Amélioration du climat des affaires. Les Britanniques fustigent la persistance des tracasseries administratives

Jeudi 13 novembre 2014 - 08:18

Le 29 octobre 2014, lorsque le rapport Doing Business de la Banque mondiale a été publié, les autorités congolaises se sont félicitées du fait que la Rd Congo venait d’être classée parmi les 10 meilleurs pays réformateurs au monde en matière du climat des affaires. Dans ce rapport, les officiels congolais ont fustigé le comportement de la Banque mondiale qui aurait changé la procédure en cours du jeu, en introduisant des changements dans sa méthodologie interne de classement général des pays. Comme conséquence, les réformes reconnues cette année n’ont pas malheureusement reflété le classement de la Rd Congo. Mais selon certaines chancelleries installées à Kinshasa, au rang desquelles se trouve celle de la Grande Bretagne, la Rd Congo a un grand défi à relever, celui de combattre les tracasseries administratives qui minent encore le fonctionnement des entreprises.
Ceci est le fruit d’un dîner-échange qu’a offert hier mardi M. Im Morris, Chargé d’Affaires a.i de l’Ambassade de Grande-Bretagne en Rd Congo à une brochette de journalistes. Le diplomate britannique s’était fait accompagner de Charlotte Duncan, Chef de mission adjoint DFID en Rd Congo. Appelé à introduire le débat, Tim Morris a donné l’objectif que s’est assigné son pays, celui de permettre à ce pays à se tenir debout, à se développer. Il a reconnu que son pays n’a pas de lien historique avec le Congo et cela lui permet de dire les choses telles qu’elles se passent.
DFID investit environ 200 millions de dollars Us par an
Appelée à s’exprimer sur les activités de sa structure en Rd Congo, Mme Charlotte Duncan, Chef de mission adjoint DFID en Rd Congo a indiqué qu’elle investit environ 200 millions de dollars Us par an pour la réforme des finances publiques, de la justice, de la police nationale congolaise, dans la lutte contre les violences sexuelles, la réforme dans le secteur de mines, etc.
Ici, les journalistes invités ont fustigé les réformes partielles, qui ne ciblent qu’une partie infime, sans oublier le manque de coordination entre bailleurs de fonds. D’autres ont fustigé des interventions stéréotypées. Ici, M. Tim a insisté sur la coordination entre bailleurs de fonds et la nécessité d’une volonté politique. Deux observations ont été faites par les mêmes journalistes, notamment le fait que tous les bailleurs de fonds sont coordonnés à partir du ministère de l’Intérieur. C’est lui qui élabore le budget et qui décide de ce qu’il faut faire. En ce qui concerne la volonté politique, celle-ci s’est déjà manifesté à travers la loi de programmation de la Police nationale congolaise. Cette loi attend tout simplement qu’elle soit alimentée par des fonds en provenance du budget. C’est cette allocation qui inévitablement permettra d’améliorer les conditions de vie des policiers.
Par rapport à l’observation selon laquelle il n’y a pas assez d’investissements britanniques en Rd Congo, Mme Charlotte Duncan a laissé entendre que c’est pour cela que DFID travaille en Rd Congo. Toutefois, elle a fait observer que DFID utilise les fonds du contribuable britannique et s’il y a des faiblesses de gouvernance, c’est difficile que ces fonds soient mobilisés ou dépensés. Raison pour laquelle les fonds de DFID sont essentiellement dirigés vers la Société civile, les Ong et le secteur privé.
Au-delà de ça, DFID travaille avec le ministère des Finances dans un programme de gestion des Finances publiques et il en est de même en ce qui concerne le secteur de la santé. Le problème est que DFID ne veut pas donner l’impression qu’il prend la place du Gouvernement. Il se contente de faire ce qu’il peut dans l’intérêt de la population congolaise. Dans le pipeline, un projet est déjà préparé par DFID, « la pépinière », pour améliorer les revenus des femmes, en leur donnant un financement.
50% des investissements japonais sont en Angleterre
Pour l’Ambassadeur Tim Morris, la Rd Congo a un grand défi, celui d’attirer les investissements. Et ce, même si elle figure parmi les 10 économies sur les 189 couvertes par Doing Business qui ont le plus amélioré leur environnement des affaires au cours de l’année. Et d’ajouter que ça va être difficile pour les Européens de venir faire les affaires en Rd Congo, dit-il, avant d’ajouter que car, si on commence par l’informel, on finira par les cours et tribunaux. Ce qui ne sera pas bon pour les investissements.
Il souligne en outre que les entreprises en Grande-Bretagne sont capables de gérer et de supporter tous les risques liés aux investissements. Mais ceux qui ne se décident pas jusque-là pour venir investir en Rd Congo savent que le climat des affaires est anti-investissements. Et ces investisseurs sont préoccupés par ces questions-là que par l’insécurité.
Dans le même contexte, il a informé à la presse que 50% des investissements japonais sont en Grande-Bretagne. Ceci, parce qu’il y a un consensus entre le Gouvernement, le Parlement et d’autres institutions. Car jusque-là, la Rd Congo souffre d’un manque d’appropriation des réformes par la population et par certaines autorités qui peinent à poser des actes pouvant améliorer l’image de la Rd Congo.
Il conseille que la Rd Congo, de même que ses autorités doivent être agressives en tant que Gouvernement, car il faut savoir que tous les pays du monde sont compétiteurs. Il a terminé par constater que la Rd Congo a des investissements. Mais à considérer avec ce qu’elle peut attirer, c’est rien.
Disons que pour le Gouvernement de la République, ce rapport Doing Business 2015 est une opportunité pour lui de confirmer sa volonté de poursuivre son programme de réformes. Pour ce faire, il est plus que jamais déterminé à offrir au secteur privé, en particulier aux petites et moyennes entreprises un environnement des affaires compétitif et en constance amélioration.
Jean-Marie Nkambua

 

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