La Cour militaire de Kinshasa/Gombe a tenu sa troisième audience, ce mercredi 16 avril 2025, dans l'affaire du meurtre du policier de circulation routière (PCR), Filston Kabeya Senda, dont sont accusés les gardes de la Première ministre, Judith Suminwa.
Au terme de cette audience, les juges militaires ont décidé de requérir une expertise médicale en vue d'une autopsie, question de savoir si Filston Kabeya Senda a été tué par tortures, comme l'allèguent le ministère public et les parties civiles. Selon le président de la Cour, c'est après les résultats de cette expertise médicale que la date de la prochaine audience sera fixée.
« Après avoir écouté les uns et les autres, la Cour prend une décision consistant à ordonner une expertise médicale. On va requérir un médecin légiste afin d'autopsie, parce que, comme vous l'avez senti, c'est très difficile. De part et d'autre, on a entendu des choses par rapport à l'instruction menée et la Cour ordonne une autopsie », a déclaré le président de la Cour militaire.
Mandats d'amender contre des policiers en cavale
Elle a par ailleurs demandé au greffier d'émettre les mandats d'amener contre deux autres gardes de la Première ministre qui ne sont pas venus comparaître à cette audience malgré les invitations de la justice leur adressées.
Deux renseignants ont été entendus au cours de cette audience du mercredi 16 avril. Il s'agit premièrement d'un policier qui assure la sécurité au super Marché Kin Mart, situé sur le boulevard du 30 juin, témoin de l'événement.
Rapportant les faits tels que vécus, il a confirmé avoir vu les gardes de la Première ministre torturer le roulage Filston Kabeya Senda, sous les ordres du chef de la sécurité, le major Olivier Kenza Dunia, avant de l'embarquer dans le pick-up de la Police.
Les gardes de la première ministre cloués
Ces allégations ont été corroborées par le deuxième renseignant, un autre roulage qui était en service au même poste que Filston Kabeya, avant que ce dernier ne soit arrêté et acheminé à une destination inconnue.
Interrogé à ce sujet, le major Dunia a nié les faits. Selon lui, Filston Kabeya et son coéquipier avaient barricadé la route, empêchant la Première ministre de passer. Il a aussi affirmé que pendant que le cortège de la cheffe du gouvernement passait, Filston Kabeya a crié, en haute et intelligible voix : « vous n'arrivez pas à terminer la guerre à l'Est ; vous nous embêtez ici avec les bruits de vos gyrophares ».
Rappelons que le roulage Filston Kabeya Senda et son coéquipier régulaient la circulation, la journée du 25 mars 2025, lorsqu'ils ont vu le cortège de la première ministre arriver. Après le passage du cortège, les gardes de la Première ministre, sous la conduite de leur chef, le major Dunia, sont revenus sur le lieu et ont arrêté Filston Kabeya Senda, sous prétexte qu'il aurait bloqué expressément la circulation et proféré des injures contre la Première ministre.
7 policiers à la barre
Il va être acheminé à une destination inconnue, avant de retrouver son corps sans vie à l'auditorat. Selon les gardes de la Première ministre, c'est là où il a été acheminé immédiatement après son arrestation.
Au total 7 membres de la garde de la première ministre sont jugés devant la Cour militaire dans le cadre de cette affaire. Il s'agit du commissaire supérieur adjoint Olivier Kanza, du commissaire supérieur adjoint Banga Ngajole, du sous-commissaire Michel Yalala, du sous-commissaire adjoint Mangela Mbendau, du
sous-commissaire Adjoint Libendele Kayindu, du brigadier en chef Sangwa Mulangi et de l'agent de police Theo Kabongo. Ils sont poursuivis pour homicide préterintentionnel et violation de consignes.
ODN