Grâce aux nouvelles technologies de l’information et de la communication, le monde est effectivement réduit aux dimensions d’un village planétaire; selon la vision de McLuhan, pionnier de la communication au début du 2Ome siècle. Avec la téléphonie mobile, l’internet et sa kyrielle d’applications, le volume des échanges entre humains s’est accru de manière exponentielle. La RDC n’a pas échappé à l’évolution technologique. Aussi, lorsqu’entre novembre et décembre 2011, les sociétés des télécommunications avaient reçu, des autorités nationales, l’ordre de couper les « Sms », afin d’empêcher les Congolais de « compiler » les résultats des élections législatives et présidentielle, le coup avait été durement ressenti. On allait se rendre compte, au finish, que les tripatouillages des résultats étaient favorisés en partie par le blocage des «textos », une technique qui avait pourtant permis aux Sénégalais de déjouer le piège des fraudes électorales, lors du face à face Wade – Maky Sall au second tour. Et la RDC continue de traîner encore, comme un bourrelet, les contentieux électoraux d’il y a quatre ans.
Tout récemment, lors des événements du 19 au 23 janvier, le gouvernement est allé plus loin en décrétant
l’embargo sur l’internet, les Sms et les réseaux sociaux, plongeant momentanément le pays dans une « poche noire » télécommunicationnelle, dont les effets pervers secouent encore les secteurs politique, sécuritaire, diplomatique, financier, bancaire, administratif, médiatique, académique, scientifique, culturel et autres. En quelques secondes, la vie de la Nation s’est déréglée pour plusieurs jours, semaines et mois.
C’est dans cette ambiance de fortes turbulences dans tous les segments de la Nation qu’intervient le professeur Ambroise Bukasa qui, à l’instar de nombreux experts, estime que la fibre optique, présentée comme la panachée pour nos télécommunications, n’est pas la solution tant attendue par la communauté nationale. Selon lui, la RDC a encore du chemin à parcourir pour atteindre les standards internationaux en la matière. Dans une interview accordée au « Phare », il fait l’état des lieux.
Le Phare : Le contenu de votre livre dont le titre est « Le blocage des télécommunications congolaises » parait très indiqué dans les circonstances actuelles. Les congolais ont vécu au mois de janvier la coupure intempestive des services Internet, SMS ainsi que des Réseaux sociaux. Pour avoir analysé la question en profondeur dans le cadre de vos recherches, comment avez-vous accueilli cette décision gouvernementale d’empêcher les Congolais de communiquer et surtout le fait de pousser les opérateurs des télécommunications à ne pas respecter leur contrat vis-à-vis des clients.
Pr AVB : Il est vrai que chaque Gouvernement a le devoir de protéger sa population et d’assurer la sécurité de éon territoire, mais il doit pour ce faire respecter la procédure préalablement définie par la constitution, par les lois du pays et ne pas fouler aux pieds les engagements internationaux librement souscrits et ratifiés.
Le Congo ne s’étant pas doté d’un Code des Télécommunications, il est difficile de savoir de quelle légalité le Gouvernement congolais a couvert son acte. Ce que je peux vous assurer, est le fait que tous les Gouvernements du monde ont souscrit à la neutralité de l’internet. Même dans les pays ne portant pas le nom de République démocratique comme le Congo on ne coupe pas la transmission pour toute une nation. On met par contre les hommes dangereux, les terroristes ou ceux poursuivis par la justice sous écoute ou sous surveillance. En coupant l’Internet au Congo, l’Etat a puni non seulement les Congolais, mais aussi tous ceux qui en Amérique, en Europe, en Asie ou en Océanie devaient entrer en contact avec les correspondants ou les entreprises congolaises
Empêcher les gens de communiquer au. vingt et unième siècle est une utopie qu’aucun Gouvernement au monde ne peut réussir, même s’il mettait toute sa population en prison. Communiquer pour un humain fait partie des droits des individus, droits répertoriés dans la déclaration universelle de droits de l’homme enregistrée dans la Charte des Nations Unies en 1948.
Sur le plan moral, cela me paraît disproportionné, car punir 65 millions d’habitants parce que qu’environ 100 milles personnes manifestaient est difficile à soutenir.
Sur le plan des effets recherchés, le résultat a été contre-productif. Les images sur la manifestation circulaient à l’extérieur du pays. Elles étaient envoyées par ceux qui ont des téléphones satellitaires ou d’autres réseaux spécialisés qui échappent au contrôle du Gouvernement. Cela va favoriser encore l’augmentation des réseaux satellitaires privés dans le pays et risque de pousser certains à se méfier du réseau officiel. Je pense que dans l’état actuel des choses, le Gouvernement n’avait pas besoin d’un tel geste. Il a fait lui-même sa contre-propagande.
Sur le plan économique, il y aura des problèmes. Les abonnés à l’Internet ayant déjà payé leurs souscriptions doivent être rétablis dans leurs droits pour quinze jours, de même pour les compagnies des télécommunications. Si on admet l’hypothèse selon laquelle le chiffre de dépenses des utilisateurs est de 1 million de dollars par jour, cela veut dire que rien que pour les abonnés, l’Etat doit débourser quinze millions de dollars. A cela il faut ajouter l’indemnisation des sociétés qui fournissent ces services. L’argent à donner proviendra du trésor public, c’est à dire des impôts payés par les contribuables congolais, les mêmes contribuables qui sont les victimes. On ne peut pas d’un côté parler de développer le pays en faisant appel aux investisseurs et de l’autre prendre des décisions qui vont à l’encontre de sa proclamation. La circulation de l’information, faut-il le rappeler, permet justement aux hommes d’affaires et aux entrepreneurs de vendre leurs productions. Quand on les bloque, il y a tracasserie administrative. Cela véhicule une très mauvaise image à l’extérieur du pays. La confiance risque de demander beaucoup de temps pour revenir.
Le Phare : Finalement le Gouvernement a rétabli le service SMS et Internet. Mais on constate qu’il se pose beaucoup de problèmes au niveau de la vitesse devenue très lente et des réseaux sociaux qui ne sont pas rétablis. Pensez-vous que nous sommes entrés dans une sorte de dirigisme dans le secteur des télécommunications ou qu’il y a encore une expression libre comme le rappelle la constitution congolaise qui institue le droit d’informer et de s’informer en toute liberté en son article 4.
Pr AVB : Dans le secteur des télécommunications congolaises il y a à boire et amanger. La RDC a opté pour une économie du marché, une économie libérale. C’est la loi 013 du 16 octobre 2002 qui libéralise le secteur des télécommunications au Congo. Elle a été votée par le Parlement de Lubumbashi. Cette loi comporte des contradictions. Elle libéralise le secteur à l’entrée et veut garder le monopôle à la sortie. Je m’explique : elle libéralise la transmission mais garde la commutation en forçant les opérateurs à passer par le Centre de transit de I’OCPT pour toute communication locale ou internationale. Or dans le monde libéral des télécommunications on procède par la régulation, alors que le dirigisme fait ‘appel à la règlementation. Dans le premier cas, il y a l’autorité de régulation qui remplace le Ministère des PU, et dans le second cas il n’y a que le Ministère des PTT. Au Congo on a les deux. Qui dirige, qui régule, c’est difficile à cerner. Ce qui est sûr est qu’il y a deux têtes sur un même tronc.
Le régulateur est un arbitre du match qui se joue entre les opérateurs, les utilisateurs et le Gouvernement. Il protège les intérêts des uns et des autres. Ses décisions sont prises après consultations des partenaires et par consensus. Le problème au Congo est qu’il n y a aucune association des consommateurs dans ce secteur. En 2002 on est peut être allé trop vite, et peut être même avoir négligé certains préalables. En France par contre, la libéralisation du secteur a commencé en 1986 pour prendre corps réellement en 1996, soit dix ans.
Pourtant, le but poursuivi par les acteurs de 2002 était de pallier les carences de l’Etat dans les investissements. Le Gouvernement congolais confiait son secteur des télécommunications aux privés pour le développer et répondre aux besoins de sa population. Comme souvent les privés se méfient du Pouvoir étatique, pour créer un climat de confiance, il a supprimé le pouvoir direct de l’Administration sur ce secteur. Ensuite afin d’éviter le risque de désinvestisse- ment par la non atteinte du niveau des recettes nécessaires permettant de réaliser de nouveaux projets et se donner l’occasion d’avoir de plus en plus de visibilité dans le flux d’interconnexion et faire valoir ses droits sur la fiscalité de ces services, et enfin d’encadrer les tarifs qui risqueraient de freiner l’accessibilité au service, le Gouvernement congolais doit avoir soumis un cahier des charges aux industriels.
Les dirigeants de l’époque avaient pensé que voulant élargir leurs marchés pour réaliser les économies d’échelle, les opérateurs de communications électroniques allaient étendre leurs réseaux et toucher par la même occasion le monde rural congolais, évitant ainsi au pays de connaître une fracture téléphonique.
Dans mon entendement, après échec de plusieurs tentatives avec l’opérateur public « OCPT » et par manque d’argent, l’objectif poursuivi par les pouvoirs publics congolais dans la loi de 2002 était de favoriser l’exercice au bénéfice des utilisateurs d’une concurrence effective et loyale, veiller à la fourniture et au financement de l’ensemble des composants du service public à savoir la fourniture à tous d’un service universel de qualité à un prix abordable, l’instauration d’un service de renseignement et d’un annuaire d’abonnés, veiller à la création d’emploi, faciliter l’introduction de la technologie par le biais de Fa formation et prendre en compte l’intérêt des utilisateurs d’arrière-pays. Malheureusement’, les initiateurs du projet ont pris certaines dispositions de la loi française sur la régulation p.our les insérer dans leur projet. Le Congo ne poursuivant pas les mêmes objectifs que la France, certains articles de la loi sont inappropriés. .La France comme certains pays membres de l’OCDE possède les industries des matériels de télécommunications alors que le Congo n’en a pas.
Quant à la lenteur que vous évoquez, elle peut tirer son origine du mécontentement des opérateurs. N’oubliez pas que ces sociétés ont eu à faire face aux coûts de l’immobilisation de l’équipement, aux dépenses du personnel alors que celui-ci ne travaille pas. Aucun industriel n’aime se trouver dans ce cas de figure. La situation deviendra normale au fur et à mesure que le fonctionnement du matériel atteindra sa vitesse de croisière et que le Gouvernement dira comment il compte indemniser les victimes de toutes ses mesures. Pour ce qui. est du dirigisme de l’Etat dans les télécommunications, je pense que quelle que soit sa volonté, le Gouvernement congolais n’a ni la capacité financière, ni la hauteur technique, ni l’étoffe nécessaires pour entreprendre une telle politique, d’ailleurs ruineuse Le domaine de la téléinformatique est un monde habité par la technologie fine de pointe exigeant de lourds investissements dans la Recherche Développement et dans la production. Ce n’est pas avec un budget global de 8 milliards de dollars annuels qu’on peut y faire face. Penser à une telle politique, c’est être irréaliste.
Le Phare : Vous dites qu’il y a une contradiction dans la loi du 16 octobre 2002. Est- elle dépassée ou bien elle nécessite d’être réformée ? La deuxième question, le Président de la république n’étant pas responsable devant le parlement, est-ce qu’on qu’on ne se retrouve pas devant une loi inconstitutionnelle dans là mesure où l’ARPTC est une institution et ne devrait donc pas dépendre d’une autre institution?
Pr AVB : Comme je vous l’ai dit, généralement quand on veut faire appel aux capitaux privés, pour faire marcher un pan de l’économie nationale, on négocie avec les investisseurs. Ceux-ci posent leurs conditions. Et l’une de ces conditions consiste à éviter les tracasseries administratives, par l’obtention de la sécurité juridique de l’investissement. Il y a trop des conditions, c’est difficile de les énumérer toutes ici. Et vous savez le secteur des télécommunications est un secteur qui demande des investissements lourds. C’est pourquoi les industriels sont exigeants.
En réalité les aménagements essentiels apportés par cette loi portent sur le monopole, la séparation des fonctions de régulation de celles d’exploitation, le statut de l’exploitant, les régimes d’exploitation, le service universel, les radioélectriques privées et la position du Gouvernement. De même l’importation et la fonction des équipements et terminaux sont libéralisés. Ce qui appelle la nécessité de l’élaboration d’une réglementation adéquate de la normalisation et de l’homologation des équipements terminaux, chose qui jusqu’aujourd’hui n’est pas réalisée. Tous les téléphones portables introduits au Congo sont-ils adaptés pour la protection de la santé du consommateur congolais. Personne ne peut le dire. D’une manière générale, l’on constate que la loi par ses contradictions consacre la situation anarchique et désastreuse qui prévalait sur le terrain et qui résultait de” l’interprétation intéressée du régime, de concession et d’autorisations particulières définies par l’Ordonnance coloniale de 1940, légèrement modifiée en 195.6. Le réaménagement du monopole et l’introduction de la concurrence avaient réellement conduit à une profonde transformation juridique mais non achevée du secteur des Télécommunications par la séparation théorique des fonctions de réglementation et d’exploitation. La distinction des autorités chargées d’une part d’exploiter un service «OCPT» et d’autre part de déterminer le cadre juridique dans lequel il est offert au public « ARPTC », répond à un principe de bon sens : on ne peut être juge est partie. Contrairement è ce qu’attendaient les opérateurs, cette loi n’est pas allée loin. Au lieu de restructurer profondément le secteur, la loi ajoute à la confusion le désordre qui régnait au sein de I’OCPT. Cette loi oblige tous les opérateurs à faire transiter leurs communications urbaines, interurbaines et internationales par le commutateur central de l’Office congolais des PTT, l’Office qui doit taxer ce passage. Ce qui alourdit la procédure de transmission par l’ajoute des dispositifs inutiles, augmente le prix de communications et rend aléatoire l’efficacité que tout le monde recherche, car en cas de panne du Centre de transit de I’OCPT, tout le réseau sera bloqué. La loi ne dit rien sur la définition des organes d’interface.
La régulation juridique congolaise basée sur cette loi de 2002 porte sur les télécommunications de 1956 alors que sur le terrain, il s’agit des communications électroniques comprenant la télévision, la télédistribution, l’internet, et la radiodiffusion, toutes les trois couches de communications électroniques. La loi ne parle pas de gérer le plan national des fréquences en le mettant à jour et en le publiant ; ne veille pas à ce que le public congolais ne soit exposé aux champs électromagnétiques par la pose des pylônes d’antennes surmultipliées dans les parcelles; ne fixe pas les conditions d’homologation des terminaux portables et d’établissement d’annuaire téléphonique.
Deuxièmement, la même loi attribue les mêmes compétences à l’Arptc et au ministre des PU. Vous pouvez vous promener dans le monde, vous allez voir que partout où on a créé l’autorité de régulation, on a supprimé le ministère des PTT. Et en Europe ou en Amérique, vous verrez qu’il n’y a pas de ministère des PTT. Ça n’existe pas. Parce qu’il y a déjà une autorité de régulation. Alors, entendons-nous bien, qu’est- ce qu’on veut faire par la régulation? Par la régulation on gère par consensus, entre les privés et le régulateur, les fournisseurs et leurs utilisateurs. Comment les décisions sont-elles prises ? C’est par des appels à candidatures, par des propositions qui sont publiées, les opérateurs se prononcent, les utilisateurs se prononcent aussi. On se met ensemble et on prend la décision. C’est ça la régulation, c’est-à-dire l’arbitrage.
Personne d’autre ne peut le remplacer. Or, au Congo qu’est-ce qu’on voit ? Il y a l’arbitre -l’ARPTC - et en même temps il y a le ministre qui a le pouvoir de réglementation et qui veut règlementer. Et pour que le ministre ne puisse pas règlementer, on a rattaché la régulation à la présidence de la République. Et comme le président de la République n’a pas le pouvoir règlementaire, la régulation est devenue un corps sans tutelle. C’est ça le drame. Parce que ne dépendant pas du ministre tout en dépendant d’une autorité qui n’a pas le pouvoir règlementaire, elle est devenue un électron libre. On fait la publicité mensongère à la télévision, on jure par les jeux du hasard, personne ne dit mot, et il n’y a pas des sanctions. On oublie même l’exigence qui devait porter sur l’exposition du consommateur congolais aux champs électromagnétiques produits par les réseaux locaux radioélectriques fonctionnant dans la bande de 900, 1800 MHz et 2,45 GHz.
Le Phare : Revenons à l’observation de tout à l’heure. Vous avez parlé de sociétés des télécommunications qui devaient faire transiter par l’Ocpt, leurs communications entrant et sortant du pays. Si nous avons bien compris, vous faites allusion au code 243 qui est l’identité de la RDC sur le plan international. Ce code appartenant à la République, n’est-ce pas logique qu’il soit géré par un organe de la république et qu’il soit fait obligation de passer par l’Ocpt ? Deuxième question, ce transit est contourné d’une certaine manière par certains opérateurs qui ont mis sur pied des stratégies d’escroquerie qui consistent à faire passer les appels à travers des filtres locaux et internationaux. En clair, un appel venu de l’extérieur est réceptionné comme un appel local et quand quelqu’un de l’intérieur appelle l’extérieur, c’est un numéro de Londres, Paris ou Amsterdam qui s’affiche. Comment faut-il analyser tout cela et Comment protéger le code 243?
L’indicatif 243 est un chiffre donné par la Conférence Mondiale de Radiocommunication d l’Union Internationale des Télécommunications « UIT » à chaque pays pour le distinguer des autres. En fait, au niveau des Télécommunications, c’est le nom du pays, mais en chiffres. On aurait pu aussi lui donner les lettres ou les abréviations comme le fait le Touring Club International pour les véhicules. Sur les voitures congolaises on met les lettres CGO. Ainsi quand une voiture congolaise entre dans un pays étranger, on peut la distinguer de l’autre véhicule local.
Dans la transmission, l’indicatif 243 est utilisé par le sélecteur de l’autocommutateur pour chercher dans le concert des nations, un pays qui s’appelle RDC pour lui acheminer les communications. li y a des pays qui ont plus de deux indicateurs et certains organismes qui ne sont pas des Etats en ont. C’est ainsi que nous dépassons le chiffre 250, alors qu’il n’y a pas 200 pays sur la terre. Avec l’arrivée de protocoles ‘Internet on est entré dans la révolution de la commutation, je pense que ces anciennes procédures laisseront la place à d’autres plus adaptées.
Aujourd’hui par exemple, alors que vous êtes à Kinshasa, vous pouvez domicilier votre boîte e-mail aux Etats Unis (yahoo.com), en France (yahoo.fr), en Belgique (yahoo.be) ou même dans les nuages (netskape.net). N’eut été le souci de contenir le terrorisme, de surveiller des réseaux criminels et arrêter les opérations maffieuses, l’utilisation du fameux 00243 allait connaître sa fin depuis 2014. La transmission par protocoles Internet ignore cette procédure.
Le 243 est précédé de 00 qui veut dire vous téléphoner à l’extérieur et un seul 0 indiquant que vous allez effectuer un appel local. Si vous êtes à Bruxelles par exemple et si vous formez le 00243 suivi d’un numéro cela veut dire : 00 vous allez en dehors de la Belgique et 243 vous sonnez au Congo. C’est un problème de numérotation téléphone destiné à faciliter l’atteinte de l’abonné désiré. Ce n’est pas la bonne ou la mauvaise utilisation de l’indicatif 00243 qui est à la base des fraudes que vous observez. Il n y a pas que dans l’acheminement des communications où il y a la fraude.
Vous avez la même situation dans les mines, dans le pétrole et la forêt de notre pays. Pourtant ces créneaux n’utilisent pas l’indicatif 243.
Le secteur des télécommunications est un monde qui brasse les milliards de dollars même au Congo. Notez que d’après mes calculs, les dépenses moyennes d’un abonné congolais sont de l’ordre de 8,3 dollars par mois, soit 99,60 $ par an En multipliant ce chiffre par 42 millions des SIM utilisées dans le pays par ce montant, vous obtenez 4,183 milliards de dollars. Sur un terrain comme celui-là lorsqu’on est dans un pays aux institutions que l’ONU qualifie de fragiles, la corruption et la fraude remplacent la loi.
Il y a aujourd’hui sur le marché congolais des opérateurs qui ont obtenu des licences d’exploitation sans paiement de pas de porte à l’Etat, d’autres ont donné la promesse de payer, certains ont bénéficié des subventions indirectes sans contrepartie. Par manque d’appel d’offres, d’appel à candidature ou d’appel à manifestation d’intérêt, les opérateurs ne sont pas tous logés à la même enseigne, c’est-à-dire les opérateurs ne sont pas mis dans les conditions saines de compétition. Les licences sont accordées par simple agrément sans précision pour dire s’il s’agit d’attribution par assignation ou par allotissement. Pourtant la différence est de taille et les obligations qui en résultent aussi. Tout cela crée la confusion et permet aux opérateurs de profiter de la faiblesse morale de ceux qui devaient les contrôler contourner les procédures et les normes. Il n’existe pas au Congo un code des télécommunications. Sur quelle base avez-vous les juger. Lorsque vous conduisez votre voiture vous savez qu’il a un code de roulage qui vous interdit de bruler les feux rouges. Lorsque vous le faites, vous commettez une infraction qui peut donner lieu à des poursuites. S’il n y a rien, sur quelle base va-t-on vous poursuivre? On ne peut pas violer une loi qui n’existe pas L’absence de la définition du cadre de fonctionnement des télécommunications aidant, chacun tire la couverture de son côté. Sur quelle base légale allez-vous leur faire des procès ? Tout ce que la loi n’interdit pas est bon à faire. N’oubliez pas que dans notre pays autant chez les Congolais que chez nos partenaires la corruption a atteint des proportions inquiétantes. Beaucoup des décisions économiques, judiciaires, voire même académiques sont monnayées.
Pour répondre à votre question, l’apparition du numéro local de la téléphonie, lorsqu’on, vous appelle de l’extérieur, est due au fait que les firmes de télécommunications congolaises sont des filiales de multinationales étrangères. Ainsi ces firmes passent les accords avec leur maison mère pour l’acheminement des communications venant de l’extérieur. Par exemple si l’appelant se trouve en Allemagne et appelle le Congo par Vodafone, à l’arrivée de la communication au Congo, elle sera acheminée à votre combinet par Vodacom Congo. Ceci va faire apparaitre le numéro local de Vodacom qui a aiguillé la communication. Cela n’est pas nécessairement mauvais. Cependant il faut reconnaître que dans un pays comme le Congo, le commerce entre une maison mère et sa filiale peut poser problème.
Le problème du numéro local alors que vous êtes en international, dépend des accords passés entre les opérateurs congolais et ceux de l’extérieur, ils peuvent laisser passer le numéro international ou national. Bon, cela peut ne pas se traduire par une fraude si un dispositif de contrôle existait. Les fraudes existent parce qu’il n’y a pas de contrôle. L’inefficacité du management congolais ne touche pas seulement le secteur des Télécommunications, elle s’étend à tous les compartiments de la vie nationale.
Dans le temps, un Ministre scandalisé par les fraudes, avait envisagé d’installer, grâce à la fibre optique, un centre .de centralisation des communications entrant et sortant à Moanda.
Cette hypothèse n’a pas été retenue. D’abord, elle demande un investissement lourd en hommes et en matériels, chose que le Congo n’a pas. Ensuite, compte tenu des dysfonctionnements de l’Ocpt que les Congolais ont connus, il serait hasardeux de centraliser les communications et d’espérer capter la confiance des opérateurs extérieurs. Le vrai problème qui se pose à notre pays est celui de dysfonctionnement de l’autorité de régulation ou du ministère des PTT. C’est le même dysfonctionnement qui accompagne aujourd’hui l’introduction de la fibre optique.
Le Phare : Parlons de cette fibre précisément. Vous doutez qu’elle soit la panacée tant annoncée.
Pr AVB. : De quoi s’agit-il en fait? Il s’agit d’un câble qui vient d’Europe vers l’Afrique, qui atterrit â Alger et passe par la côte ouest d’Afrique, va jusqu’en Afrique du sud et l’Afrique de l’Est. Ce câble relie tous les points par lequel il passe. Dans le temps, on avait le câble sous-marin, mais compte tenu des difficultés d’entretien et de l’évolution de la technologie, on a opté pour la fibre optique. Dans la même gaine où il y avait le fil métallique, on a mis le fil en fibre de verre. C’est ça la fibre optique. Elle offre des avantages, parce qu’elle ne demande pas des amplificateurs-diffuseurs à certaines longueurs et sous l’eau. Avec la même gaine, on peut y mettre cinq ou six fois des fils et augmenter ainsi le nombre des voix. Avec la fibre, on a de la vitesse qui peut dépasser 10 méga bites? seconde, c’est la vitesse théorique alors que la vitesse réelle est fonction de l’équipement que chaque abonné utilise pour se connecter. En RDC, la fibre optique vient de Moanda, passe par Borna, Matadi... Kinshasa. Elle est censée relier le Congo au monde entier. Pour amener cette fibre-là de Moanda à Kinshasa, il faut des travaux, des investissements. Et quand la fibre arrive à Kinshasa, il faut l’amener chez l’utilisateur. Il ne suffit pas de tirer le câble jusqu’à la grande poste et croire que tout est fait. Il faut l’amener chez l’utilisateur, parce que le but est qu’elle soit utilisée. Et là, il y à un problème.
Vous avez posé la question de savoir si la fibre optique est une panacée. Ma réponse est sans équivoque c’est «non» et je vais vous dire .pourquoi. Sur base des statistiques de l’UIT. Le premier pays qui utilise beaucoup la fibre optique est la Corée du sud. Dans ce pays, il y a au moins 10 millions d’abonnés reliés à la fibre optique. Ils sont suivis par les Usa avec 4 millions d’utilisateurs, la France et l’Allemagne avec à peu près 3 millions. Pourquoi un chiffre aussi mince par rapport à la population? Tout simplement parce qu’ils ont d’autres possibilité s et aussi parce que la fibre optique n’est pas gratuite. Pour un pays comme la France, la généralisation de l’utilisation de la fibre optique nécessité 28 milliards de dollars, malgré l’existence d’un réseau fixe de meilleure qualité. Au Congo, j’ai fait le calcul, il nous faut 178 milliards de dollars pour interconnecter les villes et les villages du pays. C’est le chiffre le plus bas et c’est un chiffre terrible pour un pays dont le budget n’atteint même pas dix milliards de dollars A moins qu’on veuille rééditer le cas INGA, on ne peut mettre tout un pays à contribution juste pour faire des montages irresponsables comme cette construction d’une ligne à haute tension qui laisse tout le pays dans l’obscurité et qui se contente de conduire le courant au Katanga où existent pourtant une multitude de chutes d’eau pouvant être transformées en barrages. Si c’est pour disposer à nouveau de ce type d’éléphants blancs, en endettant lourdement, le pays à hauteur de 178 milliards de dollars, il y a de quoi désespérer. Pour aboutir à Kinshasa, la fibre optique traverse les villes de Moanda, Borna, Matadi, Kimpese, lnkisi, et Kasangulu, villes habitées par les Congolais qui paient aussi des impôts à l’Etat. Cette façon d’agir est moralement et civiquement difficile à justifier. Il faut arrêter de mécontenter les Congolais car à force de multiplier les frustrations, on fait le lit de la balkanisation. Si on veut qu’un jour les Congolais deviennent des citoyens ayant les mêmes droits, on ne peut pas prendre la fibre optique de Moanda pour servir Kinshasa uniquement.
Cela n’a aucun sens. C’est ça la balkanisation. Puiser l’argent à Goma, au Bas-Congo, au Kivu et venir servir le monsieur qui est à Kinshasa en laissant les autres dans l’obscurité, est une politique économique suicidaire.
En plus de cet aspect, il y a encore d’autres problèmes les écueils techniques qui ne sont pas encore surmontés. Vous avez en France, aux Usa, en Allemagne, ou en Corée des téléphones fixes comme ceux de l’Ocpt. Ces pays- là ont des téléphones fixes bien développés. Qu’est-ce qu’on fait pour amener la fibre optique jusqu’à l’utilisateur ? Eh bien, dans ces pays-là, lorsqu’il s’agit de nouveaux bâtiments, on fait monter la fibre dans la maison de chaque utilisateur.
Et lorsqu’il, s’agit d’un utilisateur de classe moyenne, on prend son équipement de téléphone fixe qu’il avait pour le ‘connecter à la fibre optique, à partir par exemple de la poste centrale. En ce moment-là, ce n’est plus la vitesse de la fibre optique qui vient de la poste jusque chez l’utilisateur, c’est la vitesse de son ancien matériel. Après, il faut payer. Le problème, au Congo, est que nous n’avons pas de téléphones fixes. Que va-t-on faire ? Doit-on aiguiller la fibre vers les téléphones portables en utilisant les mêmes fréquences ? Et ce sera encore à quelle vitesse ? Et quel est le gain en ce moment pour l’utilisateur ? Deuxième élément, le Congolais a-t-il un pouvoir d’achat lui permettant de payer un abonnement de 100 dollars chaque mois pour recevoir la fibre optique chez lui à la maison? Bien sûr que les entreprises paieront mais combien sont-elles ? Est- ce que la seule consommation des entreprises suffira pour amortir l’investissement qu’on aura fait pour l’utilisation ou l’installation de la fibre optique? Non ! Je pence qu’il y a beaucoup des préalables qu’on devra cerner et résoudre.
Voici comment les choses se passent ailleurs. Le gouvernement, les banques du pays et les opérateurs s’entendent et forment un consortium. C’est ce consortium qui s’occupe du financement, de l’installation de la fibre optique et les opérateurs sont actionnaires dans ce consortium. C’est eux les vrais gagnants. Je crois qu’au Congo, c’est mal parti parce que le gouvernement s’engage à prendre en charge l’installation de la fibre optique alors qu’il n’a pas les moyens de l’amener chez l’utilisateur.
En 2008 j’ai été contacté sur la question par des opérateurs américains soucieux de venir investir en RDC dans le même créneau. Ma réponse a été toute simple. Faites d’abord l’étude de marché pour savoir si l’internet utilisé en RDC a besoin de la fibre optique. Si les études sont concluantes, il faudra élaborer une étude de faisabilité technique qui vous indiquera ce que vous devez faire pour rentabiliser vos investissements. Si non, remettez la question à plus tard. A mon avis, le Gouvernement congolais aurait dû procéder de la même manière. Or à ma connaissance, aucune étude impartiale n’a été publiée jusqu’à ce jour, disons qu’elle n’a jamais été faite. Je me pose alors la question de savoir sur quelle base fait-on des promesses aux utilisateurs. Je suis vraiment curieux. J’aimerai qu’on m’explique comment on va amener la fibre à Inongo, à Mbandaka, à Bumba, à Lisala etc. Les habitants de ces villes sont des congolais au même titre que ceux de Kinshasa. Ils n’ont pas l’électricité et parfois même pas l’eau potable. Vont-ils se servir des bougies pour utiliser leur fibre optique. Quand vous me donnerez une réponse à cette question, je cesserai d’être sceptique.
Le Phare. Puisqu’il faut malgré tout améliorer les services rendus à l’utilisateur, c’est-à-dire les communications, la qualité de transmission etc. On ne peut douter que le besoin d’accélérer la vitesse devienne de plus en plus évident. Dans la recherche des solutions, pensez- vous qu’il soit réaliste de recourir aux mêmes stratégies que dans les pays avancés ? Pour être plus précis, vous avez évoqué le cas des Etats-Unis, un pays de 400 millions d’habitants, où la fibre optique est à peine utilisée par 4 millions de personnes. Dans ce pays, il y a plus de 300 millions d’habitants qui utilisent autre chose. Quelles sont nos chances de nous engager dans une telle voie sans redouter les mêmes problèmes d’investissements trop onéreux et la contraction des dettes qui risquent d’obérer l’avenir du pays ?
Le souhait d’un service amélioré et rapide est exprimé par tout le monde personne ne peut le nier. Mais pour qu’on y arrive, il y a des préalables. Le premier est tout simple et ne demande pas des millions de dollars C’est celui de responsabiliser l’Autorité de régulation pour lui permettre de remplir sa mission dans le respect des lois, des normes et des procédures. Rien qu’avec cela beaucoup d’abus, des fraudes et de publicités mensongères vont disparaître.
Pour répondre à votre question, je vous dirai que la Corée du Sud, dans l’intérêt de son industrie, a misé sur l’internet haut débit, en investissement massivement dans la technologie de la fibre optique pour gagner les parts du marché à l’exportation. Pour amortir les coûts de structure, elle a intéressé sa population au haut débit véhiculé par la fibre. Dans ce pays, la transmission commerciale est la plus élevée. On dépasse facilement 12 méga bytes par seconde. Mais vous comprenez que le but poursuivi était de gagner des parts de marché à l’exportation et non de servir seulement l’utilisateur coréen. Les investissements dans ce domaine ont créé des milliers et des milliers d’emplois et contribué à l’augmentation des richesses produites dans le pays. La participation de l’industrie de la fibre au PIB du pays avait dépassé 2%, ce qui est énorme. L’objectif était donc de promouvoir l’industrie nationale. Le niveau de formation de ses ingénieurs, le standing de vie et le pouvoir d’achat de sa population ont permis à l’industrie nationale, par les raccordements à la fibre, d’atteindre cet objectif. Pour des raisons militaires et de sécurité nationale, les Etats-Unis ont été les premiers à introduire la fibre optique. Pour ce faire, on a investi de grosses sommes d’argent, et créé beaucoup d’emplois. L’utilisation de la fibre par les opérateurs a plus pour raison de protéger les emplois, de maintenir en vie l’industrie nationale de la fibre optique très impliqué dans la fabrication des radars et les lasers militaires.
Les américains ont des satellites qui au final rendent les mêmes services à des coûts acceptables. La France et l’Allemagne possèdent ces industries. Comme les américains, ces pays doivent protéger l’industrie nationale et les emplois, et si possible exporter leurs productions à l’étranger. Ils sont, pour des raisons de publicité pour leurs entreprises, obligés de vanter les bienfaits de la fibre à l’extérieur alors qu’à l’interne ils ne font pas beaucoup d’efforts pour intéresser toute la population. Ils utilisent les satellites sur des longues distances et des stations-relais sur des distances moyennes. L’utilisation de la fibre optique dans ces pays- là ne pose pas les mêmes problèmes qu’au Congo. Eux ont déjà des artères de fibres métalliques qu’ils remplacent en insérant la fibre dans les gaines qui servaient autrefois au câble métallique. En outre, presque dans chaque ville de l’un de ces pays, il y a des galeries souterraines creusées pour des raisons militaires. C’est dire que là où eux peuvent dépenser 1000 dollars pour un kilomètre de fibre optique, objectivement le Congo en dépensera 3000.
Cela n’est pas uniquement le cas pour notre pays. Ne nous laissons pas prendre au piège comme cela a été le cas avec la construction de la ligne électrique Inga-Shaba.
Le Phare : Dans vôtre ouvrage sur le blocage des télécommunications, vous exprimez une forte dose de pessimisme. A votre avis, qu’est-ce qui empêche les télécommunications de décoller en RDC : infrastructures, cadre juridique ou économique?
Pr AVB : Tout est lié. Le secteur ne peut pas se porter mieux en l’absence d’une bonne politique économique cohérente dans le pays. Tout se tient. Dès lors qu’il y a un dysfonctionnement dans un segment, tout est contaminé. Il ne s’agit pas du pessimisme mais cela ne changera rien à la situation du pays.
La politique de l’autruche n’a jamais amené le progrès dans un pays. J’ai les pieds sur terre. J’insiste pour dire que nous devons faire les choses dans l’ordre et en définissant les priorités dans un plan de développement des télécommunications. Cela nous attirera l’estime de nos partenaires.
Le Phare Mais a-t-on pas d’autres solutions en dehors de la fibre optique?
Pr AVB Bien sûr que oui. Souvenez-vous, je vous ai parlé de la France, des Etats Unis et de l’Allemagne. Des solutions moins couteuses existent. Elles ont déjà fait leurs preuves même au Congo. Quand nous téléphonons ou regardons les télévisions européennes c’est par le satellite que nous passons. Pour contourner les difficultés financières et techniques de la fibre, beaucoup de pays ont investi dans les « satellites des télécommunications». Ils coûtent moins cher et sont très efficaces. On peut atteindre directement n’importe quel village congolais sans construire des stations relais. Ce n’est pas la mer à boire pour un pays comme la RDC. Avec deux cents millions de dollars, la RD Congo peut s’offrir un satellite géostationnaire. Ce sont des satellites multiservices qui peuvent servir au-delà des télécommunications, pour exercer la surveillance du territoire, de ses frontières et de ses forêts. On peut également penser embarquer dans cette aventure nos voisins avec qui nous entretenons de bonnes relations. A moindre coût, ce satellite a la capacité de couvrir l’ensemble du pays. L’étude comparative n’ayant pas été faite, il est difficile de dire que la fibre optique est adaptée pour la RD Congo ou pas. Je crois que ce n’est pas tard, il faut mener des études et opter pour des solutions optimales.
Le Phare : A vous entendre parler, si chaque congolais sur les 70 millions que compte le pays, contribuait pour 3 dollars, on peut acheter un satellite ?
Pr AVB : Effectivement, cette comptabilité est exacte, C’est la solution adoptée ailleurs, Pourquoi pas chez nous ? Mais la question cruciale reste d’amener l’Etat congolais à assumer ses responsabilités et exercer son contrôle dans ce domaine comme dans d’autres.
Le Phare : Quelle conclusion tirez-vous de la situation actuelle
La conclusion que je tire de la situation actuelle de nos télécommunications ? Excusez-moi d’être direct Est-ce que la Politique économique que mène le Gouvernement congolais est cohérente ? Pouvez-vous parler d’internet haut débit alors que vous n’avez pas encore résolu le problème de l’électricité même à Kinshasa ? Avec quelle énergie va-t-on faire fonctionner le matériel ? Avec le bois de chauffage ? La braise ? Non ! Soyons simple, soyons réaliste et faisons les choses de manière ordonnée. Ne cédons pas aux sirènes de vendeurs des équipements, même s’ils nous font miroiter des avantages personnels.
Interview réalisée par Perside Diawaku et VAN