Dans son discours prononcé le lundi 14 octobre 2024 lors de la 75ᵉ session du Comité Exécutif du Programme du Haut Commissaire des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR) qui se tient à Genève, le vice-premier ministre de l'Intérieur, Sécurité, Décentralisation et Affaires coutumières, Jacquemain Shabani, a mis en lumière la crise humanitaire alarmante en République Démocratique du Congo (RDC), où près de 6,4 millions de personnes sont actuellement déplacées, principalement dans l'est du pays.
Il a souligné la nécessité d'une action concertée de la communauté internationale pour répondre aux causes sous-jacentes de cette crise, qu'elles soient endogènes ou exogènes. Il a évoqué la prolifération des groupes armés, souvent soutenus par des puissances extérieures, qui exploitent les ressources naturelles du pays.
"Il est impérieux que la communauté internationale s’investisse pour endiguer, aux côtés de mon gouvernement, les causes endogènes et exogènes de cette crise, notamment la prolifération des groupes armés soutenus par des forces extérieures, poussées par des velléités de prédation des ressources naturelles et minières dont regorge mon pays. Ce déplacement s’accompagne parfois de drames irréversibles. Ainsi, chaque femme violée, chaque fille qui n’est pas scolarisée, chaque garçon sans nourriture et sans toit, est un appel à notre conscience collective", a-t-il déclaré.
Le vice-premier ministre de l'Intérieur a également insisté sur l'importance de soutenir le retour des réfugiés en mettant en place des activités de réintégration durables. La RDC, qui accueille actuellement 525.630 réfugiés, a plaidé pour une attention particulière aux défis auxquels ces personnes font face, tout en appelant à soutenir les communautés hôtes qui partagent leurs ressources limitées.
J. Shabani a mis en avant les engagements pris par la RDC lors du dernier Forum Mondial sur les Réfugiés en 2023, affirmant que le gouvernement s'efforce de les mettre en œuvre à travers une feuille de route élaborée.
Dans cette perspective, conformément aux engagements souscrits dans le cadre du Pacte mondial sur les réfugiés, il a exprimé la détermination de la RDC à accueillir ses ressortissants dans le cadre d'un retour volontaire, en respectant les conditions de sécurité et de dignité.
"C’est dans cette logique que les discussions enclenchées en particulier avec le Rwanda, en mai 2023, se sont poursuivies à travers la tenue de réunions techniques tripartites, en juin et novembre 2023, dont une autre aura lieu à Addis-Abeba, en Éthiopie, dans les prochains jours ou semaines", a-t-il fait savoir.
Concernant la question de l'apatridie, il a signalé que des avancées significatives ont été réalisées, avec l’adoption du Plan d’Action National de lutte contre ce fléau, l’adoption de 12 feuilles de route provinciales – sur 26 planifiées – pour l’éradication de l’apatridie, et l’adoption d’une feuille de route parlementaire sur la mise en œuvre des engagements de la RDC. D'ici la fin de l'année, il a indiqué que le gouvernement congolais prévoit d'adhérer aux conventions des Nations Unies de 1954 et 1961 relatives à l’apatridie, de lancer le processus de ratification du protocole à la Charte africaine sur les aspects spécifiques du droit à la nationalité et l’éradication de l’apatridie en Afrique, ainsi que de parachever la réforme de l’état civil.
Il convient de noter que 1.063.997 réfugiés congolais se trouvent principalement dans les pays limitrophes d'Afrique australe, tandis que le nombre de personnes nouvellement déplacées depuis le début de l'année 2024 approche le million et demi, a rappelé J. Shabani.
Merveil Molo