RDC-Affaire 15 millions : "Il y a-t-il une main noire derrière l'enquête de l'IGF?", s'interroge José-Marie Tasoki, professeur de Droit à l'UNIKIN

Lundi 16 septembre 2019 - 11:07
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José-Marie Tasoki Manzele

José-Marie Tasoki Manzele, professeur de Droit à l'Université de Kinshasa et avocat au barreau de Kinshasa/Gombe, s'est confié samedi 14 septembre dernier à 7SUR7.CD au sujet de l'affaire dite de 15 millions de dollars américains qui seraient détournés.

D'entre de jeu, il précise que l'Agence Nationale de Renseignements, "ANR", et l'Inspection Générale des Finances, "IGF", ont toutes les deux pour mission notamment de rechercher les infractions.

"L'ANR sur le plan de droit en matière pénale, fait partie des organes qui sont chargés de la recherche des infractions. L'Inspection Générale des Finances aussi, outre son expertise en matière des comptes publics, est composée de personnes qui sont revêtues de la qualité d'officier de police judiciaire. Donc, l'IGF aussi a le pouvoir au regard de la loi de rechercher les infractions", dit-il.

S'agissant de la procédure utilisée par l'ANR en instruisant l'IGF, José-Marie Tasoki Manzele considère que dans une certaine mesure, l'on peut parler d'une rébellion administrative.

"On peut dire qu'il s'agit d'une rébellion administrative. Mais est-ce que l'ANR a agi seule? La rébellion administrative est du côté purement administratif", poursuit-il.

Une main noire derrière l'enquête de l'IGF?

Cependant, ce professeur de Droit à l'Université de Kinshasa s'interroge sur l'existence ou pas d'une main noire derrière l'enquête menée par l'IGF à la présidence de la République, car selon lui, la présidence ne devrait pas être surprise par cette enquête étant donné que l'IGF et l'ANR dépendent d'elle. 

En outre, José-Marie Tasoki Manzele dit trouver bizarre l'attitude de l'Inspection Générale des Finances après avoir fini son enquête.

"Là ou je trouve un peu drôle, comment l'IGF après avoir fini l'enquête, au lieu de faire rapport à l'ANR a fait plutôt rapport au Parquet Général?", s'est interrogé José-Marie Tasoki Manzele.

Tout en reconnaissant que l'Agence Nationale de Renseignements et l'Inspection Générale des Finances peuvent agir en toute indépendance, José-Marie Tasoki Manzele soutient que toutes leurs actions doivent être connues par le chef de l'État.

Dans la foulée, cet avocat estime que c'est maintenant aux magistrats d'approfondir l'enquête, et que si ces derniers pensent que l'infraction de détournement des deniers publics est établie, le Parquet Général va saisir le Tribunal compétent.

"C'est l'argent de l'État, c'est l'argent du contribuable Congolais, c'est l'argent de tous les Congolais. Une telle somme, même lorsqu'elle serait petite, les Congolais doivent savoir comment elle a été gérée dans la mesure où nous disons que nous sommes dans un État de droit", conclut le professeur José-Marie Tasoki Manzele.

Les précisions du porte-parole du chef de l'État 

Selon Kasongo Mwema Yamba Y'amba, porte-parole du président de la République, Félix Tshisekedi a reçu, encouragé et rassuré l'inspecteur général des Finances, qui selon certains médias, se sentait menacé.

À en croire Kasongo Mwema Yamba Y'amba, le silence du chef de l'État au sujet de cette affaire se justifie par le respect d'un principe démocratique étant donné que le dossier a déjà été transmis par l'IGF à la Justice.

"Finalement, cette affaire révèle l'ancrage de la démocratie en RDC. Hier, appareil de répression sécurocrate, l'ANR, initiatrice du dossier, devient auxiliaire du contrôle du bon fonctionnement de l'État. Un Etat de droit", a indiqué Kasongo Mwema dimanche 15 septembre dernier via Twitter.

Jephté Kitsita