L’actualité donne à voir depuis mercredi 10 juin 2020 un spectacle désolant sur la désignation du nouveau président de la CENI.
Il est surprenant de voir que les confessions religieuses qui devaient être garantes de la justice, de l’équité et de la transparence se soient autant fourvoyées.
Comment comprendre que les « Hommes de Dieu » aient accepté de se réunir en catimini et sous l’injonction du Parlement, pour présenter les noms de « leurs candidats », sans informer le peuple congolais des critères de choix desdits candidats, au nom de la transparence qu’ils réclament aux gouvernants.
Ce processus se déroule, en effet, dans une opacité totale sans que l’on sache les noms, profils et qualité du comité de sélection, de tous ceux qui ont candidaté, des critères de choix, des conditions d’audition, de sélection et d’élimination des candidats, etc.
En réalité, le flou savamment entretenu par les chefs religieux, avait pour seul et unique but de cacher des pratiques honteuses : le tribalisme et la corruption.
Après un premier processus d’examen de candidatures, une liste de 9 noms a été retenue, puis une short liste de 6 noms parmi lesquels le choix final devait être fait.
Contre toute attente, le comité de « sélection » composé des chefs de confessions religieuses décide à un certain moment et de façon cavalière, d’éliminer tous les candidats d’origine Kasaïenne sous le fallacieux prétexte que le président de la CENI ne saurait être de la même ethnie que le Président de la République.
Paradoxalement, la CENCO et l’ECC, représentés à cette basse messe par des ressortissants de l’ancienne province de l’Equateur, ne prêchent pas par l’exemple, puisqu’ils présentent chacun un candidat originaire de cette région !
Il est regrettable que la carte tribale, dangereuse et anticonstitutionnelle, soit utilisée sur une question aussi importante de la vie de la Nation congolaise.
Alors qu’ils avaient accepté de se réunir en cachette pour promouvoir leurs candidats, ces 2 confessions religieuses le retirent en fanfaronnant via une déclaration publique, faute d’avoir pu imposer leurs vues aux autres. Comble de l’ironie. Avaient-ils pris l’opinion publique à témoin au moment d’aller participer à la réunion de sélection ?
Si des Chefs religieux peuvent se faire complices de si graves combines, sauront-ils faire croire que ce processus n’a pas été arrosé d’une massive corruption comme des rumeurs persistantes le stipulent ?
Après les péripéties des élections de 2018, il y a aujourd’hui urgence de rompre avec les pratiques du passé.
La prochaine CENI devra être composée d’hommes et de femmes dotés de valeurs éthiques et professionnelles incontestables.
Ces personnes devraient être sélectionnées, de préférence, à travers une procédure compétitive, publique et sue de tous les congolais.
L’équipe de sélection devrait elle-même être composée de personnes respectées dans la société congolaise, pour leur intégrité et incorruptibilité. Les chefs religieux démontrent là qu’ils ne savent pas promouvoir ces valeurs.
Ce processus doit etre suivi de près par tous les congolais. Il y va de la crédibilité de nos élections, de l’assainissement de la vie publique et de notre combat commun pour la justice et la paix.
Jeansy Mwenze, Enseignant, Chercheur
Un citoyen congolais, catholique, qui croit encore aux valeurs