila a également abordé, le même jeudi 25 septembre à la 69ème session de l’Assemblée générale des Nations Unies, la problématique du terrorisme à travers le monde, une des formes extrêmes de l’intolérance humaine, avec accent placé sur le Boko Haram. Le virus Ebola qui a tué plus de 2 000 personnes dans le monde, principalement en Afrique, la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre … sont parmi les sujets développés par le Chef de l’Etat congolais.
LEFILS MATADY