Financement des élections en RDC : le FMI recommande de jouer sur les impôts

Jeudi 4 juin 2015 - 23:38

Le Fonds monétaire international (FMI) recommande aux autorités de Kinshasa d'"exploiter le vaste potentiel fiscal" de la République démocratique du Congo afin de dégager des marges budgétaires à l'approche d'élections coûteuses, selon un communiqué reçu jeudi par l'AFP.

Le FMI "insiste sur la nécessité d'exploiter le vaste potentiel fiscal de la RDC pour accroître les recettes intérieures", indique ce texte publié à l'issue de la visite d'une mission du Fonds à Kinshasa.

"Cela permettrait d'augmenter les dépenses publiques dans les secteurs prioritaires, en particulier l'éducation, la santé et les infrastructures de base, tout en contribuant au financement des élections en 2015-16", ajoute le communiqué.

Le climat politique est tendu en RDC à l'approche d'une série de scrutins devant mener à l'élection présidentielle de 2016. Le président Joseph Kabila est au pouvoir depuis 2001. La Constitution lui interdit de se représenter.

Le coût de tous ces scrutins a été chiffré à 1,1 milliard de dollars alors que le budget de l'État se monte à 9 milliards de dollars pour 2015.

L'opposition soupçonne le chef de l'État de manoeuvrer pour se maintenir au pouvoir au-delà de la fin de son mandat et redoute que la multiplication des scrutins prévus avant la présidentielle ne consume tous les fonds disponibles.

Elle craint que cela serve de prétexte pour retarder la présidentielle alors que les bailleurs internationaux tardent à concrétiser leur promesse de soutien financier au processus électoral.

La déclaration du FMI survient par ailleurs alors que le gouvernement et les représentants du secteur minier, moteur de la croissance économique du pays, doivent reprendre des discussions sur un projet controversé de réforme du Code minier.

Désireux d'accroître ses recettes l'État propose une hausse généralisée des impôts dus par les miniers, la suppression d'un certain nombre d'avantages qui leur sont octroyés, et la création de nouvelles taxes.

Le patronat a mis en garde contre le risque d'une fuite des investisseurs, et des discussions doivent bientôt reprendre pour permettre aux deux parties de trouver un terrain d'entente.

Dans son communiqué, le FMI note "un certain attentisme du secteur privé à l'approche des élections". Selon ses prévisions, la croissance de l'économie congolaise, tirée par les mines, devrait atteindre 9,2% en 2015, comme en 2014, quand le gouvernement table sur 10,3%.

En dépit de la forte croissance que connaît la RDC depuis quelques années, la majorité de la population croupit dans une pauvreté extrême.