19 ans après l’assassinat de Mgr Munzihirwa par les FPR à Bukavu : Les Congolais appelés à ne pas craindre ceux qui tuent le corps

Vendredi 30 octobre 2015 - 13:54

Premier à pressentir le drame qu’aller vivre la RDC dans sa partie Est, Mgr Christophe Munzihirwa était assassiné le 29 octobre 1996 à Bukavu, dans la province du Sud Kivu, par les FPR. Mais, sa disparition ne l’a pas fait oublier des Congolais. Pour témoigner son attachement à celui qu’ils présentent comme « un martyr de la vérité et de la paix », le CIAM-Kin, le Rodhecic et le groupe Jérémie ont organisé une messe d’action de grâces en sa mémoire hier jeudi 29 octobre 2015 en la paroisse Christ Roi dé la commune de Kasa-Vubu. Dite par le père Léon de Saint Moulin, cette messe a non seulement rappelé qui était Mgr Munzihirwa mais invité les Congolais’ à vaincre la peur et à ne pas craindre ceux qui tuent le corps. Ils sont plutôt conviés, à la lumière de l’évangile de St Luc, à craindre celui qui, après avoir tué le corps, a la possibilité de vous jeter en enfer.

 

Né le 1er janvier 1926 à Lukumbo, au Sud-Kivu, Christophe Munzihurwa Ngabo était ordonné prêtre dans le clergé diocésain de Bukavu le 17 août 1958. Le 27 mars 1994, il était devenu Archevêque de Bukavu et en même temps Administrateur Apostolique du diocèse de Kasongo. En avril et mai de la même année, alors qu’il participait à Rome au Synode des Evêques consacré à l’Afrique, il était rentré précipitamment à Bukavu à la suite de l’arrivée massive des réfugiés rwandais. Aussitôt, il s’était mis à la quête des moyens pour secourir ces infortunés dont personne ne s’occupait. Il avait invité les populations locales, a plus de solidarité à l’égard des réfugiés, à dénoncer la passivité et les jeux diplomatiques des milieux internationaux face au déclenchement des forces de la mort. Il avait suggéré aux belligérants la recherche des solutions politiques, à défendre la dignité dé toute personne humaine. Aux autorités de Kigali, il avait demandé l’organisation d’une rencontre interrwandaise en vue d’une solution politique négociée. Quant à ceux de Kinshasa, il avait demandé de garantir l’intégrité du territoire national. Ce sont ces prises de position qui lui avaient coûté la vie.

 

Comment a-t-il trouvé la mort

 

En effet, c’est à la suite de l’attentat contre l’avion du président Rwandais Habyarimana, le 6 avril 2014, que des centaines de millier des Rwandais entraient par Goma et Bukavu afin d’échapper aux massacres dirigés contre les Tutsi et Hutu modérés après la mort du président. La présence parmi les réfugiés des éléments des Forces de Libération du Rwanda était une occasion pour les armées ougandaise, rwandaise et burundaise d’envahir le Kivu, d’empêcher le retour des réfugiés dans leurs pays d’origine, de faire main basse sur les ressources naturelles de la RDC. Les souffrances et les épreuves des populations civiles s‘étaient amplifiées.

 

Ces armées avaient organisé une rébellion masquée pour renverser le pouvoir à Kinshasa. Ce qui avait déclenché la réaction de l’armée congolaise et des actions étaient perpétrées sur ‘les populations à Kivu. Face. à cette situation, seul Mgr. Munzihurwa avait pris position contre les violations massives des droits humains commises par les belligérants. Le 28 octobre 1996, la veille de son assassinat. Il avait convoqué une réunion du « Comité de défense des intérêts de la population » à l’archevêché. Constitué spontanément autour de l’archevêque, ce comité voulait tenter de mettre fin au chaos, pillages et meurtres.

Et, comme prévu, la réunion s’était tenue le mardi 29 octobre 1996 à 14 heures. Juste après, cette réunion, vers 18 heures, accompagné de son chauffeur, d’un garde du corps et d’un autre véhicule dans lequel se trouvait un certain Kabego, il avait quitté l’archevêché pour le collège jésuite Alfagiri où il voulait passer la nuit. Sa voiture était immobilisée par des tirs en rafales d’un commando rwandais du FPR stationné sur les lieux. Toute l’escorte abattus par les éléments du FPR, Mgr Munzihirwa s’était vu contraint de descendre du véhicule pour se diriger vers les assaillants. Croix à la main, il était soumis à un interrogatoire et aux tortures près de la clôture, de la SINELAC avant d’être exécuté.

Par Yves Kadima