Accusée par une enquête de l’agence de presse Reuters et The Bureau of Investigative Journalism (TBIJ) d’avoir obtenu le contrat d’exploitation du bloc gazier Lwandjofu, dans le lac Kivu, sans remplir les conditions légales, la société Alfajiri Energy Corporation réfute tout en bloc.
Dans une conférence de presse tenue à Kinshasa le mercredi 8 novembre 2023, le directeur général de cette société de droit canadien, Christian Hamuli, a déclaré qu’il s’était rassuré que son dossier respecte toutes les exigences légales. Le reste du processus, il l’avait suivi comme tous les autres soumissionnaires.
« Le processus était transparent et le dépouillement était ouvert même au public. Il y avait aucune restriction pour accéder à la salle. Le processus etait rigoureux et les règles du jeu étaient bien définies. Nous n'avions même le droit de contacter les membres de la commission. Il y avait tolérance zéro pour tout acte de corruption. Toutes les sociétés, y compris Alfajiri, devraient signer une lettre d'engagement », a-t-il dit.
La jeunesse et les états financiers ne posent aucun souci
Parlant de la jeunesse de sa société, épinglée dans cette enquête, cet ingénieur en technique de forage, production et exploitation du pétrole et gaz pense que cela ne constitue pas un handicap. Ce qui est intéressant c’est plutôt la qualité du personnel qui va exécuter le travail.
« Ce que je reconnais, nous sommes une jeune entreprise enregistrée pendant la période de Covid. A cette époque, tous les canadiens travaillaient à la maison. Ce n'est pas un scandale. (…) L'expérience et la capacité d'une entreprise résident dans l'expérience et la capacité des personnes qui la composent. Et Alfajiri a des ingénieurs qui n'ont rien à prouver, venant pour la plupart de Calgary qui est le 2e plus grand centre pétrolier au monde. Certains parmi eux ont 30, 35 ou même 40 ans d'expérience », a-t-il déclaré.
Et de poursuivre : « Ce que les nos détracteurs font semblant de pas connaître est que de l'autre côté du lac, au Rwanda, ce sont de nouvelles entreprises comme Alfajiri qui sont en train de concrétiser l'extraction du gaz ».
Pour les états financiers, le natif du Sud-Kivu a affirmé que les gouvernements les a approuvé parce qu’ils sont bons et respectent les prérequis légaux.
« Toutes les exigences financières nous les avons respectées. Nos états financiers sont à la disposition du gouvernement qui les a approuvés. Nous ne pouvons pas les mettre sur la place publique dans la mesure où nous sommes dans un processus concurrentiel et avons aussi des partenaires qui doivent être protégés. La confidentialité dans ce secteur n’est pas choquant », a-t-il poursuivi.
Quant aux études de faisabilité dont il est également fait mention par Reuters et TBIJ, Christian Hamuli a rappelé qu’elles se font après signature du contrat et pas avant.
« Les études de faisabilité ne se font jamais avant que le contrat ne soit octroyé. On signe d'abord le contrat et les études se réalisent après. Autre chose que les gens ne savent pas, est que nous sommes en partenariat avec deux universités du Sud-Kivu, à savoir l’Université officielle de Bukavu (UOB) et l’Université évangélique en Afrique (UEA). C’est elles qui vont réaliser les études d’impact environnemental et social. Ce qui pourra manquer sera complété par une expertise extérieure », a-t-il poursuivi.
Une main noire veut empêcher la diaspora congolaise d’investir au pays
A en croire Christian Hamuli, il compte à travers ce projet apporter sa pierre au développement de son pays qu’il a quitté depuis 30 ans pour aller se former au Canada.
« Plusieurs congolais de la diaspora sont très préoccupés par le souci de voir la RDC, notre pays, se mettre débout avec des conditions de vie similaires à celles de leurs pays adoptifs. Ils se demandent chaque jour par où commencer. Pour moi, le projet Lwandjofu est un point de départ pour prêter main forte à l'amélioration des conditions de vie de mes compatriotes en utilisant mes talents acquis au Canada et à travers le monde », a argumenté Christian Hamuli.
Cependant, le directeur général d’Alfajiri Energy Corporation s’interroge s’il y a pas une main noire qui veut décourager les congolais de l’étranger de revenir au pays pour investir.
« La question que tout le monde devrait se poser, en particulier nous les citoyens, à qui servirait le découragement de la diaspora congolaise à venir investir au pays ? Est-ce qu'il n'y a pas dans ce processus un mauvais perdant ou une méchante concurrence? Vouloir discréditer un processus qui est le premier de son genre en RDC, ça profite à qui? Les attaques contre Alfajiri, ce n'est pas parce que nous sommes ressortissants du milieu et avons amené une technologie supérieure que celle de nos concurrents? », s’est interrogé l’ancien élève du collège Alfajiri de Bukavu.
Pour rappel, trois sociétés ont été sélectionnées en janvier dernier par le gouvernement pour exploiter les blocs gaziers dans le lac Kivu, à l’Est du pays. Il s’agit
de Symbion Power & Red pour le bloc Makelele, Winds Exploration & Production LLC pour le bloc Idjwi ainsi que Alfajiri Energy Corporation pour le bloc Lwandjofu. Les deux premières sont américaines alors que Alfajiri est canadienne.
Bienfait Luganywa