La Cour militaire de Kinshasa/Gombe a rendu son verdict dans la soirée de ce jeudi 6 novembre 2025, dans l’affaire relative aux mauvais traitements infligés à Honorine Porche, une citoyenne allemande d’origine congolaise, arrêtée lors du braquage de l’agence Rawbank à la place Victoire, à Kinshasa.
Cette affaire, devenue virale et qui avait profondément choqué l’opinion publique congolaise et internationale, a connu son dénouement judiciaire ce jeudi 6 novembre en soirée.
Sur les neuf militaires poursuivis, cinq ont été condamnés à des peines de servitude pénale allant de six mois à dix ans, tandis que quatre autres ont été acquittés, faute de preuves suffisantes.
Des acquittements prononcés pour quatre officiers
La Cour a prononcé l’acquittement du colonel Mumesa Kimpwene, du capitaine Kongawi, du sous-lieutenant Longongo Omari et du soldat de 2ᵉ classe Tiendela Kayembe Guy, estimant que leur implication directe dans le traitement subi par la victime n’était pas établie.
Les cinq autres militaires ont, en revanche, été jugés coupables de divers chefs d’accusation, notamment attentat à la pudeur, violation de consigne et non-dénonciation d’infraction :
Le capitaine Mwamba Bayibu, reconnu coupable d’avoir reçu et partagé les vidéos compromettantes de la victime, a écopé de six mois de servitude pénale..L’adjudant-chef Tshanganu a été condamné à 12 mois de servitude pénale, dont six mois assortis de sursis.
L’adjudant Kamenga Mukela, identifié comme l’auteur des vidéos de l’arrestation et de la diffusion des images de la victime, a été jugé coupable d’attentat à la pudeur et de violation de consigne. Il écope de la peine la plus lourde : dix ans de servitude pénale.
Le sergent Mbaki Ndombasi et le soldat de 2ᵉ classe Modaya Kembo ont été condamnés chacun à 12 mois de servitude pénale pour non dénonciation d’une infraction relevant de la compétence des juridictions militaires.
Une arrestation marquée par des violences inacceptables
Les faits remontent au 16 octobre, date du braquage de l’agence Rawbank de la place Victoire, au centre de Kinshasa. Honorine Porche, soupçonnée d’être l'actrice principale de cette opération, avait été arrêtée par des éléments des Forces armées de la RDC (FARDC) et de la Police nationale congolaise (PNC) dépêchés sur les lieux.
Au lieu d’être simplement interpellée et conduite dans les règles de procédure, elle avait été battue, partiellement dévêtue et humiliée publiquement avant d’être embarquée à bord d'un véhicule militaire. Les vidéos de cette scène d’une rare violence, largement relayées sur les réseaux sociaux, avaient provoqué une vague d’indignation en RDC comme à l’étranger.
Plusieurs organisations de défense des droits humains, ainsi que des autorités congolaises, avaient condamné avec fermeté ces agissements, y voyant une atteinte grave à la dignité humaine et aux valeurs de l’armée.
Un signal fort contre l’impunité
En prononçant ces condamnations, la Cour militaire de Kinshasa/Gombe envoie un message clair : les abus et traitements dégradants commis par des éléments des forces de sécurité ne resteront plus impunis.
Ce verdict marque une étape importante dans la lutte contre l’impunité au sein des services de défense et de sécurité, et rappelle la nécessité d’un comportement professionnel et respectueux des droits humains, même en situation d’arrestation.
ODN