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Dans le monde entier, tout comme en République démocratique du Congo, 23%, soit 743 millions de travailleurs/employés sont exposés à la violence et au harcèlement au travail, selon l'Organisation internationale du travail (OIT). Pour combattre ces fléaux, la Conférence de cette organisation internationale a, lors de la célébration de son centenaire en juin 2019, adopté la Convention 190 sur la violence et le harcèlement au travail, mais aussi la Recommandation 206 qui l'accompagne.
Cette Convention est un instrument juridique ouvert à ratification par les États membres de l'OIT et crée des obligations juridiques pour un monde de travail paisible. Cependant, la République démocratique du Congo n'a pas encore ratifié cette Convention.
C'est dans ce cadre qu'une campagne de sensibilisation à la Convention 190 et à la Recommandation 206 a été lancée, ce mercredi 19 février 2025, à Kinshasa, capitale du Congo-Kinshasa, lors d'un forum sur le travail décent organisé par l'Agence belge de développement (Enabel) en collaboration avec le Réseau international pour le droit à la protection sociale (INSPIR).
Avec comme slogan : « pour un monde de travail paisible, je m'engage », cette campagne s'inscrit dans le cadre du projet Travail décent et protection sociale d’Enabel en RDC, mis en oeuvre sur 3 zones, à savoir Kinshasa, Haut-Katanga et Lualaba.
Le ministre de l'Emploi et travail, qui a été représenté à ce forum, a lancé un appel à tous les congolais à s'approprier la lutte contre la violence et le harcèlement au travail. Innocent Badada, représentant de l'autorité de tutelle à ces assises, a profité de l'occasion pour annoncer que la Convention et la Recommandation qui l'accompagne, ont été déjà déposées au Parlement pour l'autorisation de ratification.
« C'est une lutte commune à nous tous, parce que lorsqu'on regarde les statistiques à travers le monde, un travailleur sur cinq est victime de harcèlement ou bien de la violence sur son lieu de travail. Et je pense c'est une interpellation pour chaque congolais dans le monde de travail, de pouvoir s'approprier cette lutte. Elle est une lutte à nous tous. Il faudrait que chacun, partout où il est dans le monde de travail, puisse regarder autour de lui et s'assurer qu'il s'engage pour un monde de travail apaisé ou un monde de travail décent. Évidemment, le gouvernement de la République est à pied d'oeuvre parce que notre gouvernement fait partie des États qui se sont appropriés ces deux instruments, c'est-à-dire la Convention 190 et la Recommandation 206. Le ministre de l'Emploi et travail a déjà remis les instruments au niveau du Parlement, le Parlement est à pied d'oeuvre, dans les jours à venir, notre pays va pouvoir ratifier la Convention 190 et la Recommandation qui la complète », a-t-il laissé entendre.
Pour Enabel, le travail décent est parmi les priorités de la coopération entre la RD Congo et le Royaume de Belgique.
« Pour nous, le travail décent est très important, c'est parmi les priorités de notre coopération. Parce qu'on pense que l'épanouissement dans le travail contribue énormément au bien-être des personnes, mais aussi à la productivité. Dans le cadre du projet de travail décent et la protection sociale, nous travaillons sur 3 zones principalement. Donc, Kinshasa, il y a Haut-Katanga et Kolwezi, c'est où on travaille sur le travail décent, les 4 piliers et aussi la capitalisation. Il y a des actions qui sont menées depuis. Ici, c'est une campagne de sensibilisation qui est là pendant un mois sur tous les médias, mais au-delà de cela, on mène plein d'actions », a déclaré Lies Vanmullem, Cheffe de programme Enabel dans la province de Kinshasa.
Le chargé d'étude et planification du réseau INSPIR a, de son côté, affirmé que la Convention 190 est une Convention novatrice qui consacre le droit à toute personne à un monde de travail paisible.
« La Convention 190 est une Convention novatrice qui consacre le droit de toute personne à un monde de travail sans violence et harcèlement, y compris la violence et le harcèlement fondés sur le genre. Mais à chaque fois qu'on parle de la violence et du harcèlement dans le monde de travail, il s'agit d'un ensemble des comportements et pratiques inacceptables ou des menaces, des comportements qui peuvent malheureusement occasionner des dommages sous formes physique, psychologique et sexuelle. Et cela n'est pas simplement l'élément répétitif », a soutenu Trésor Nzali.
Lors de ce forum, un panel a été organisé sur le travail décent, la violence et le harcèlement au travail. Des experts du secteur et les participants ont échangé sur ces sujets en vue de développer des réflexions pouvant aider à garantir un travail paisible pour tous en République démocratique du Congo.
Prince Mayiro