Tribune: "La jeunesse congolaise face à son avenir" (Rémy Luvumbu)

Lundi 17 juin 2019 - 09:05
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La jeunesse congolaise est mal outillée pour vivre pleinement son évolution morale, intellectuelle, culturelle et spirituelle. Cette situation semble très compromettante pour l’épanouissement et le développement de toute la nation congolaise. 

Cette tranche de la société congolaise est constituée de trois-quarts de la population nationale qui serait l’image de l’avenir de la nation, est exposée à un chômage à outrance. Comme bon nombre des pays d’Afrique, la jeunesse congolaise se trouve exposée face à des institutions qui ne se soucient guerre de son émancipation et de son évolution, sur toutes ses formes. 

Les dirigeants congolais se sont spécialisés dans des slogans sans lendemain et des discours de campagnes. Leurs initiatives sont dépourvues de volonté politique pour mettre en valeur l'immense potentiel humain que constitue sa jeunesse, alors que cette dernière est pleine de vitalité, d’initiatives, en croissance rapide, fourmillant d'intentions mais dont la majorité si elle ne trouve pas la route d’exil dans des pays modernes, s'épuise dans la lutte quotidienne pour la survie.

La vie socioculturelle est marquée par les manifestations funéraires et musicales, ou ayant trait à la musique et aux activités de vandalisme. Pendant ces activités, les jeunes sont souvent adonnés à des divers spectacles, favorisant la consommation des boissons enivrantes et diverses sortes de drogues artisanales ; ce qui occasionnent des facteurs criminogènes et de dépravation de mœurs. 

Par ailleurs, la paupérisation de 87% de la population a fini par détruire le tissu social, la cellule de base et l’éducation. L’accoutrement vestimentaire dont fait preuve cette jeunesse est une expression de créativité face aux obstacles courants et aux insuffisances matériels. La société congolaise a de surcroît perdu le sens de la solidarité qui la caractérisait autrefois, le respect envers son environnement et des valeurs intrinsèques qui fondent une nation ; à savoir le patriotisme inconditionnel qui définit le modèle de sa société. 

Cette jeunesse qui est l’expression du Congo de demain, souffre d’impréparations et d’un taux de chômage à outrance, dépassant toutes les estimations pour un pays reconnu comme un scandale géologique. Elle ne bénéficie d’aucune initiative remarquable de ses dirigeants. La vie socioculturelle n’est pas attachée à des valeurs qui imprègnent les pratiques quotidiennes pour qu’en retour, celles-ci viennent à influencer sur son évolution socioculturelle et intellectuelle.

L'univers congolais est devenu une scène de théâtre à ciel ouvert. Pour leur survie, les jeunes congolaises et congolais acceptent d’être réduits au rôle ''d’artiste'' et du ''chantre de seconde main''. La débauche est omniprésente et les jeunes semblent s’accommoder dans l'art de la mendicité, qui est devenu monnaie courante, communément appelé ″MATOLO″ ; le tout se fait avec beaucoup d'humour et, la chanson est tout simplement devenue une façon d'aborder la réalité de la vie courante et des rapports sociaux qui s'y nouent lorsque les activités économiques inductives seraient toutes entre les mains d’expatriés ou de l'ex famille présidentielle. 
Subissant les conséquences des conflits armés et d’instabilités politiques, associant l’immaturité de ses gouvernants, la vie de la jeunesse congolaise se trouve hypothéquée dans un État où il n’est pas bon d’être un enfant ou adolescent. Pour cette catégorie, la situation est dramatique. La malnutrition et les violences sexuelles avec une résurgence de phénomène de l’enfant soldat et de tout le risque au déplacement ont déjà dépassé le seuil de son paroxysme. L’accès aux soins et notamment aux vaccinations reste problématique étant donné les faibles moyens accordés aux hôpitaux et le manque d’informations de la population.

Ces multiples lacunes ont entrainé la réapparition des maladies, telles que le tétanos, la polio, la diphtérie, la coqueluche, la rougeole, la rubéole, les oreillons, l'hépatite B, le paludisme et certaines formes graves de méningites, ceux qui occasionnent des conséquences dramatiques quant à son évolution mentale avec des graves effets pour tout ce qui concerne l’apprentissage. 

Les insuffisances multiformes que vivent les classes sociales congolaises se manifestent par le caractère kléptomanique de ses dirigeants. Exposé à un climat politique délétère, l’avenir de la nation congolaise se trouve hypothéqué par une élite inconsciente et irresponsable.

Par ailleurs, le niveau de la paupérisation de la population qui est la figure inverse de ses dirigeants se traduit par de débordement qui ne donne pas signe d’une amélioration future. Les fêtes nationales, les activités culturelles et politiques sont souvent des occasions d’expression de débordement, d’actes inciviques qui se multiplient sur toute l’étendue de la République au risque d’embraser toute la nation, avec des répercutions hors des frontières nationales alors qu’il serait profitable à tous d’insister sur la nécessité de la mise en place des structures de gestion efficiente, des institutions culturelles sur base des réformes pour la mise en place d’un Etat de droit comme gage de garantie et de contrôle, limitant ainsi les débordements excessifs.

Comme partout au monde les jeunes éduqués sont favorables à un avenir meilleur, à une carrière professionnelle est une garantie à toute forme de débordement, limitant ainsi tous facteurs criminogènes. En ce qui concerne notre sujet, le futur des jeunes congolais est sombre car il est mal outillé pour affronter l’avenir, du fait de manque d’organisation et de l’impréparation des institutions qui composent sa société. Contrairement à la jeunesse des pays modernes, la jeunesse congolaise dans son ensemble perçoit l’avenir de manière pessimiste avec une seule voie de sortie : l’exil dans des pays modernes. 

Rémy Luvumbu
Pour Arc-en-Tech Intelligency
Bureau d’études stratégiques pour la paix et le développement des pays d’Afrique.