
Le Centre de Recherche en Finances Publique et Développement Local (CREFDL) a, au cours d'un déjeuner d'échanges, mercredi 23 juillet, soumis son rapport de monitoring citoyen révélant des irrégularités dans l'exécution du Programme de Développement Local des 145 territoires (PDL-145 T) dans les provinces du Kwilu, Kwango, Kasaï et Kongo Central, aux députés nationaux afin que ces derniers s'en approprient afin d'activer des mécanismes de contrôle parlementaire.
CREFDL inscrit cette démarche dans le cadre de son programme de « contrôle citoyen de l’exécution des projets d’infrastructures dans les 26 provinces de la RDC ».
Au cours de ces échanges, les députés nationaux, une dizaine, représentant les provinces où les irrégularités dans l'utilisation des fonds destinés à l'exécution du PDL-145 T ont été constatées par CREFDL, ont affirmé leur implication sans faille pour lever toutes les zones d'ombres.
À en croire Valéry Madianga, coordonnateur du CREFDL, il était question d'amorcer l'étape des plaidoyers.
« Vous savez que nous avons publié le rapport sur le PDL 145 T il y a plus d'un mois et maintenant, nous sommes à l'étape des plaidoyers. Nous sommes venus devant les élus du peuple pour que ces derniers puissent d'abord s'approprier le rapport. Deuxièmement, nous pensons qu'il est temps que les gestionnaires puissent passer à la redevabilité. Il faudrait que les élus du peuple puissent poser des questions claires à tous ceux qui ont géré les fonds publics dans le cadre du PDL 145T. Nous avons relevé que le taux d'exécution était très faible, mais aussi, nous avons constaté des écarts entre les fonds décaissés par l'État et la qualité des ouvrages », a-t-il déclaré.
Le coordonnateur du CREFDL estime que les élus du peuple devraient mener des initiatives parlementaires pour en savoir un peu plus sur l'utilisation des fonds alloués à ces travaux.
Séance tenante, le député national Jean-Jacques Mbungani a suggéré que les caucus des députés de chaque province soient sensibilisés sur cette question, le PDL 145 T étant une affaire nationale. Ceci, a-t-il indiqué, permettra à chaque élu national d'exiger la redevabilité.
Les recommandations issues des échanges seront soumises aux autorités pour améliorer la gestion des finances publiques avec pour objectifs de :
- Susciter un débat public autour de la gestion des fonds d’investissements en RDC ;
- Améliorer la compréhension du public sur la procédure de gestion des fonds d’investissements en RDC.
Le Centre de Recherche en Finances Publique et Développement Local (CREFDL) a, dans son rapport de monitoring rendu public, le 16 mai 2025, relevé plusieurs irrégularités dans l'exécution des travaux du PDL-145 T.
La première phase d'enquêtes du CREFDL s'est focalisée sur l’exécution du Programme de Développement Local des 145 Territoires (PDL-145T) dans les provinces du Kwilu, Kwango, Kasaï et Kongo-Central.
Ce rapport a démontré des irrégularités suivantes :
- Des écarts importants sont constatés entre le coût et la qualité des ouvrages visités sur le terrain. Les agences d’exécution établissent le coût de construction des infrastructures autour de 250.000 USD, alors que l’État a déjà construit et équipé ces mêmes ouvrages à
moins de 100.000 USD entre 2019 et 2020 ;
- Le cadre de gestion du programme d’investissement, institué par l’Ordonnance n°23-003 du 12 janvier 2023 portant création, organisation et fonctionnement du cadre institutionnel de la mise en œuvre et du suivi-évaluation du Programme de
développement local des 145 territoires viole le manuel de procédure et du circuit de la dépense publique, le principe de libre administration des provinces et l’autonomie des ETD ;
- L’approche centralisée choisie pour exécuter le PDL-145T ne peut en aucun cas développer les communautés locales. Les priorités n’ont pas été définies en amont par les dynamiques communautaires et ne sont pas en lien avec les besoins réellement exprimés.
Une campagne de plaidoyer
intitulée « Mon Argent, Ma Responsabilité » a ensuite été lancée pour pousser cette redevabilité tant recherchée des décideurs dans la gestion des fonds d’investissements publics. Ainsi, le projet prévoit la tenue des dialogues sociaux (Tribunes d’expression populaire et des échanges avec les élus nationaux) pour accroître cette redevabilité des gestionnaires de crédits. Cette étape, soutient CREFDL, permettra de s’assurer du « feedback » de la communauté par rapport aux résultats du projet.
Junior Ika