Dialogue inclusif en RD Congo : Kodjo fait fausse route

Mardi 30 août 2016 - 10:56
Image

La diplomatie préventive de conflits en Afrique doit être vite activée

Ce qui était craint dans le chef d’Edem Kodjo, facilitateur désigné du dialogue politique inclusif par l’Union africaine, dans la mission ultrasecrète négociée entre ce dernier et le pouvoir en place en RDC, dans les stratagèmes politiques développées par le brain trust de ce pouvoir représenté par la structure informelle dite Majorité présidentielle, s’est réalisé : la composition des délégations au comité préparatoire du dialogue qui est truffé des personnalités que l’on fait passer pour des membres de l’opposition alors qu’il n’en est rien ; les matières portées à l’ordre du jour correspondant exactement au cahier des charges de la Majorité présidentielle avec, à la clé, l’obtention, par des voies détournées, d’un troisième mandat de Joseph Kabila à la tête du pays, au mépris de la Constitution ; la reconduction automatique des institutions ayant fonctionné sous l’autorité du président de la République sortant ainsi que leurs dirigeants pour une durée indéterminée ; arracher, à l’issue du dialogue d’Edem Kodjo, un compromis politique qui remettrait à flot les bourgmestres, chefs des secteurs, députés provinciaux, députés nationaux, sénateurs qui avaient desservi le peuple au lieu de le servir tout au long de leur mandat, etc… etc.

Comme on peut le constater, le dialogue politique inclusif tel que préparé par le facilitateur désigné Edem Kodjo vient de faire fausse route, notamment en créant des conditions favorables à l’éclatement d’un conflit généralisé que rien ne pourrait arrêter, avec toutes les conséquences que cela comporterait au sens du vécu !

L’Union africaine sans moyens…

En effet, l’actuel comité préparatoire conduira à un dialogue politique qui ne pourrait être inclusif que de nom parce que la véritable plateforme de l’Opposition n’y sera pas représentée.

A l’issue de ce dialogue non inclusif, des résolutions seront prises. Mais l’Opposition et une frange importante de citoyens qui se reconnaissent en elle ne se sentiront pas concernées par celles-ci. D’où le danger d’un conflit difficile à maitriser dans l’avenir proche. Car il y aurait, d’un côté, une partie du pays qui devra obéir à ces résolutions et, de l’autre, une qui n’y obéira pas !

Or, le conflit d’essence politique qui résulterait de ces résolutions qui n’engageraient qu’une partie de la population pourrait vite se transformer en un affrontement ouvert entre le pouvoir et les forces politiques et sociales acquises au changement !

On parlerait plus tard d’une guerre civile en RDC qui appellerait rapidement une médiation internationale afin de limiter les dégâts. Mais pourquoi en arriver là, si déjà aujourd’hui, on peut tout faire pour empêcher un éventuel affrontement ? Ou est passée la diplomatie préventive de conflits en Afrique, en Afrique centrale et dans la région de Grands lacs africains qui inclut la RDC ?

Ce qui se passe présentement à Kinshasa est connu de toutes les grandes puissances qui coopèrent avec le régime politique en place au pays. Mais laquelle de ces puissances s’avise de prévenir la Majorité présidentielle et Edem Kodjo au sujet de la fausse route que vient d’emprunter le comité préparatoire du dialogue en refusant de bien lire les signes du temps qui éclairent l’avenir ?

Nous y reviendrons en parlant, cette fois-là, de l’Union africaine qui prépare lentement mais sûrement une issue conflictuelle de ce forum sans disposer de moyens de sa propre diplomatie afin de faire face à toute éventualité. N’oublions pas qu’avant de venir en RDC, le facilitateur récusé a échoué au Burundi, pays aujourd’hui dans une situation indescriptible sur le plan social et sécuritaire.

Par Bamporiki Chamira