Des policiers congolais dispersent ce mercredi matin à coups de gaz lacrymogène et des tirs de sommation une manifestation à Beni, au dernier jour du deuil national en mémoire d’au moins trente-six civils tués par des présumés rebelles ougandais des ADF dans cette ville de l'est de la République démocratique du Congo (RDC).
Des policiers et des militaires des Forces armées de la RDC (FARDC) ont chargé à 10H30 (08H30 GMT) des centaines de manifestants protestant sur la principale artère qui mène à la mairie de Beni contre l'inaction des autorités contre les violences touchant la région.
Les manifestants ont dans un premier temps entonné l’hymne national face aux policiers et aux éléments de la police militaire avant d’être dispersés d’abord par de gaz lacrymogène et des tirs de sommation. Les forces de l’ordre se sont déployées au Rond-Point Nyamwisi, au centre commercial de Matonge et au boulevard Nyamwisi où elles dégagent les barricades que les manifestants tentent à chaque fois de remettre.
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Selon plusieurs sources, des jeunes en provenance d’autres cités seraient en route pour participer aux manifestations de Beni. Certains notables craignent que des assaillants ne s’infiltrent parmi ces différents groupes des manifestants qui se ruent vers la ville de Beni.
Plusieurs habitants sont terrés chez eux, alors d’autres discutent en petits groupes près de leurs domiciles et loin de la manifestation. Dans certains quartiers, la population s’en prend à toute personne qu’elle juge suspecte. Hier déjà, une femme soupçonnée d’appartenir à la rébellion des ADF a été agressée avec des pierres. Elle a eu la vie sauve grâce à la police qui l’a dépêchée à l’hôpital où ses graves blessures sont soignées. Mercredi matin, un homme présumé rebelle ADF a été brûlé vif par la population.
Au moins trente-six personnes ont été tuées samedi 13 août au quartier Rwangoma, à Beni, dans une nouvelle attaque que les autorités congolaises ont attribué aux rebelles ougandais des ADF, quelques jours après la visite du président Kabila dans ce territoire. Le bilan de ce massacre s'élèverait à une cinquantaine de victimes, selon des sources de la société civile. Mardi, le Premier ministre congolais, Augustin Matata Ponyo qui conduisait une délégation gouvernementale à Beni, a été hué par la population en colère qui dénonce ce qu'elle considère comme l'inaction du gouvernement face aux tueries qui ont fait plus de mille victimes dans cette zone depuis 2014, selon la société civile.
Neuf partis de l’opposition au Nord-Kivu ont demandé mardi à Goma aux députés nationaux de déchoir le gouvernement Matata qu'ils jugent incapables de sécuriser les habitants de Beni.